Je remercie les éditions JC Lattès pour l'envoi de ce roman dans le cadre de la masse critique Babelio.
Il s'agit du premier roman de
Yara Zgheib et une chose est certaine : c'est très prometteur ! le résumé de ce livre m'a tout de suite attirée. Il me semblait que j'allais partir à la rencontre de personnes forts, aux histoires difficiles et touchantes et je ne me suis définitivement pas trompée.
Les filles du 17 Swann street traite des troubles alimentaires, à travers l'histoire d'Anna, une ancienne danseuse désormais tourmentée par l'anorexie qui va tenter de combattre sa maladie au sein d'une institution où elle va faire la rencontre de femmes, toutes différentes, et néanmoins unies autour d'un même combat.
Dès les premières pages, l'auteure nous plonge en plein coeur du quotidien de ces patientes, avec une sensation de malaise qui ne nous quittera qu'à la toute fin. Difficile de lâcher ce roman qui est composé de chapitres très courts, alternant entre présent et passé, avec une écriture joliment incisive.
Yara Zgheib a parfaitement retranscrit le paradoxe qui nourrit ces jeunes femmes : savoir qu'elles sont malades et que la mort leur tend les bras si elles ne font rien, et pourtant peiner à chaque bouchée. J'ai vraiment ressenti à quel point le combat contre ces troubles alimentaires était difficile, à quel point la maladie pouvait avoir le dessus sur tout : la vie, le bon sens, l'amour des proches, la famille… Tout.
L'histoire d'Anna est très touchante mais j'ai d'autant plus apprécié ses interactions avec ces femmes qui vont toutes lui apporter un petit quelque chose, qui vont l'aider à se battre à leur façon. J'ai aimé ces femmes qui étaient bourrées de bienveillance les unes envers les autres, jusqu'à former une famille :
les filles du 17 Swann street. Il y a ces femmes qui réussissent à s'en sortir, celles pour qui le 17 Swann street devient leur maison, celles qui ne sont que de passages, celles qui n'en reviennent pas… Les parcours sont divers tout comme les issues, qui ne sont pas toujours très heureuse.
Certains passages du livre sont très durs, l'auteure n'embellit pas la réalité : elle nous envoie une histoire brutale alors même que le rythme est plutôt calme. On s'attend aux rebondissements puisqu'il ne peut en être autrement. On vit les désillusions, les injustices, les espoirs de ces personnages torturés qui nous touchent en plein coeur. Sans fioriture, l'histoire n'en ressort que plus réaliste.
J'ai été totalement captivée par cette histoire, par la volonté d'Anna que l'on voit progresser et trébucher au fil des jours qui passent au ralenti, guidée par l'envie de vivre pour ses proches, notamment pour l'homme qu'elle aime. Je dois dire qu'il n'y a pas une héroïne dans ce livre, elles le sont toutes à leur façon, qu'il s'agisse des patientes mais aussi du personnel médical, que j'aurais aimé découvrir davantage. Malgré la discrétion de ces professionnelles au sein du récit et malgré le ressenti d'Anna qui nous livrait son point de vue en tant que malade, ne comprenant pas toujours les choix qui étaient faits pour elles, j'ai distingué beaucoup d'empathie dans ces femmes qui se consacraient pleinement aux résidentes du 17 Swann street.
En somme, ce roman a été une excellente découverte et une jolie surprise. Je ne manquerai pas de suivre l'actualité de l'auteure !