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Critique de Albina


La première partie « « réminiscence » est un peu ennuyeuse parce que psychologisante, et comme on ne connait pas les personnes et que cela ne s'adresse pas au lecteur, mais à un proche, on a du mal, malgré tout, à se faire une idée.
La deuxième « une esquisse du passé » nous restitue des scènes qui ont marqué la vie de Virginia. Des scènes qui souvent sont restées imprimées dans son esprit, le reste elle le qualifie de non-être : cet état brumeux, poisseux, où la réalité vous colle, et où l'on fait les choses sans y penser, un peu par automatisme.
À travers ces scènes, on perçoit la société de l'époque victorienne avec sa rigidité, les privilèges dont elle a joui (le luxe, la maison, le jardin, les livres, la culture) ; mais aussi on comprend que ces privilèges avaient un prix et qu'il fallait s'abimer dans l'art de la représentation en fréquentant des salons (à la Proust) qui pouvaient vous faire bailler d'ennuis, car, à part le fait de se montrer et danser, la femme était considérée comme une potiche. Et l'homme gardait toujours le beau rôle. Sans compter la tyrannie des mâles qui se servaient de leur soeur comme faire valoir et de l'égotisme d'un père avare et colérique.

Pas besoin de beaucoup de mots pour nous permettre de toucher du doigt son traumatisme : la disparition de sa mère et de sa soeur Stella qu'elle tente de nous restituer en nous faisant partager par des moments d'intimité l'admiration et le culte qu'elle leur voue.

Mais ce qui actuellement donnerait lieu à des pages et des pages, le viol et l'inceste par son demi-frère et son oncle, ne fait que quelques dizaines de lignes. Ni étalage ni voyeurisme. Et mieux qu'une A. Ernaux ou une C. Angot, cela suffit à nous faire comprendre l'horreur de ce patriarcat, la répugnance instinctive qu'il inspire. Que cette hypersensibilité de Virginia cette volonté ou cette faculté de se distancier et de s'affranchir du réel n'est pas le fruit du hasard, mais d'une souffrance indicible qui d'ailleurs la poursuivra toute sa vie et ne se résoudra que par la mort.
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