La question demeure : quel destin attend une espèce qui a perdu sa foi dans le futur, regrette son passé et supporte le présent ?
Artistes, sportifs, scientifiques... Tous les humains possédant des capacités physiques ou intellectuelles espèrent qu'elles leur serviront à quitter la Terre et à réussir ailleurs, quelque part dans la galaxie. Jusqu'à ce qu'ils doivent ravaler leur orgueil et boire l'amer calice de l'exil et de l'humiliation par les autres espèces.
(P210)
Quelqu'un comme vous ne se sent-il pas comme ... un déserteur ? un traître à son espèce et à sa planète ?
-- Oui, j'en suis pleinement conscient.
Mais, qu'est-ce que j'y peux ?
Il faut bien vivre, non ?
p. 221
[à propos du tigre de Sibérie] Un magnifique animal, qui n’a quasiment pas d’ennemi naturel. Et qui a été le roi indiscuté de la taïga… jusqu’à l’apparition de l’homme.
En réalité, je crois que mon problème avec les femmes est très différent. Leur odeur, la manière qu'elles ont de regarder, de bouger. Elles me rendent nerveux. Elles ne sont pas... réductibles à des paramètres logiques.
(P192)
Seuls les futurs médecins ont le luxe de travailler dès le début avec de vrais patients, des patients humains pris en charge par l'Aide sociale et qui reçoivent des soins médicaux gratuits. On teste aussi sur eux les nouveaux médicaments. Personne ne se plaint : une vie humaine vaut bien peu face au besoin de médecins et de médicaments... C'est peut-être pour cela que la médecine et les spécialistes terriens ont si bonne réputation dans la galaxie : ils ne manquent pas d'expérience.
Quel développement peut avoir une planète qui jette chaque jour son intelligence à la poubelle? De quel idéalisme absurde a-t-on besoin pour continuer la recherche si on gagne bien davantage dans le tourisme? Quel sens cela a-t-il, pour un jeune diplômé, de travailler dans un endroit qui ne l'intéresse pas, comme un esclave, durant cinq ans? Entouré de vieux qui voient ses initiatives comme une menace et l'écartent constamment sous prétexte de son "inexpérience"? Pour un salaire de misère, après sept années d'efforts intellectuels, à l'université, en rêvant d'être utile à sa planète?
(P208)
L'artiste ne peut mourir. Parce que tout artiste possède l'immortalité de Prométhée. Parce qu'il meurt dans chacune de ses œuvres, parce qu'il livre un morceau de vie dans chacune de ses créations. Parce que chaque morceau de matière qui jaillit transformé de ses mains est un délai supplémentaire qui l'arrache à l'entropie implacable.
Dans ce monde, la plus grande folie est de se prétendre sage.
L'artiste est une antenne répétitrice. Un entonnoir. Il capte et absorbe la douleur du monde, puis l'insuffle dans ses oeuvres.