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Critique de LoupAlunettes


Les carottes étaient cuites!
La situation paraissait plus critique que Mentine aurait pu l'imaginer.
Les grandes vacances dans le Larzac allaient être mortelles.
Sans internet ni portable qui capte, sans les copines.
Ses parents avaient probablement bien fait mijoté l'idée pour que la soupe serve une bonne fois pour toute de leçon, le couvert était servi pour la punie.
Mentine commençait à douter un peu de sa stratégie de fausse élève rebelle pour séduire le beau Théo. Son plan  "opération Anti-1ère de la classe" et sa captivante insolence lui ont offert la popularité, d'être entourée de Verveine, Johanna et Lola. Mais ses notes en chute libre l'avaient en revanche propulsé direct au "mitard", chez Raoul, un ami de sa grand-mère.
Qu'y avait-il à faire pour une surdouée de 13 ans 1/2 dans ce "trou du cul" du monde? Pendant que le bourru faisait sa sieste, le terrain était miné, une armada d'oies cacardant et pinçantes montait la garde. Pas moyen de bronzer un peu sur un transat près de cette bergerie et faire le point sur ce qui pouvait arriver de pire sur le restant de ces vacances.  
Le vieux Raoul consommait tranquillement la vengeance mise en place par le duo de parents en pétard, c'était certain, regardant l'adolescente battre en retraite dans la chambre qu'il lui avait affectée. La fleurie. Les carottes étaient cuites et Mentine tout autant. Rouge tomate même, des pieds à la tête.
Malgré tout, le vieux forçait le respect. Un adversaire de caractère à la mesure. Mais hors de question de le lui montrer. En attendant, Mentine allait correspondre par lettres avec ses amies mais attention Larzac, tu n'as pas fini d'entendre parler de Mentine. Ça non!
Elle te survivra, Campagne. Enfin, quand elle se sera remise entre les draps de ses insolations. En attendant, elle va compter les moutons.
 : "Mentine" est une série amusante. La gouaille du personnage de Jo Witek y est pour beaucoup. On navigue entre caricature assumée- pour mieux la démonter- et une justesse de ton réaliste qui dynamisent cette rencontre choc des cultures, la petite parisienne de 13 ans et 1/2 et ce nouvel entourage du fin fond du Larzac.
Les deux groupes, campés chacun sur ses à priori, fiers et jouant de clichés, vont apprendre à s'apprécier juste pour ce qu'ils sont et passer un bel été, après des échanges rudes et parfois piquants. La "punition" est elle-même un cliché jusqu'à ce que Mentine réalise qu'il y a bien évidement pire qu'une vie sans réseau ni internet. Son séjour va l'amener vers des considérations plus sincères et plus simples d'ailleurs. Exit les classements de meilleures copines, Mentine appréciera enfin le naturel de Johanna qu'elle considérait trop ridicule dans sa sobriété, trop gentille, trop "nulle". Elle va aimer correspondre avec elle, partageant des confidences et une authenticité à présent familière. le bel Eric, stagiaire fermier de 17 ans et Raoul le vieux berger en auront à lui apprendre sur les charmes de la campagne, sur la profondeur des gens du Larzac et  Mentine, de son côté, n'arrêtera pas de surprendre Raoul, épaté par sa pugnacité de gamine précoce et prétentieuse, réjouit par sa nouvelle volonté à s'adapter bon gré malgré. Cette gamine, bien que le qualificatif tendait encore à la mettre en rogne, avait du cran.
La précocité de Mentine est un autre point important de l'histoire et en fait un caractère intéressant qui justifie son rapport difficile avec l'autorité. Au delà du rapport effervescent et parfois subversif adolescent, c'est surtout la volonté de Mentine à tenter d'être considérée comme les autres qui la poussera à masquer son potentiel, à jouer un rôle, de peur d'être mise sur le banc des ringards de son collège. Elle se met à dos de fait les adultes qui veulent la remettre sur le droit chemin ou comprendre ses états d'âme du moment qui mettent en péril ses notes et multiplient ses écarts de langage. Sa retraite dans le Larzac est salvatrice, sa nouvelle amitié avec des gens qui se moquent finalement qu'elle soit une surdouée lui est bénéfique. Elle est aimée pour ce qu'elle est et finit par aimer les autres pour ce qu"ils sont.
Nature, travail fermier, amitiés, plein soleil, veillée sous la tonnelle et beau garçon droit dans ses bottes sont au programme. L'humour et le brin de romantisme coincé entre les dents aussi d'ailleurs. Cela devrait plaire. Mentine est adorablement agaçante.
Et il y a une suite
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