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Critique de Gwen21


Cette bande-dessinée archi-primée me faisait de l'oeil de puis un moment et j'ai été ravie de mettre enfin la main dessus. Mais peut-être en avais-je trop attendu, justement ? J'ai bien peur de ne pas partager l'enthousiasme collectif. Non pas que j'ai passé un mauvais moment mais disons que je m'attendais à quelque chose de vraiment plus audacieux.

Ce quelque chose d'audacieux, je me le représentais comme une oeuvre ouvertement féministe porté par deux hommes, un auteur et un illustrateur. Je me disais que c'était super courageux et à la fois essentiel que les hommes portent la voix des femmes et leur ouvrent enfin une voie. Hélas, si à travers le destin de Bianca, l'héroïne principale, il est bien question de dénoncer le sort réservé aux femmes depuis la nuit des temps - en dehors du mariage point de salut ! - quelle ne fut pas ma déconvenue de constater qu'on parlait surtout... d'hommes dans "Peau d'homme".

Si Bianca a la possibilité de revêtir une peau d'homme magique, c'est moins pour ressentir les émotions ou les pensées d'un homme (comme pourtant cela semblait devoir être le cas) que pour s'initier aux jeux de la séduction. Ce qui, au départ, semblait la découverte de l'autre à travers ses différences s'est transformé en une homogénéisation/fusion des genres. La féminité de Bianca s'efface, tous ses efforts pour valoriser son sexe font chou blanc, elle est reléguée au rôle de mère-porteuse et sa seule audace résidera dans le fait de s'autoriser un amant...

Et je n'ai pas apprécié la fin. Quitte à valoriser l'homosexualité masculine, j'aurais préféré que Bianca renonce carrément à son sexe pour vivre son amour sous les traits de son avatar alors que là, on tombe encore dans le sacrifice éternel de la femme qui, par amour, va s'effacer pour laisser l'homme qu'elle aime convoler librement pour satisfaire ses "besoins". Et cela m'a semblé étrange que les auteurs cherchent à expliquer l'origine de l'homosexualité : les hommes s'aiment entre copains avec la bénédiction des philosophes antiques, et en plus les femmes sont inaccessibles, gardées sous clé par des duègnes et des juxtapositions de jupons. Est-ce que l'attirance et les sentiments - tous genres confondus - ont besoin de justification ? Dans un conte magique, est-il utile de s'en rapporter à des éléments historiques et sociologiques ?

En résumé, cette BD me laisse une impression mitigée. J'avais envie d'y trouver un peu de l'esprit des "Culottées" de Pénélope Bagieu mais j'ai glissé sur une peau de... banane. Comme quoi, on a toujours tort d'anticiper une oeuvre, il faut essayer de l'aborder avec un état d'esprit vierge.


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