- Une montagne de soixante mille mètres n'est pas une montagne, finis-je par dire. C'est un monde qu'une divinité atteinte de débilité mentale a oublié de mettre sur orbite.
(Cette montagne mortelle)
Mais pourquoi une Escale, alors que l'on dort la plupart du temps lorsqu'on navigue entre les étoiles?
Réfléchissez là-dessus. Je vous dirai plus tard si vous êtes tombé juste. (En cet instant de tempête)
Et, à propos de musique, je ne peux évidemment faire l'impasse sur le poème symphonique de Sergeï Rachmaninov (1909), dans lequel, écrit Zelazny, Sandow a puisé une partie de son inspiration. La mesure en 5/8 rendant à la fois le balancement des vagues et le geste du rameur, le leitmotiv citant le Dies Irae médiéval, le jeu solennel des cors, les passages plus clairs au hautbois, à la flûte, au violoncelle, sonnant comme un déchirant adieu à la vie, tout contribue à rendre cette pièce mémorable. (Préface)
Sur la plupart des mondes habités, il existe certains endroits assez agréables. Il y a des îlots protégés des rudes hivers, étés suffocants, des ouragans, de la grêle, des raz de marée, de terrifiants orages électriques, des moustiques, de la boue, de la glace, et de toutes ces autres petites choses qui ont amené les philosophes à concéder que la vie n’est pas exempte d’une certaine mesure de souffrances.
Tel n’était pas Lugubre.
Vous n’y auriez pratiquement jamais vu Beltégeuse, à cause de la couche de nuages ; et si vous l’aviez vue, vous auriez souhaité ne pas la voir, à cause de la chaleur. Déserts, champs de glace et de jungles, orages perpétuels, températures extrêmes et vents mauvais – vous rencontriez diverses combinaisons de tout cela, où que vous alliez sur Lugubre, et c’est la raison de son nom. Il n’y avait pas un havre de repos, pas un endroit qui fût agréable.
("Lugubre Lumière")
Il est entendu que, quand elles ne désirent pas rejeter le blâme sur quelqu’un en particulier, les grandes organisations tendent à devenir infiniment objectives et se renvoient la balle comme des enragés.
("Lugubre Lumière")
Cela n’avait duré qu’un instant mais cet instant m’avait suffi. J’avais trouvé la réponse à la question que je m’étais posée : quel artiste fût parvenu à fixer cette scène ? Ni le Greco ni Blake. Non : Bosch. Cela ne prêtait pas à discussion. Bosch, peintre des rues de l’enfer, Bosch, hanté de visions de cauchemar, était le seul qui eût pu rendre justice à cet instant de la tempête.
("En cet instant de la tempête")
Quand il s’agit de matière en mouvement, on ne peut pas dépasser la vitesse de la lumière. On s’en approche de très près mais c’est tout.
("En cet instant de la tempête")
Les petites bibliothèques extraterrestre sont pleines de livres rares – des éditions originales de best-sellers que des voyageurs ont achetées avant de partir dans l’espace, et dont ensuite ils leur ont fait don. Tenant pour acquis que ces ouvrages sont tombés dans le domaine public lorsqu’ils nous parviennent, nous les rééditons et les diffusons. Aucun auteur ne nous a jamais intenté de procès, aucun éditeur n’a jamais été traîné en justice par les représentants, mandataires ou ayants droit d’un écrivain.
("En cet instant de la tempête")
Il est agréable de travailler avec robots. Ils s’occupent de leurs affaires et n’ont jamais rien à dire.
("Lugubre Lumière")
La vengeance du temps, c’est la mémoire. Vos yeux ont beau, pendant une éternité, être aveugles et sourdes vos oreilles, quand vous vous réveillez, le passé est toujours là.
("En cet instant de le tempête")