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Critique de Laccrocheplume


Un livre lu il y a longtemps qui m'a durablement marquée, mais je ne suis pas la seule, puisque toute une génération de jeunes japonais se reconnait dans la sensibilité et de cet auteur.

Vous aimez cuisiner ? Alors ce livre est pour vous.

Si non, alors il est quand même pour vous : on a tous un jour ou l'autre trouvé du réconfort dans une cuisine ou ressenti un frémissement devant un parfum ravivant tel épisode de notre vie ou rappelant telle personne côtoyée il y a longtemps. Se lover contre un frigidaire finalement, est un évènement qui nous arrive à tous un jour ou l'autre. Comme la perte d'un être cher.

Mikage qui vient de perdre sa grand-mère, surmonte son deuil en cuisinant ce qui lui donne l'impression que « les cellules se multiplient dans son cerveau ». Elle s'installe chez Yûichi qui possède un canapé très confortable et surtout une cuisine qui lui paraît tout de suite séduisante, malgré son aspect dépareillé : « des récipients pour chaque usage : de grands bols en terre cuite pour le riz, des plats à gratin, d'immenses assiettes, et encore des chopes de bières munies d'un couvercle… »

Elle surmonte ce deuil par de petits gestes quotidiens. Entre une salade de concombre et une bouillie de riz, la narratrice nous livre sa vie intime, ce qui la froisse, lui pèse, reprend une pincée d'instants partagés avec sa grand-mère et replonge dans un plat, sert une louchée de soupe à telle nouvelle collègue de travail. Et la vie reprend, les froissements d'un souvenir se convertissent en une mélancolie liquide et fondante. Et la cuisine partagée devient ce liant qui entretient les rapports entre elle et les autres, car les relations sont « fragiles comme un fétu de paille ».

Une ribambelle de plats défilent, et le goût du bonheur retrouvé par pointillé redonne à la cuisine tout le poids qu'elle mérite. Même notre chère cuisine française dont l'excellente réputation n'est plus à faire s'invite en fin de récit, dans ce roman d'apprentissage ; et notre narratrice reprend goût à la vie !

Un très beau roman qui nous plonge dans un univers particulier à cheval entre celui de Murakami et de Yoko Ogawa. Banana Yoshimoto réussit avec sa plume très particulière à nous plonger en quelques minutes dans un univers atemporel où nos propres questions s'enfoncent dans une ouate délicieusement accueillante. Et on en ressort avec une envie très simple : retrouver et apprécier les petits gestes du quotidien.

Un roman que j'aime bien offrir en automne, parce qu'il y a des plats de saison comme il y a des livres de saison.

4/5
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