AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de deidamie


« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, on voyage dans le temps et l'espace avec le dernier titre de Mari Yamazaki, Olympia Kyklos. J'ai vu la couv' en vitrine, j'ai éclaté de rire, et je suis entrée l'acheter aussitôt.

-Ben qu'est-ce qu'elle a, cette couv' ? Ah oui ! Il y a un pénis dessus ! Hahahaha !

-Mais non, bête. Regarde le texte !

-Ben quoi ? c'est du grec.

-Non, c'est du faux grec ! C'est du français écrit en caractères grecs. Je mets en spoil pour ceux qui souhaitent découvrir la blague par eux-mêmes. Voilà, il n'en fallait pas plus pour me faire acheter le bouquin, des coeurs à la place des mirettes.

Or donc Démétrios coule des jours paisibles dans son IVe siècle avant notre ère. Hélas, le chef de la cité voisine menace son village ! Il est convenu que les deux cités s'affronteront lors d'une épreuve sportive. Notre jeune et sculptural héros est bien déprimé : il voue une sainte horreur à la compèt' ! Il s'isole dans une jarre pour se morfondre à son aise. La foudre frappe le récipient et le voilà projeté aux JO de Tokyo en 1964 !

-Pffffff… quel ramassis de n'importe quoi, Déidamie ! La foudre, le voyage dans une autre civilisation et une autre époque ? Complètement inepte ! En plus, l'autrice a déjà utilisé ces grossières ficelles avec Thermae Romae ! Et, en plus de plus, je trouve que ça devient un motif un chouïa récurrent dans la production de manga ! le cuisinier qui remonte le temps*, le médecin qui remonte le temps**… c'est quoi le prochain ? le percepteur d'impôts ? Ah non, ça ne fait pas rêver, ça…

-Bah tu peux dire ce que tu veux, ça reste un postulat de départ intéressant, je regrette, d'autant plus intéressant que là, c'est l'ancien qui voyage vers le moderne et non l'inverse.

-Et c'est quoi, cet anachronisme, là ? Démétrios est traité d'herbivore par ses contemporains, ça n'a aucun sens ! Les herbivores, c'est un concept japonais pour désigner les hommes qui se désintéressent du mariage et/ou des relations sexuelles. Qu'est-ce que ce mot fiche en Grèce antique ? Et sans aucune note pour l'expliquer ?

-Aaah, oui, dommage, une note aurait été la bienvenue, tu as raison… je vois mal les Grecs de l'Antiquité se traiter d'herbivores, en effet…

-Et pourquoi il n'y a pas de pénis alors que Démétrios passe son temps à se désaper ?

-Euuuh…

-Mais regarde ça ! Il pratique son sport à l'ancienne, donc nu… mais sans bite ni couilles ! Comment il fait ? Il laisse le tout au vestiaire ? Personne m'avait prévenue que c'était amovible, on me dit jamais rien à moi.

-Méchante Déidamie, il faut préserver la pudeur, le bon goût et… euuuh…

-Ben ça mm'énerve, mmoi, cette pudeur mal placée ! Ca ne me choquerait pas que les organes soient représentés : c'est comme ça qu'ils faisaient et puis c'est tout ! Un peu comme les femmes du village de Kirikou, elles sont torse nu, et ce n'est pas sexuel ! C'est vraiment dommage d'avoir raté l'occasion de représenter le corps sans drame ! Et si tu veux préserver la pudeur, comme tu dis, pourquoi tu mets un pénis en couverture, hein ?

-Quoi ?! Mais non ! Ah si…

-Ben pendant que toi, tu t'amusais à lire le faux grec, tu penses bien que j'observais ce qui était vraiment intéressant… bref, c'est pas bien cohérent, c'te histoire ! Je m'insurge !

-Mais… mais elle sort des pancartes avec des obscénités dessus, là ?!

-Polis partout, pénis nulle part ! Tous ensemble, tous ensemble, ouais, ouais !

-Et sinon, je peux parler ce qui est chouette, dans ce manga ?

-LA CENSURE - J'EN VEUX PAS !

-OK, on ne va pas y arriver comme ça… Oh, regarde, Méchante Déidamie ! Là-bas ! Un vendeur de saucisses !

-Ah, bonne idée !

-Pffff, la vache ! J'ai bien cru que je n'y arriverais pas. Bon, je vais aller vite, le temps qu'elle mange sa saucisse…

Alors, malgré ses incohérences anatomiques, ce manga reste un livre fort divertissant ! Peu adepte du sport, j'ai toutefois apprécié de voir les regards de l'autrice et de Démétrios sur les pratiques sportives. L'autrice, aussi, oui. le manga est doté d'un épilogue de Mari Yamazaki dans lequel elle donne des informations sur sa propre expérience du sport (pas terrible) et sur un des personnages qu'elle met en scène. J'ai apprécié qu'elle partage certains faits, ils éclairent son manga d'une manière différente. Je n'en dis pas davantage pour ne pas divulgâcher !

Ah ? Elle en prend une deuxième, parfait ! Je vais pouvoir finir.

En dernier lieu, mon petit coeur fond toujours devant le personnage antique admirant les progrès technologiques. Nous disposons d'un confort et de facilités dont les Anciens ne pouvaient même pas rêver. Un simple crayon devient un objet d'émerveillement. J'aime que le manga me rappelle à quel point je ne vis pas trop mal. J'avoue que j'y trouve du réconfort : pendant quelques pages, le poids de la pandémie et des restrictions s'allège un peu.

Et, comme on se trouve dans une comédie résolument sent-bien***, les difficultés de Démétrios se résolvent de façon positive. En ces temps moroses, je ne vais pas bouder mon plaisir ! »

*Le chef de Nobunaga, Takurô Kajikawa et Mitsuru Nishimura.
**Jin, Motoka Murakami.
***Feel-good.
Commenter  J’apprécie          325



Ont apprécié cette critique (32)voir plus




{* *}