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Critique de larmordbm


Le journal d'un écrivain a été composé par Leonard Woolf à partir des 26 volumes du Journal que Virginia Woolf a tenus de 1915 à 1941. Il en a extrait les différents passages qui ont trait au métier d'écrivain, ceux dans lesquels elle analyse les ressorts de son écriture, ceux qui relatent des scènes dont elle s'est inspiré, et enfin les nombreux écrits qui portent sur les livres qu'elle lit, qu'elle a lus et qu'elle critique.
Que nous apprend ce Journal ? Tout d'abord que Virginia était une travailleuse infatigable, qu'elle passait ses nuits et ses jours à écrire, réécrire, peaufiner, retravailler, relire et corriger ses oeuvres. Elle évoque, pour l'une d'entre elles, une vingtaine de versions. Elle enchaîne les livres, les uns après les autres, variant les genres, alternant les romans, les nouvelles, les biographies, les critiques. Elle écrit des livres pour se reposer d'autres livres.
Elle démontre une exigence hors du commun, souvent insatisfaite de ses travaux, peu confiante en elle et très ambivalente quant aux critiques de la presse, de son mari et de ses amis. Elle consacre beaucoup de temps à la réception de ces critiques qu'elle redoute, ce qu'elle dénie. Au fil du Journal, nous sentons qu'elle acquiert plus de détachement et plus d'autonomie.
Virginia confie à son Journal ses doutes, ses questionnements, ses recherches sur la forme et son besoin vital d'écrire. Cette activité, qui la structure, lui semble être la seule à même de la sortir de la dépression. Et pourtant après chaque livre elle replonge plus profondément dans la maladie.
Elle mène une inlassable quête d'absolu, une recherche de la vraie vie, de la vérité ou de la "réalité", ce sont les termes qu'elle emploie. Elle sait sa démarche expérimentale et utilise son Journal pour formaliser ses travaux, conceptualiser et conduire une réflexion abstraite. Elle révolutionne la littérature mais ne sait pas toujours expliquer ce qu'elle fait, submergée par des intuitions de génie.
Quand elle n'écrit pas, elle lit inlassablement et fréquente d'autres écrivains, dont la proximité l'enrichit.
Et par moments, Virginia est plus terre à terre. Elle est touchante quand elle nous parle de ses promenades, des achats de lingerie, ou quand elle évoque sa gestion et ses soucis financiers, et la nécessité de rédiger des critiques ou des nouvelles lucratives.
Dans la dernière partie, elle consacre de nombreuses pages à la guerre dont les bombes l'ont obligé à se réfugier à la campagne. le Journal s'achève quatre jours avant sa mort dans les eaux de la rivière Ouse.
Au final, un ouvrage passionnant quand on veut pénétrer l'intériorité d'un écrivain.


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