[L'amour]. Ce n'est pas seulement la pulsion de s'insinuer sous la peau de quelqu'un et de se fondre dans les rivières de son sang; c'est désirer quitter la surface de la planète, nos corps roulant l'un contre l'autre dans les cieux frais et spacieux.
A l'époque je tombais facilement amoureux: les mouvements d'un bras, la ligne pure d'une veine sur le cou, la courbure de la mâchoire sous une faible lumière, les contours d'un corps sous les vêtements, la lumière claire des yeux lorsque les visages se touchent presque.
On s'est assis sur une poutre, l'eau qui courait sous nos pieds nous donnant l'impression de nous déplacer à toute vitesse dans un monde qui mourait en silence.
Je veux dire y a tellement de choses à faire ne serait-ce qu'aux Etats-Unis que ça me donne le tournis de penser à tout ce que je loupe en restant assise ici.
Mes yeux ont toujours fait la publicité d'une mort précoce.
J'en ai tellement marre de me sentir las et étranger, même mes rêves me semblent idiots. Ils appartiennent à un autre monde, un autre siècle, peut-être à un autre sexe qui correspond à toutes ces saloperies et à leurs codes. Je ne sais pas.