Parfois le bonheur est insoutenable tant il est vif ! Je viens d'avoir 18 ans, j'étais championne d'Allemagne et je vivais, à cet instant-là, un bonheur plein et entier. Celui-là, je ne l'avais pas volé. Il n'était pas tombé du ciel. Il était le fruit de 1000 petits sacrifices… Combien de litres de sueur versés pour en arriver là ? Pas une seule grasse matinée en 4 ans, chaque week-end étant réservé à l'entraînement. Je venais d'avoir 18 ans, et ce cadeau-là, je me l'étais offert à moi-même ! Je réalisais soudain que tout était possible.
Plumer : quand la pelle de l'aviron frotte sur la surface de l'eau dans le mouvement de retour sur l'avant.
À l'approche de l'hiver, les conditions météo ne permettent pas toujours e s'entrainer sur le lac. Les rameurs passent plus de temps dans la salle de torture et à courir de longues distances dans les bois. Je n'ai jamais vraiment aimé ramer. Ce n'est pas un sport ludique. C'est dur, monotone et ça requiert une logistique lourde. L'hiver apportait une diversité bienvenue dans les entraînements, même si je ne nourrissais aucune passion pour la muscu. Mais il faut admettre qu'aux premiers froids, l'entraînement sur l'eau avait un côté magique, quand la lumière commençait à faiblir et qu'on ramait sur le lac fumant, avec pour seul bruit le clapotis de l'eau et le sang qui pulsait dans nos veines. À 16 ans, je n'étais pas très réceptive à la beauté du décor. Le cadre sublime ne changeait rien à mes mains trop froides ni à mes muscles tremblants de fatigue.
Ossi : surnom de l'Allemand de l'Est, dérivé du mot Osten = Est. Wessi : surnom de l'Allemand de l'ouest.
La rame en couple - En RFA, on rame la main droite en dessous, en RDA la main droite dessus. Les portants étant adaptés à ces positions, il est impossible de mixer les deux styles dans le même bateau.
Mon père dit toujours que ceux qui posent les questions mènent la barque !
Les préoccupations de mes 16 ans étaient assez limitées à mon petit monde. Le lycée avec mes copines et l'entrainement au club aviron avec mes copains. A coté de cela, il y avait la corvée des cours de guitare et le baby sitting, mais l'aviron et les hormones prenaient de plus en plus de place.
Les préoccupations de mes 16 ans étaient assez limitées à mon petit monde. Le lycée, avec mes copines et l'entraînement d'aviron avec mes copains ! À côté, de ça, il y avait la corvée des cours de guitare, et le babysitting. Mais l'aviron et les hormones prenaient de plus en plus de place.
Penché contre un grand fleuve, infiniment mes rames
M'arrachent à regret aux riants environs;
Ame aux pesantes mains, pleines des avirons,
Il faut que le ciel cède au glas des lentes lames.
Parfois, le bonheur est presque insoutenable, tant il est vif !
Je venais d'avoir 18 ans, j'étais championne d' Allemagne et vivais, à cet instant-là, un bonheur plein et entier.
Celui-là, je ne l'avais pas volé. Il n'était pas tombé du ciel. Il était le fruit de 1000 petits sacrifices...
Combien de litres de sueur versés pour en arriver là ? Combien de privations, de fêtes loupées ou avortées ?
Pas une seule grasse matinée en 4 ans, chaque week-end étant réservé à l'entraînement.
Je venais d'avoir 18 ans et ce cadeau-là, je me l'étais offert à moi-même!
Je réalisais soudain que tout était possible.