AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Erik35


DE LA BD, FORT ET DROIT !

Ainsi que son intitulé l'indique, ce volume de L'Épée d'Ardenois reprend les quatre volumes édités précédemment entre 2010 et 2015, c'est à dire :

Tome 1 : Garen
Tome 2 : La Prophétie
Tome 3 : Nymelle
Tome 4 : Nuhy

On y suit, avec délectation, les aventures du jeune apprenti chevalier Garen, lapin de son état (sic !) se retrouvant mêlé à des histoires de pouvoir, d'affrontement entre le bien et le mal, de prophétie plus ou moins fabriquée de toute pièce et en tout les cas très largement utilisée par des forces en place qui le dépassent largement.

Usant de l'anthropomorphisme pour nous enchanter, nous faire pénétrer dans les arcanes du pouvoir, les vrais et faux semblants, les grandes et basses manoeuvres entre gens qui savent et les naïfs, entre personnes partageant des intérêts identiques et individus qui se haïssent plus ou moins cordialement et ouvertement, nous présentant des visages de traîtres ou d'âmes débonnaires, des portraits de brutes innommables ou, au contraire, de fine gueules rusées et habiles, c'est un panorama presque complet de la foire aux vanités, comme n'aurait pas manqué de la nommer William Makepeace Thackeray, que le dessinateur et scénariste Etienne Willem nous présente dans ce petit chef d'oeuvre tour à tour enjoué, satyrique, légendaire, maléfique, prosaïque ou encore humoristique.

N'hésitant pas à puiser dans les grands classiques du genre, Etienne Willem nous en propose une vivante réinterprétation : on y retrouvera bien des éléments du "cycle breton" avec son hibou évoquant Merlin, une épée d'Ardenois immédiatement assimilable à la fameuse Excalibur, un ours débonnaire nommé Artus, un jeune écuyer, Garen, qui n'est pas sans évoquer Perceval, etc. On y croisera aussi des références appuyées à l'oeuvre de J.R.R. Tolkien et à son célèbre roman le Seigneur des Anneaux. de même, les amateurs du Trône de Fer de George R.R. Martin y reconnaîtrons nombre de clins d'oeil plus ou moins appuyés ainsi qu'une trame générale se déroulant sur fond d'enjeu de pouvoir. Même les passionnés d'histoire - celle des rapports entre l'ancien duché de Bretagne et le Royaume de France - pourront y retrouver des références.

Cependant, loin de se contenter de produire ici un simple ouvrage d'hommages en tous genres, Willem parvient à en soutirer l'essence pour en faire quelque chose de neuf, une histoire qui ne manque pas de souffle ni de rebondissements, de suspense et de moments de réflexion, jusqu'à l'acmé finale où l'on comprend - à l'instar de certains de ses protagonistes principaux - que ce qui semblait être n'est pas et n'a peut-être jamais été, que nous avons tous besoins de fables mais que ces dernières peuvent aussi être usées, utilisées à fin d'abuser ceux qui y croient ou veulent seulement y croire ; que les légendes sont en marches parfois bien plus vite et au-delà de ce qui pouvait être imaginer ; que les personnages des mythes sont tout à la fois aussi véridiques que presque totalement réinventés.

L'ensemble est servi par un dessin des plus efficaces où l'on oubliera assez vite, pour peu qu'on ne goûte guère le genre, que ce sont des animaux qui nous représentent, nous, humains ainsi que des dialogues hautement percutants, rapides, intelligent. de la belle Bande-Dessinée aisément et agréablement lisible mais tellement riche qu'on peut s'y remettre à plusieurs fois.
Commenter  J’apprécie          180



Ont apprécié cette critique (18)voir plus




{* *}