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3,05

sur 90 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une petite merveille ! Ça commence dès la première page, une vraie claque, cette manière d'emporter le lecteur dans la vie des protagonistes. Un rythme, une candeur, une fraîcheur, une inventivité, qui ne se démentent jamais par la suite. Qu'est ce qui fait la force d'une fiction littéraire ? Ce sont les détails crédibles, car écrire un roman consiste à rendre l'imaginaire le plus réaliste possible. Jenny Zhang maîtrise cet art à la perfection sans qu'on sache ce qui est de l'ordre de ses souvenirs, de ce qu'elle a entendu par d'autres ou de son incroyable fantaisie. Exemple : comment expliquer que le couple est humble et pauvre ? En précisant que le père (travaillant la nuit) et la mère (le jour) s'échangent la même paire de chaussures. Dans ce livre, la langue est au service des émotions, comme cette page (56) où des lignes entières de « non » ponctuent le désarroi d'une héroïne. Toutes les deux pages, on trouve des pensées fulgurantes formulées avec bon sens ou poésie comme ce moment où le papa parle de Dieu : « Dieu, c'est l'argent, m'a dit un soir mon père après avoir claqué la porte à des témoins de Jéhovah. Dieu, c'est avoir des médicaments quand tu es malade, c'est des bébés qui ont une chance de parvenir à l'âge adulte ». Ici, des situations stupéfiantes ou dramatiques au cours desquelles les parents surnomment leur fillette (ma petite tarte aux prunes rances, mon raisin rebondi) avec des mots doux-amers. Et là des insultes, combinaison improbable entre la syntaxe chinoise et l'efficacité américaine, traduite en français. le résultat est souvent irrésistible, hilarant. La relation entre les membres de ces familles d'immigrés chinois installés aux USA sont finement décrites, jusque dans leurs excès. On vit leurs calvaires, leurs disputes, leurs doutes, leurs étonnements, leurs bonheurs éphémères, leur difficile ascension de l'échelle sociale qui résume, à elle seule, une certaine idée de l'Amérique. Très émouvant aussi, la description du coup de foudre – à la toute fin, au bout de 350 pages - entre le père et la mère qui ont passé le roman à s'engueuler. Merci, merci, mille fois merci Éditions Philippe Picquier de nous offrir cette perle rare. Amis lecteurs, amies lectrices, foncez !
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Familles projetées à un nouveau pays. Enfants bourlingués entre les rues, les appartements. Ils viennent de Chine, se sont installés aux Etats-Unis, à l'espoir d'une vie meilleure, à la volonté de s'en sortir.

Croire au rêve américain.
Ne pas se soucier de l'infâme, aller au devant.

Le roman se tisse à travers le prisme d'un regard enfantin. de plusieurs marmots qui viennent s'additionner à la première parole. Tous sont issus de l'immigration, tous ont à supporter les appartements trop petits, les brimades, et leurs parents qui les exhortent à ne plus se plaindre. Savoir se satisfaire de ce qu'ils ont. Si la figure parentale s'échine à montrer les bienfaits de ce nouveau pays, les enfants voient, montrent, et quémandent des réponses. Eux ne savent se satisfaire du peu offert. Car ils ont conscience, savent que la misère continue à chaque coin de rue, à chaque domicile que le père grappille misérablement.

Loin du pathos, et des larmes qui viennent souvent enrober ces récits où se croisent racisme, misère et enfance, on plonge à une cruauté qui s'extirpe des lippes enfantines. Pas le temps de pleurer, de s'apitoyer, il faut avancer. Et les rares qui versent une larme sont calmés d'une torgnole, d'une parole raciste, puis ils répliquent, ne se laissent pas piétiner. Une violence physique. Une violence verbale. Un langage cru servi par une plume qui scalpe, noire, qui ne laisse entrevoir que l'ignoble vérité de leur condition.

Malgré le malheur, les cafards qui pullulent dans les appartements, et les copines haineuses ; les coeurs tambourinent, cherchent l'évasion de la cage thoracique, de la cage familiale. Ces gamins ont la volonté de s'enfuir, s'arracher au carcan miséreux.

Une fuite en avant, une narration qui cravache. Un récit qui bouleverse, offre quelques sourires et ricanements. Première lecture de l'année, et première pépite.
Lien : https://hubris-libris.blogsp..
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Magnifique écriture qui fait parler des petites filles chinoises émigrées à New York dans les années 80, 90. Ces gamines délurées nous emportent dans leur monde avec une intensité bouleversante, dans une langue tantôt crue et violente, tantôt tendre et profonde. Ce premier roman parle d'immigration, de galères, de pauvreté, de racisme, d'amour et de liens familiaux indestructibles. Fabuleuse découverte à lire absolument.
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