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Critique de simoncailloux


Je remercie Babelio et les éditions Flammarion, J'ai Lu pour ce livre dont j'ai été bénéficiaire lors de la dernière opération masse critique.

Le début du livre est de bon augure. Cette édition de poche glisse des caractères de bonne taille, l'interligne est généreux, les chapitres sont titrés, l'éditeur a eu la bonne idée de schématiser le tronçon du GR 4 parcouru avec des points d'étapes illustrés, le tout ne peut que rencontrer mon approbation.

Charles Wright a 37 ans. Il nous dit que son année au noviciat l'a mis face à son inaptitude à épouser une forme de vie, à se décider sur une orientation à prendre. Parcourir à pied 700 km d'Angoulême à l'abbaye Notre Dame des Neiges où a vécu, une petite année, Charles de Foucauld devrait donner selon lui une réponse à sa désorientation. Ce sera une marche éprouvante, dans une partie de France dépourvue de population, à perte de vues des pâtures, des bois, des crêtes, des volcans, une France sauvage. Sur ce projet, une grosse difficulté qui s'ajoute aux autres, voyager avec un compagnon qu'il n'a pas choisi. Pendant quatre semaines, ils devront se supporter et tâcher d'avancer ensemble, dans une promiscuité de chaque instant et des conditions de vie qui mettra les nerfs à rudes épreuves.

Voilà, Charles en route avec Benoit Parsac, quarante ans. Ils mendieront la nourriture au bout de journées de trente kilomètres de marche. En effet, il était décidé qu'ils voyageront sans un sou en poche. Pas de smartphone, pas de tente, juste une carte IGN. le dimanche sera, journée de repos, ponctué par une eucharistie.

Le narrateur est Charles qui aura pris des notes pour témoigner de faits survenus lors de ce pèlerinage. Il ne cachera pas les difficultés rencontrées avec son compagnon de route. Il nous apprendra que les campagnards sont plus généreux que les citadins, qu'il ne faut pas être chrétien pour être généreux.

Les parties du récit sur lesquelles, moi lecteur, je me suis le plus accordé, ce sont, les couples, les solitaires, les cabossés qui ont offert le gîte et le couvert, qui ont vidés leur sac, c'est-à-dire qu'ils se sont timidement livrés sur leurs difficultés de vie. A cela Charles précise : « Parsac et moi nous avons été les réceptacles de ces coeurs qui s'épanchent, d'écouter sans juger, et s'il faut absolument dire quelque chose, de les assurer que nous sommes frères dans le malheur. Ce sera une amitié d'un jour. Nous poursuivrons notre route, eux la leur ».

Une femme de quatre-vingt -douze ans nous donne à boire. Elle nous dit : « Mes petits, quand je repense à ma vie, ce qui m'a rendu heureuse, c'est les gens à qui j'ai rendu service …. Charles pense alors à une parole de Jean de la Croix : « Au soir de notre vie, on sera jugé sur l'amour. »

Lors d'une rencontre Charles souligne : Une fois de plus, je reçois une leçon d'humanité de la part de deux incroyants. Certains doctrinaires crachent des anathèmes et cherchent à tout prix à amener les autres à la vérité dont ils se croient dépositaires. Mais le christianisme n'est pas une opinion, une idée à laquelle on tient. le chrétien doit manifester de l'accueil, une relation aimante. Dominique et Marie ne sont pas chrétiens mais ils nous manifestent une hospitalité. le Christ nous enseigne dans l'Evangile : « J'ai eu faim et vous m'avez donné à manger. J'ai eu soif et vous m'avez donné à boire. »

Charles met en toile de fond de la marche ce qu'ont dit et réalisés Rimbaud et Charles de Foucauld sur lesquels, il est très documenté.

Il est également très documenté sur les vaches limousines, de salers, les Aubrac et que sais-je encore. Il a sur elles un regard bien veillant, un échange confiant qui se manifeste par une caresse, qui lui vaut en retour un coup de langue râpeuse.

Lors d'un repas où nous sommes accueillis, Bertrand nous dit : « L'Eglise se défait à vue d'oeil. Pendant des siècles, ce coin de terre était quadrillé par près de trois cents paroisses. Il n'y en a plus que six. du christianisme, il ne reste que des lambeaux : le culte des morts, les enterrements, la Toussaint, les Rameaux … ; quelques femmes fidèles, souvent âgées maintiennent la lampe allumée de l'église de village ; elles veillent quand tout s'éteint. Qui ouvrira l'église à leur mort ?

Plus loin, dans le texte, quelques lignes que je partage entièrement. « … la souffrance n'a pas de sens, et ne sert qu'à envenimer les existences. Elle est contre nature. Nous sommes faits pour le bonheur. L'Evangile, qui orchestre le passage des larmes du Vendredi saint à la joie du dimanche de Pâques, de l'humilité du Golgotha au Glorifié de la Résurrection, ne dit pas autre chose.

J'ai résisté à faire un saut, en cours de lecture, sur le dernier chapitre ou l'épilogue, me demandant que va apporter à Charles ces 700 kilomètres de marche, parfois et même souvent de tortures ?

La réponse s'offre à vous futurs lecteurs !

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