Il y a un an, je me délectais de l'excellent
Planète à louer de cet auteur cubain très dynamique et engagé. Aujourd'hui je termine ce roman un poil déçu. Disons que les deux ne courent pas dans la même catégorie.
Pour commencer, et contrairement à ce qui est annoncé,
Interférences est davantage une refonte de trois nouvelles (dont deux écrites indépendamment, la troisième venant compléter les deux autres). En commun : le style (plaisant et ironique), l'univers (un grand pays, un petit) et le propos (une critique larvée de la société). En revanche, peu d'intrigue au programme, et aucune qui servirait de fil conducteur. Hormis l'« affable dictateur » du petit pays, pas de personnage récurrent non plus. Dans ce genre de livre, me vient la comparaison avec
Styx dans lequel
Jean-Michel Calvez a su recycler avec brio une première nouvelle éponyme en lui adjoignant une suite convaincante. L'exercice me paraît particulièrement ardu, et avec le recul je pense que
Styx est une grande réussite de ce point de vue, avec des intrigues complexes et entremêlées, des personnages en commun bien travaillés, un suspense, sans compter la profondeur des thèmes abordés.
Pour revenir à
Interférences, les trois nouvelles qui le composent – je préfère les nommer ainsi – font respectivement 80, 50 et 30 pages. Je les ai trouvées plutôt inégales (et pas seulement par la taille).
Clairement, la première m'a enthousiasmé. Passé la surprise des toutes premières pages où je cherchais en vain le souffle narratif et dramatique qui m'avait tant plu dans
Planète à louer, j'ai pris acte du genre et du style très différents. Je m'y suis habitué et ma foi, au bout de dix pages, je n'ai plus lâché le livre, qui se lit très facilement. le style est épuré, simple et plaisant. J'ai adoré la façon dont l'auteur raconte l'ordinaire très ordinaire d'une famille ordinaire d'un pays pas très ordinaire. Les piques s'enchainent avec une régularité et une facilité impressionnante, sur de larges portions du texte.
La deuxième m'a nettement moins convaincu, principalement à cause de l'élément fantastique ou SF, que j'ai trouvé saugrenu.
La dernière nouvelle, avec ses cheminées galopantes, est la plus poétique des trois, et a redressé un peu la barre par son côté enfantin, à la limite du conte, avec la meilleure chute.
En conclusion, j'ai trouvé que ce livre offrait un divertissement plus qu'honnête, bien que court et sans grande prétention.
À noter, la présence d'une interview de l'auteur ainsi que d'une postface, toutes deux très intéressantes, notamment pour les infos qu'elles livrent sur la scène SF cubaine actuelle.