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Critique de le_Bison


Le (anti)héros du jour, sorti de la plume de Tennessee Williams, n'a pas de nom. Il est simplement un paumé du Sud (Sweet Alabama) venu dans le Nord à New-York pour survivre dans ce qui ressemble plus à un cagibi qu'à un véritable lieu de vie. Il est écrivain, et vous vous doutez que s'il est proche d'être sans domicile et s'il partage ses rencontres avec des paumés, c'est qu'il n'a pas encore percé dans le métier. Les lettres de refus d'éditeurs s'enchaînent. Il les conserve toutes, et s'en sert pour prendre des notes, pour faire ses écrits et mettre sur papier ses émotions, en plus de son Blue-Jay, carnet à spirale made in US.

Par certains côtés, il m'a fait immédiatement pensé au Bandini de John Fante.

J'y ai retrouvé cette même foi en son talent. Époque changeante, les épisodes de la vie de notre (anti)héros solitaire se font nettement plus trash qu'aux temps où Bandini arpentait les trottoirs poussiéreux de L.A. et fréquentait les piaules miteuses de motels sur Bunker Hill. Si Bandini adorait les femmes, lui est plus porté vers les hommes, et en particulier Lance, un patineur au destin tragique, bel éphèbe noir dont les ébats sexuels, même les plus crus, ne me seront pas épargnés. Parmi les autres paumés que fréquente notre écrivain, il y a cette « femme nommée Moïse ». A la fois muse et peintre déjantée ou disjonctée, elle marque sa marginalité dans l'exubérance de ses toiles et de son comportement social. Et malgré son comportement frôlant souvent l'hystérie, elle reste ce point de stabilité que notre écrivain a besoin pour survivre, malgré la présence de Charlie, le remplaçant de Lance, dans les frasques sexuelles de sa vie.

En plongeant un peu plus dans ma réflexion, je ne vois pas ce roman comme une simple caricature de quelques paumés de New-York dans une vie faite uniquement de sexe et de drogue. Il s'agit aussi de découvrir ce que la marginalité peut avoir dans le pouvoir créatif de l'Art. Il faut avoir vécu pour arriver à transposer ses émotions à travers une toile ou sur une page blanche. Mais à trente ans, certains ont plus vécu que d'autres, et cela se ressent immédiatement. Cela donne une force supplémentaire à leur témoignage et ce roman fut un grand choc pour moi. Non pas que les mots employés par l'auteur me trouble ou m'obsède (il y est souvent question de sodomisation et d'ondinisme par exemple), mais le regard de ces paumés sur la vie est tout à fait émouvante, presqu'attendrissante.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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