Tant qu’il existera de l’humain, la parole pourra resurgir et donner envie d’échanger. Internet avec ses formes de discussion et l’explosion récente des « blogs », montrent que l’espoir n’est pas vain. Retrouvez le plaisir de la parole. Parlez pour exister, pour moins souffrir.
La parole. Toujours au singulier, elle est assurément beaucoup plus que le langage. Elle englobe toutes les formes d’échanges …qui peuvent circuler entre les êtres humains. …L’apparition de la parole a marqué le début de l’humanisation et la création du psychisme.
Où puisons-nous de quoi surmonter ces pertes, ces souffrances, ces traumatismes ? Il faut revenir à ce que nous sommes, dans tous les aspects et la plénitude de notre être. Pas d’explications miracles. Un corps et un cerveau, certes, mais aussi un être de relation et de parole. Rien que cela, mais tout cela.
Le psychisme est en danger. La parole est baillonnée. Il faut être capable, tous ensemble, de retrouver la parole perdue. Car nous avons encore tant de choses à nous dire…
L’amour de soi, légitime, est nécessaire en particulier pour pouvoir aimer les autres et être aimé par eux. Cet amour de soi est axé sur la conscience de ses capacités, de ses performances, de ses potentialités.
Une personne humaine, c’est un corps avec… C’est un cerveau avec ses propriétés cognitives… C’est un psychisme qui rend humain et fait de chacun un être unique façonné par les autres et capable d’agir sur eux et sur lui-même.
On croit être rationnel, on l’est rarement dans notre vie affective et relationnelle. Cette part de subjectivité fonde nos différences inter-individuelles. On peut en ignorer toute son existence les déterminants. On peut aussi essayer d’en comprendre, par un petit effort de réflexion personnelle, la nature afin de ne pas être totalement dupes de nos trajectoires de vie et d’en infléchir parfois la direction.
L’existence est une longue histoire de perte d’objets, qui impose une reconstruction perpétuelle, c’est-à-dire un réinvestissement de valeur dans de nouveaux objets.
9. « Leon Eisenberg […] rappelait que, lorsqu'il avait commencé ses études, la psychiatrie était 'brainless', qu'elle faisait l'impasse sur le cerveau, mais que, aujourd'hui, elle est 'mindless', elle oublie le psychisme.
Les rapports entre le cerveau et le psychisme ne peuvent se comprendre que si on introduit une troisième dimension : le rôle de la parole de l'autre avec ce qu'elle véhicule de sens et de symbolique. […]
Les scientifiques s'intéressent à ce qui est commun au cerveau de tous les hommes, et les psychologues à ce qui est particulier à un seul être humain. Pour les premiers, il faut des procédures à valeur universelle, pour les autres il faut l'échange de parole dans l'intersubjectivité. […]
Pas d'équivoque, pas de confusion de mots, pas de sauts incontrôlés de niveaux de connaissance. Le biologique, c'est ce qui est universel dans l'homme. Le psychique, c'est ce qui est individuel dans l'humain. Le sociologique, c'est ce qui est culturel dans le groupe.
[…]
La science doit savoir s'arrêter aux portes du psychisme. » (pp. 209-211)
Aider l’autre. S’entraider. Donner, recevoir. Pour survivre en groupe et pour vivre individuellement dans une dimension humaine, il ne peut en être autrement.