Immergés dans le monde « jusqu'au cou », les chrétiens auraient tort de grossir les rangs de ceux qui se lamentent sur ses évolutions, qui le condamnent pour mieux s'auto-justifier ou qui font planer la menace de l'apocalypse.
Non, dans ce contexte et pour le bénéfice de tous, ils ont pour rôle de révéler à l'homme ce à quoi il est appelé en profondeur : recevoir et donner la vie en abondance. La vérité du chrétien ne tient pas dans sa doctrine, sa morale ni même son témoignage mais dans Celui qu'il annonce, le Christ. Une telle affirmation peut paraître à beaucoup dans notre société inaccessible ou ne les concernant pas. C'est cette ignorance du Christ-source-de-vie par les hommes qui donne leur « utilité » aux chrétiens. Ils ont à aider leurs contemporains à faire un chemin vers lui, pour que tous ils aient la vie en plénitude. Quels que soient leur catégorie sociologique, leur âge, leur situation de vie, les chrétiens sont à la fois disciples et missionnaires, simultanément à l'école de leur Maître et ami le Christ, et envoyés par lui pour le faire connaître. C'est cette double réalité qui fonde l'évangélisation. Elle se déploie dans trois registres : un humanisme, une vision de l'homme et une perspective de vie éternelle. Autrement dit, elle s'articule entre un agir, une anthropologie et une espérance : un agir au service des hommes et particulièrement les plus fragiles, une anthropologie qui reconnaît que l'humanité est faite de réalités naturelle et surnaturelle profondément unifiées, et une espérance dans la résurrection de la chair.