Citations sur Seigneur de Lumière (18)
Etre dieu est une qualité : celle de pouvoir être soi-même à un tel point que nos passions correspondent avec les forces de l'univers, si bien que ceux qui nous regardent le comprennent sans même qu'on leur dise notre nom. [...] Etre dieu signifie reconnaître en soi ce qui est important et le faire concorder avec tout ce qui existe. Alors, au-delà de toute morale, de toute logique, de toute esthétique, on est le vent, le feu, la mer, la montagne, la pluie, le soleil, le vol d'une flèche, la fin d'un jour, l'enlacement amoureux. On règne par les passions qui gouvernent les hommes. Et ceux qui contemplent les dieux disent alors, sans même savoir nos noms : "Il est le Feu. Elle est la Danse. Il est la Destruction. Elle est l'Amour."
- Tu m'as dit que je prenais autant de plaisir que toi aux souffrances que tu provoquais. Tu avais raison. Car tous les hommes ont en eux les ténèbres et la lumière. Un homme est fait de mille parts; et n'est pas une flamme pure et claire comme tu le fus. Son intelligence est en guerre contre ses émotions, et sa volonté contre ses désirs. Ses idéaux sont en désaccord avec son milieu, et s'il leur est fidèle, il ressent profondément la perte de l'ancien monde ; mais s'il leur est infidèle et ne travaille pas pour eux, il ressent la douleur d'avoir renoncé à un rêve neuf et noble. Quoi qu'il fasse, il gagne et il perd en même temps, c'est une arrivée et c'est un départ. Il pleure toujours ce qui a disparu, et craint une partie de ce qui est neuf. La raison s'oppose à la tradition, les émotions s'opposent aux barrières que leur imposent les autres hommes.
Bientôt, il fut conscient de plus en plus longtemps, et comprit, avec une certaine horreur, qu'en lui comme en tout homme se cache un démon capable de s'éveiller en côtoyant ses semblables.
- J'agis ainsi parce que je suis ce que je suis, démon, dit Siddharta, lançant contre lui son énergie. Parce que je suis un homme qui aspire parfois à d'autres choses que le ventre et le phallus. Je ne suis pas le saint que me croient les bouddhistes, et je ne suis pas un héros de légende. Je suis un homme qui connait la peur, et quelquefois la culpabilité.
- Alors, Raltariki est un démon ? demanda Tak.
- Oui et non. Si par "démon" tu entends une créature maléfique, surnaturelle, douée de grands pouvoirs, de très longue vie et capable de prendre temporairement toutes les formes, la réponse est non. C'est là une définition généralement acceptée, mais ici, elle est fausse en un point.
- Oh ! Et lequel ?
- Il n'est pas une créature surnaturelle.
- J'arracherai ces étoiles au ciel et le jetterai à la face des dieux, si c'est nécessaire. Je blasphèmerai dans chaque temple du pays. Je prendrai les vies au filet comme le pêcheur, s'il le faut. Je remonterai dans la Cité Céleste, si même chaque marche est une flamme ou une épée nue, si même le chemin est gardé par des tigres. Un jour les dieux regarderont du haut du Ciel et me verront sur l'escalier, leur apportant le don qu'ils craignent le plus au monde. Ce jour-là commencera le nouveau Yuga. Mais d'abord, il me faut méditer.
Quand il n’y a plus d’espoir, il faut en créer. Si même l’argent est faux, on peut encore l’utiliser.
On dit que chaque jour reproduit l'histoire du monde : il sort des ténèbres et du froid dans une lumière incertaine et un début de chaleur, puis la conscience s'éveille quelque part au milieu du matin, les pensées naissent en un chaos d'émotions illogiques et sans liens, et tout se précipite vers l'ordre de midi, le lent déclin poignant de la fin du jour, la vision mystique du crépuscule, la fin de l'entropie qui se confond avec le retour de la nuit.
- Au cours des âges tous les hommes changent naturellement. Ils changent d'opinions, de croyances, de convictions. Certaines parties de l'esprit peuvent dormir, d'autres s'éveiller. Je crois que le talent est chose difficile à détruire. Tant que la vie demeure. Il vaut mieux vivre que mourir.
Mais regardez autour de vous...
La Mort et la Lumière sont partout, pour toujours, et elles commencent, finissent, luttent, veillent dans le Rêve de l'Innomé qu'est le monde, mots brûlants dans le Samsâra, pour créer peut-être la beauté.