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Critique de LoupAlunettes


« Les arbres du Sud portent un étrange fruit,
Du sang sur les feuilles et du sang aux racines,
Un corps noir qui se balance dans la brise du Sud,
Étrange fruit suspendu aux peupliers... »

1940. A travers les ondes de la radio, la voix éraillée de Billie pousse doucement sa plainte, posée sur le velours de son Blues.
La chanteuse Billie Holiday conte, de nouveau, son étrange histoire. La chaleur de ses notes fait fuir aussitôt les corbeaux de son histoire et le piano joue.

Cette histoire est aussi vraie que le soleil se lève et qu'il se couche chaque jour avec son lot de passions.
Une histoire de petits et grands bonheurs, une histoire qui parle de familles, d'amours mais aussi de haine, hélas.

Miss Holiday a un jour donnez rendez-vous au héros de son histoire.
James.
Devant un café, ils ont évoqué sa chanson, reparlé de son histoire comme de bons vieux amis qui se retrouvent. Ce n'est pas le bon vieux temps qui met du Blues dans la voix de Billie.
Cette histoire vieille de 10 ans est marquée par la folie des hommes, blancs, noirs...
La haine à un jour pourri les racines des arbres de la ville de Marion, et les jours suivants aussi.
Elle a offert des fruits très amers, dont les graines de la violence avaient déjà semé leur funèbre floraison.
La chanson de Billie souffle dans les oreilles de chacun afin que l'on n'oublie pas l'histoire de James Cameron dans l'Indiana.

: « L'arbre aux fruits amers » de Isabelle Wlodarczyk est une étrange surprise.
Si la couverture interpelle au premier abord pour son contraste entre illustration très colorée et arrière plan surprenant, le lecteur peut s'entendre rapidement pensé que finalement il a probablement fait le tour de la question du racisme de l'Amérique sudiste. Même si le sujet est aussi inépuisable que les récits de la Seconde Mondiale, force est de constater que pour ce dernier thème, de nombreuses lectures arrivent de façon multiples et efficace à nous surprendre et pas nécessairement dans le pathos et la violence. On peut se préserver de sujets durs et graves mais penser en avoir fait le tour c'est en effet comme de se dire que nous percevons déjà l'ensemble de l'illustration et qu'il est inutile d'assembler les dernières pièces du puzzle. C'est accepter pour son propre bien de faire taire des voix. Libre et légitime. Néanmoins, et c'est en ce sens que nous revenons sur ce récit touchant et véridique, parlant de liberté, de justice relative, d'amour, de violence et enfin de familles, nous avons entendu cette voix portée par l'auteure, ce témoignage dont elle a su rendre lisible et humaines, si proche de soi, les nombreuses problématiques propre à la région du Sud. « L'arbre des fruits amers » est l'histoire de plusieurs personnages, articulée autour du procès de James, accusé de crimes. L'auteure rend hommage à ces voix qui sont là pour que les erreurs du passé ne se reproduisent plus, afin de démontrer que aussi noble et respectable soit-il, l'homme est capable du meilleur comme du pire.
Blancs et noirs ne sont pas épargnés, autant touchés par la grâce que le malheur. le shérif qui nous apparaît clairement comme un homme juste et généreux, a pourtant sa manière bien personnelle de régler ses conflits son fils et de dispenser son éducation.
Le fils apparaît comme une canaille, un gosse influence, fragile et écorché qui trouve son exutoire dans la secte du moment à chapeau blanc. James reçoit le soutien de ce shérif qui le trouve brave et voit en lui le fils qu'il n'a pas sur élever correctement.
James, pauvre, bien éduqué, succombe à la tentation de l'argent facile et finalement, c'est le drame.
Les foules s'amassent et réclame justice, une jeune fille blanche a été blessée.
Pourtant, le récit nous démontre que les apparences sont trompeuses et en peu de pages, le récit se transforme en thriller prenant. Nous pouvons juste constater qu'il est difficile de stopper une foule en colère, qui par une toute puissance de masse, se place au dessus de la justice qu'elle respecte d'ordinaire. Cette histoire vraie nous parle de racisme évidement, mais aussi du caractère de la justice, existe-il plusieurs justices ?
Le Blues tinte dans les coeurs, d'un timbre qui évoque la peine, la douleur, les regrets, et vibre amèrement d'un amour familial universel, avec le personnage de la femme du Shérif, la mère de James entre autres.
Un récit fort, sensible, d'une orientation narrative intéressante et intelligente.
A découvrir.
A réserver à un public ado averti.
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