J'ai levé le visage. OK, ça, je peux le faire.
Je me suis redressée. Ça aussi j'en étais capable.
- Merci, Razor. Pour tout.
Il se penche vers moi et plaque un baiser sur mes lèvres.
- Ne recommence jamais ça ! je luis dis.
- Pourquoi ? Parce que tu as aimé, ou pas du tout ?
- Les deux.
Mais il y a les choses que nous disons à propos de la vérité, et les choses que la vérité nous dit à propos de nous-mêmes.
Le monde a déjà connu une fin. Il en connaîtra une autre. Le monde se termine et le monde renaît. Le monde renaît toujours.
« On croit se connaître. On pense être la personne qu’on voit dans le miroir. Je t’ai trouvée, et en te trouvant je me suis perdu. Plus rien n’était clair. Plus rien n’était simple. » p.220
La lumière dorée, les troncs d'arbres luisants de glace, et le parfum de l'air dans le froid matinal. Les choses que nous laissons derrière nous et celles qui ne nous laissent jamais. Le monde a déjà connu une fin. Il en connaîtra une autre. Le monde se termine et le monde renaît. Le monde renaît toujours.
- Mon père avait l'habitude de raconter l'histoire des six hommes aveugles et de l'éléphant. Un homme touche la patte de l'animal et dit que l'éléphant doit ressembler à un pilier. L'autre touche la trompe et affirme que l'éléphant doit plutôt ressembler à une branche d'arbre. Le troisième aveugle touche la queue et déclare que l'éléphant est comme une corde. Le quatrième touche le ventre : pour lui, l'éléphant est comme un mur. Le cinquième, une oreille : selon lui l'éléphant est comme un drapeau. Sixième aveugle : une défense, alors pour lui, l'éléphant est un tuyau.
[...]
- Le truc, je dis, c'est qu'à l'instant où le ravitailleur est apparu, nous sommes tous devenus pareils à ces aveugles tapotant un éléphant.
Tout est lié. Les Autres l'ont compris, bien mieux que la plupart d'entre nous. Pas d'espoir sans foi, pas de foi sans espoir, pas d'amour sans confiance, pas de confiance sans amour. Retirez un seul de ces éléments et tout le grand château de cartes de l'humanité s'écroule.
Voici la Terre, comme elle était, il y a soixante-six millions d'années. C'est magnifique, n'est-ce pas ? Intacte. Préservée. L'atmosphère avant que vous l'empoisonniez. L'eau avant que vous la polluiez. Les terres luxuriantes, pleines de vie, avant que vous, rongeurs que vous êtes, ne les déchiquetiez en morceaux pour combler vos appétits voraces et construire vos nids crasseux.
Nous sommes ici, puis nous disparaissons, et c’était déjà vrai avant leur arrivée. Cela a toujours été vrai. Les Autres n’ont pas inventé la mort, ils l’ont juste perfectionnée. Ils ont donné à la mort notre propre visage parce qu’ils savaient que c’était le seul moyen de nous exterminer.