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Critique de KateMoore


Lu dans le cadre du Club de lecture de février 2018 à la librairie L'Attrape-Mots.

L'histoire se passe à New-York, dans un quartier de Brooklyn : Bushwick, dans les années 70. Ce quartier, aujourd'hui très branché, temple du Street Art, était, à l'époque (jusque dans les années 90), le plus dangereux de la ville. Il était le repère de trafiquants de drogue, de la prostitution, des règlements de compte... Les "blancs" quittaient le quartier par vagues.
L'héroïne, August, venant de son Tennessee natal, y a habité pendant son adolescence avec son père et son frère. Elle y revient, vingt ans après, pour y enterrer son père. Lui reviennent alors des images de cette époque où adolescente, elle avait tout à découvrir.
Avec Sylvia, Angela et Gigi, elles formaient un quartet de filles avides d'expériences. A quatre, elles se sentaient toutes puissantes pour affronter les premières fois de l'adolescence, liées par une amitié sans faille. Et pourtant, le passage à l'âge adulte ne se fera pas sans douleurs. Dans un quartier où le danger est partout et où elles ne peuvent faire confiance à personne. Elles seront unies dans leurs malheurs, leurs angoisses mais aussi dans leur espoir d'une vie meilleure.
L'auteur évoque, aussi, la lutte des afro-américains pour l'égalité des droits à travers les personnages du père et du fils. Ils épousent les idées politico-religieuses de la Nation de l'Islam, dont une personne clé n'est autre que Malcom X. Martin Luther King est mort assassiné le 4 avril 1968. Alors que Rosa Parks, à Montgomery, en Alabama, le 1er décembre 1955, refuse de se lever pour céder sa place à un blanc dans un bus. Malgré toutes ces luttes et bien d'autres, rien n'a vraiment beaucoup changé pour les Noirs d'Amérique en 1970. Jacqueline Woodson nous le fait bien sentir dans sa prose.
La narration de ce livre est particulière. Elle fait penser à des Haïkus (poèmes classiques japonais faits de 17 syllabes réparties en 3 vers). D'ailleurs, l'épigraphe du roman est un haïku de Richard Wright tiré de son livre "un autre monde" :
"Descends jusqu'en bas
Tourne à droite et tu verras
Un pêcher en fleur."
Jacqueline Woodson, l'auteur, a vécu, elle-même, dans le quartier de Bushwick. Elle n'a pas voulu s'inspirer de sa propre histoire mais s'en est imprégnée pour créer ces quatre adolescentes. "Un écrivain écrit pour exister. Comme je voulais transposer sur une page le souvenir du Bushwick de mon enfance, j'ai inventé quatre filles fascinantes qui m'étaient étrangères, m'éloignant de ma propre enfance. Puis je les ai enracinées dans un quartier qui m'était aussi familier que l'air que je respire." (page 165).
Jacqueline Woodson a, principalement, écrit pour la jeunesse. "Un autre Brooklyn" est son premier roman pour adultes. Elle a été finaliste du prestigieux prix américain le National Book Award en 2016. Elle avoue être très influencée par l'auteur américain James Baldwin, entre autre.
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