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Critique de MartinEden87


« Ceux qui auraient préféré un journal d'Hadrien à des Mémoires d'Hadrien oublient que l'homme d'action tient rarement de journal : c'est presque toujours plus tard, du fond d'une période d'inactivité, qu'il se souvient, note, et le plus souvent s'étonne. »

Arrivé au crépuscule de son existence, l'empereur Hadrien écrit ses mémoires à l'intention de son successeur et petit-fils adoptif, le futur empereur philosophe : Marc Aurèle.

Un regard introspectif sur près de vingt années de règne sur le plus grand empire du monde. Il en tire un bilan fait de réussites : ses succès militaires qui lui ont valu de rentrer dans les bonnes grâces de l'empereur Trajan, son goût pour les arts et la culture hellénique, qui vont connaître un essor culturel encore jamais vu jusqu'alors, et sa compréhension et son respect des cultes qui ont apporté une paix relative au sein de l'empire. Mais aussi un bilan fait d'échecs : son incapacité à régler pacifiquement les révoltes juives en Palestine, peu après la mort de son jeune amant Antinoüs, l'ont plongé dans une profonde mélancolie.

Marguerite Yourcenar offre sa vision de la figure historique qu'est l'empereur Hadrien. Un livre qu'elle a retravaillé pendant trente années. Elle avait songé, au départ, de créer une forme de dialogue, mais se résigna de peur de voir la personnalité de l'empereur Hadrien se noyer au milieu d'autres protagonistes.
Le choix des mémoires est judicieux car il permet à l'écrivaine de fusionner avec son personnage principal. À tel point que le jeu des comparaisons est tentant. L'homosexualité de l'empereur répondant à celle de l'écrivaine.

Là où un banal essai historique aurait affadi Hadrien, le roman historique déguisé en mémoires permet d'animer un personnage, qu'on aurait tort d'imaginer aussi monolithique que le marbre des statues. Sous la plume d'Yourcenar, Hadrien paraît sous un jour réaliste, contenant toutes les vertus et vices des hommes. Loin de s'astreindre à la discipline ascétique des stoïciens, c'est un être fait de passions, un amoureux des arts pour qui la vie est un banquet. Et c'est parce qu'il est un homme d'État éclairé que ses tourments apparaissent touchants au commun des mortels.
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