AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de BazaR


Alors là, Roger Zelazny m'a bien surpris.

Avec lui, je m'attends toujours à observer des êtres quasi divins faire usage de puissances démesurées et de ruse sournoise, afin de se venger ou d'établir leur domination, en accompagnant leurs actes d'un verbe plus ou moins désinvolte et sarcastique, à l'humour pince sans rire.
Point de choses aussi frivoles ici. Au lieu de cela on a…

Mais qu'est-ce qu'on a en fait ?
Roger Zelazny nous fait d'emblée dégringoler tout nu dans son univers et laisse les évènements nous bousculer (ça, il en a l'habitude). Mais cette fois, ce vicieux nous pose en plus un bandeau sur les yeux, nous prive de pain et d'eau et nous laisse nous démerder tout seul dans une histoire qui reste longtemps hermétique. Mais à quoi rime donc ce voyage dans lequel se lance Mari, au cours duquel elle va essayer de retrouver 24 des vues du mont Fuji peintes par Hokusai au 19ème siècle ? Elle fuit, ou cherche, quelque chose. le danger est grand, pour elle, peut-être pour le monde…
Pendant longtemps je suis resté aveuglé par ce bandeau qui me maintenait à la porte du plaisir de lecture. Je n'aime pas être complètement perdu. Roger Zelazny essaie parfois de nous distraire, en nous offrant des gâteaux apéro très estampillés action. Mais on le voir venir, l'animal. C'est une diversion. C'est pas pour ça qu'on comprend mieux dans quel étage-on-erre.

Puis Zelazny prend pitié et commence à nous distiller des éléments de compréhension. Et là, aaaaah, lumière divine, angelots pinçant des cordes de harpes, choeur de sopranos en pamoison et tout le tremblement ! On peut enfin savourer l'atmosphère, la zenitude, le contemplatif, les décors fabuleux décrits dans leurs concordances et leurs différences avec les dessins d'Hokusai. L'ensemble, depuis le début, prend de la couleur, du sens, de la poésie, et l'on ne saisit plus pourquoi on avait eu du mal à entrer dans cette novella.
L'auteur est donc capable d'écrire des récits lorgnant le cyberpunk dont il émane de la douceur, de la satisfaction prise aux simples gestes de la vie, comme respirer ou regarder une belle fleur. Ce faisant il ne se renie pas, nous réservant quelques pages de batailles qui feraient pâlir de jalousie les auteurs de Tigres et Dragons. Il parvient à nous glisser une mesure de l'étendue de ses connaissances sur les contes et légendes du monde (ça on s'en doutait) mais aussi sur la littérature mondiale.

Ce récit doit je pense être lu deux fois. Pour la deuxième, ayez auprès de vous des reproductions des estampes d'Hokusai. Cela multipliera le charme du voyage.
Commenter  J’apprécie          5711



Ont apprécié cette critique (50)voir plus




{* *}