Zadig, n°2 : La nature et nous

Le travail de la philosophie, c’est de passer partout - le reste, c’est du commentaire. On doit acquérir une vue précise mais globale, comme un médecin généraliste. C’est la pensée de Pascal : savoir quelque chose de tout, plutôt que tout d’une chose.

Michel SERRES

En haute mer, c’est l’eau et le vent qui commandent. En haute montagne, vous apprenez l’humilité devant plus fort que vous. Si vous trichez, ce n’est pas la peine. Cela vous apprend une morale terrible, proche de la recherche scientifique ou de la vérité des maths : les équations sont plus fortes que vous. Vous n’y pouvez rien. Haute mer et haute montagne, c’est pareil.

Michel SERRES

Les citadins aiment bien une nature organisée : un lac, mais sans les moustiques ; une forêt, mais sans les serpents... (Isabelle Autissier)

E.F. : Merci infiniment, Michel Serres.
M.S. : Infiniment ce serait trop long, vous n'y arriveriez pas.

On s’est séparé de la nature et on l’a oubliée. Or nous vivons d’elle.
Isabelle Autissier . p. 82

"A l'opposé, la géographie de la France dessine le plan d'un jardin. Jardin de curé où furent dites les messes du Royaume, jardin ouvrier où se fomentaient les luttes, jardin potager où s'inventa la notion de terroir. Qu'est-ce qu'un terroir ? Le contraire du wild américain et du non-lieu russe. Une paillasse de laboratoire où la l'histoire féconda le moindre pouce carré de la géographie. Le génie paysan utilisa les microclimats et le géologie pour redresser les contours du relief et tirer de la terre une substance spécifique. A chaque vallon ses fruits, à chaque coteau sa vigne, à chaque plateau son fromage."

p.67, "Mosaïque française", Sylvain Tesson