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Critique de Marie-Nel


Je ne connaissais pas du tout Gabriella Zalapi et n'avait jamais vu son roman. Je suis donc très contente d'avoir pu la découvrir et la lire avec ce prix. C'est un premier roman, et c'est plutôt réussi, en tout cas la forme est originale puisque l'histoire se présente sous forme de journal que tient la narratrice et l'héroïne du livre, Antonia.

 

Antonia est une jeune femme de vingt-neuf ans, elle est mariée à Franco et à un fils Arturo. Ils vivent à Palerme. Antonia et Franco ont eu un coup de foudre, mais celui-ci n'existe plus depuis longtemps, Antonia n'aime plus son mari et cela semble réciproque, son mari est froid et distant, il rabaisse tout le temps sa femme et ne lui trouve aucune qualité. Antonia se pose des questions sur son mariage, elle se demande même si elle aime son fils, surtout depuis que la gouvernante s'occupe de lui et domine totalement Antonia. Son histoire familiale personnelle est très riche. du côté de sa mère, les origines juives et allemande et du côté de son père, de riches anglais installés en Sicile. Un jour, Antonia reçoit en héritage de sa grand-mère paternelle, Nonna, des cartons qui contiennent plein de photos, de documents, de lettres lui racontant la jeunesse de ses parents, l'histoire de sa famille. le père d'Antonia est mort très jeune à la seconde guerre mondiale, sa mère sera presque toujours absente pour elle, elle se remariera et aura un autre enfant. Antonia va trouver dans ces cartons des réponses à ses questions sur sa famille, sur le comportement de sa mère, qui lui ouvriront les yeux sur sa propre situation personnelle.

 

Suivre Antonia de février 1965 à novembre 1966 a été fort intéressant. On est dans le milieu des années 60, avant mai 68, la condition féminine, surtout en Italie, est difficile et compliquée. Elle est souvent rabaissée par son mari, qui la cantonne à bien tenir sa maison, bien se tenir à table, toujours être bien soignée et toujours honorer son mari. Une sorte d'esclavage qui n'est pas vieux, et lire cela est révoltant. Lorsqu'elle se confiera à son grand-père maternel, croyant trouver un appui, celui-ci au contraire sera irrité de sa façon de penser et se fâchera même contre elle. C'est ce mal-être qui la fait se décider à tenir un journal où elle se confie, où elle réfléchit à sa situation.

 

Je me suis attachée à Antonia, mais je dois bien avouer qu'il m'a manqué un peu de densité pour ressentir encore mieux les émotions. le livre est très court, à peu près 150 pages au format poche, le texte est très aéré, parfois une page ne comporte que quelques phrases, des photos viennent étayer le récit. Tout cela fait que j'ai trouvé le texte trop court et pas assez profond. Néanmoins, j'ai apprécié le style de Gabriella Zalapi, très doux, très subtil, tout en délicatesse, avec une poésie des mots et des phrases qui font que le texte a lire est très beau et sensible. J'ai vraiment beaucoup aimé l'écriture de cette jeune auteure. La fin est porteuse d'espoir, comme on dit, c'est une fin ouverte, où le lecteur s'imagine lui-même ce qui peut se passer. Je n'aime pas toujours ce genre de final, mais là, j'ai trouvé qu'il allait très bien avec le reste de l'histoire et de la pudeur des mots et des sentiments. Mon attachement pour Antonia vient surtout du fait que le choix narratif de l'auteure est celui que je préfère pour ressentir au mieux les émotions, puisque tout est raconté à la première personne du singulier, ce qui est tout à fait logique, puisqu'il s'agit d'un journal. Ce « je » me permet de me mettre à la place de l'héroïne, de rentrer dans sa tête et de ressentir au plus près la moindre de ses émotions.

 

J'ai apprécié cette lecture, que j'ai lu rapidement, du fait du texte très aéré, des chapitres parfois très courts. Mais ma lecture a été rapide aussi, car j'avais envie de savoir ce qui allait se passer pour Antonia, connaitre son passé, et savoir comment cela allait se terminer. Mon seul regret est de ne pas savoir les événements après novembre 1966, savoir comment elle finirait sa vie. C'est un personnage dont j'aimerais avoir des nouvelles.

Les points forts de ce roman sont les messages que fait passer l'auteure au travers d'Antonia, sur les femmes, leurs conditions de vie, sur l'après-guerre, sur les différents problèmes entre les peuples.

Ses points faibles seront sûrement le manque de profondeur. Pourtant, j'avoue que je n'oublierai pas Antonia, elle a su me marquer, et saura rester dans ma mémoire. Peut-être l'auteure prévoit-elle de la retrouver dans les années suivantes, il y aurait matière pour faire une belle suite de son journal.

 

J'ai aimé découvrir la plume de Gabriella Zalapi, et je serais ravie de la retrouver dans un autre roman, pour voir quel serait le sujet et comment elle le traiterait. Sa plume douce et sensible est prometteuse et donne envie de lire plus de livres d'elle. Je vais donc la suivre, afin de la lire à nouveau.

Je ne peux que vous conseiller ce roman, pour toutes les valeurs qu'il véhicule, pour Antonia, sa vie, ses joies et ses peines. La lire, c'est rendre hommage à toutes ces femmes qui ont dû supporter des maris ou des hommes trop durs. Quand on lit ça à notre époque, on ne peut qu'être en colère, et surtout ne pas avoir envie de vivre de cette façon, et pour cela, il faut toujours rester vigilante…


Lien : http://marienel-lit.over-blo..
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