AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Soleney


Une lecture absorbante, mais décidément trop larmoyante…
Le jour de ses dix ans, la mère de Lilly vend sa fille unique à un cirque, déterminée à se débarrasser de cette monstrueuse progéniture. On est dans les années 30, et l'Amérique puritaine tolère mal ceux qui ont une apparence hors du commun.
Julia, quant à elle, vit dans les années 50 et subit de plein fouet la désillusion du rêve américain et les travers du capitalisme. Jusqu'au jour où une lettre lui parvient : sa mère vient de mourir, lui léguant Blackwood Manor, la propriété familiale (un immense élevage de chevaux) ainsi qu'un compte en banque bien fourni. L'occasion unique de découvrir enfin les secrets de cette femme acariâtre…

Commençons par ce qui fâche : en ce qui concerne Lilly, l'auteure fait dans la surenchère. Chaque rebondissement est une mauvaise nouvelle : l'héroïne est une victime haïe par ses parents, méprisée par ses employeurs, ne trouvant du réconfort qu'avec les animaux, animaux qui seront voués à souffrir d'être trop proches d'elle. Un peu plus de nuance m'aurait sans doute permis de m'attacher. C'était trop facile d'anticiper les événements : de toute façon, on sait que le pire adviendra.
J'ai préféré la timeline de Julia (malheureusement beaucoup moins présente), même si sa situation initiale me faisait craindre le pire. Exploitée par un patron peu scrupuleux et par un petit ami abusif, contrainte de voler des produits pour se nourrir et de se doucher dans les toilettes de son lieu de travail, sa condition s'améliore cependant à l'annonce de la mort de sa mère. Son fil rouge consiste à rassembler les indices pour comprendre l'histoire de sa famille et apprendre à gérer un domaine. Elle est jeune, inexpérimentée et impressionnable : un peu nunuche, mais attachante. Et elle évolue, heureusement.

Je reproche à ce roman :
- Son manichéisme : beaucoup (trop) de situations sont caricaturales, et les personnages n'ont que deux options : être de gentilles personnes ou être de terribles connard.sse.s. L'entre-deux est rare et se résume à quelques chiffes molles dont le silence protègent les fameux.se.s connard.sse.s ;
- Son manque de subtilité : on repère les love interests dès leur première apparition parce que ce sont de beaux et gentils jeunes hommes qui se démarquent comme le diamant dans le sable (ce qui a le don de me hérisser) ;
- D'être larmoyant jusque dans les détails .

J'ai cependant apprécié le cadre original dans lequel il prenait place. L'univers du cirque soulève énormément de questions sur la condition animale et humaine : c'est un monde impitoyable dans lequel il n'est pas acceptable d'avoir des émotions. L'auteure critique abondamment ceux qui dirigent ce genre de compagnie (on est à la limite de l'esclavagisme : martyriser et exploiter son équipe de travail sous prétexte qu'ils ont de la chance d'avoir un toit et trois repas par jour est la norme, et les animaux ne sont que des possessions). Lilly, pleine d'empathie, est capable de ressentir les émotions des bêtes et sait très bien que leurs besoins sont les mêmes que les nôtres. Pour moi, elles sont humanisées avec justesse.
Avec Julia, on plonge dans un discours anti-rêve américain (cf. sa situation initiale) et antispéciste (quand elle devient gérante du haras de ses parents) qui m'a touchée. Même si, encore une fois, cela faisait apparaître beaucoup de manichéisme...
Malgré toutes mes récriminations, j'ai été absorbée par ce roman. le rythme des rebondissements est bien maîtrisé, et c'est presque malgré moi que je suis arrivée au bout de cette histoire.

Des forces et des faiblesses, donc. Je me suis laissée convaincre par l'excellente moyenne et les critiques laudatives laissées sur Babelio, mais je ne comprends pas ce succès. Je serais ravie qu'on m'explique.
Après, c'est à vous de vous faire votre avis !
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}