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Critique de pompimpon


"Je croyais avoir oublié mais tout refait surface. Ces souvenirs catapultés dans mon présent me tourmentent certes, mais me donnent aussi la sensation de finalement toucher le sol, de m'ancrer dans le réel. La brume diffuse, la confusion qui habitait ma mémoire se dissipe petit à petit. Avant, je doutais, ne sachant jamais avec certitude si mes souvenirs étaient des inventions."

Antonia est engluée dans un mariage sans amour ni même considération, un quotidien sans attrait, une maternité confisquée par une Nurse omniprésente, qui en viennent même à la rendre physiquement malade.

Nous sommes en 1965 à Palerme, et il n'y a aucune raison que sa situation évolue.

Mais ces cartons qu'elle hérite de sa Nonna, donc son oncle Ben lui a dit qu'elle ne trouverait rien là-dedans, "Il n'y a que de vieilles lettres dans ces boîtes, de vieilles photos", ces cartons dans lesquels elle va plonger vont lui restituer l'histoire de sa famille, son histoire à elle, loin des mensonges et des non-dits.

La rendre à elle-même.

De quoi prendre vraiment sa vie en main et décider seule ce qu'elle veut en faire.
Son journal raconte les quelques mois entre 1965 et 1966 qui l'amènent à décider de changer de vie, l'embarquent vers autre chose qu'elle aura choisi.

Il n'est pas exempt de retours en arrière, regrets, remords, tentatives de sauver les meubles, de rester dans cette vie qui l'étouffe lentement.
Le pas n'est pas facile à franchir.

Ce sont des fragments de vie épars, des cailloux sur le chemin de cette Poucette perdue dans une existence sans intérêt pour elle, des souvenirs qui s'invitent et l'aiguillonnent.

Se dessine le parcours d'une famille entre l'Italie, la Grande Bretagne et l'Autriche, qui s'éparpille jusqu'au Brésil et aux Bahamas au début de la Seconde Guerre mondiale. La spoliation des Juifs et l'antisémitisme, eux, éclatent au coin d'une réception ou bien d'un terrible réveil de mémoire enfantine.

Se dessine le portrait, presque en creux, d'une femme qui n'a jusque là pas eu à choisir souvent et se reproche de s'être beaucoup trompée, en se mariant et en ayant son fils si jeune, pour se retrouver dans cette impasse.

"Il paraît qu'un jour on se réveille affamé de ne pas avoir été ce que l'on souhaite."

Il lui faut du temps pour être réellement affamée mais les derniers mois, les exhortations à se saisir de sa vie et à rompre les amarres se multplient et remplacent les constats d'échec.

Les quelques photos qui parsèment ce journal expriment une forme de nostalgie, jusqu'à cette photo d'Antonia petite fille sautant/tombant/se jetant d'un petit muret, saisie dans son élan.

Dans son élan.
Elle est prête.
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