Préserve-toi
Soyez-en sûr, ceci est votre stable sol,
verdoyance ou boue, celle-ci à traverser.
Et le ciel est stable – les étoiles y brillent.
Il suffira de se préserver (dans un entre-deux).
Préserve-toi : ne t’accroche à cette terre,
et aux étoiles ne te pends pas en rêve.
La fleur ne sait ici quand elle s’épanouit,
la semence ne mûrira dans des lointains célestes,
mais – dans l’intervalle – prends soin de toi.
Comme la fleur au juste milieu entre terre et ciel.
Et autant marquera de toi
que tu auras choisi entre haut et bas.
Ainsi debout on labourera, en bas en haut moissonnera,
chaque voie finira par suivre sa verticale,
ton propre poids ne t’écrasera pas
et la vie du jour ne dérange pas ton frère,
il faut te préserver : dans l’espacement nous agissons
tels des rayons, harpes, échelles, ou chemins.
Car ici n’a de sens qu’une chose :
bouger en haut en bas, ensuite s’élever.
/Traduit du letton par Jean-René Lassalle
Mais la bougie brûle
Lors la bougie brûle,
Comme elle brille exquise.
Comme blanche la flamme scintille.
Et les ténèbres fuient. Pourtant la lumière – aussi fuit.
Dieu et diable marchanderont mon âme.
Mais la bougie brûle.
Comme splendide elle brûle.
Un vent survient qui angoisse ma flamme.
La paraffine flotte autour de la bougie
Il semble que quelqu’un attende mon reflux.
Mais la bougie brûle.
Comme radieuse elle brûle.
La ténèbre arbore un visage confus :
Comme elle brûle blanche, comme belle est sa fin,
Si lente s’enfonce la mèche dans la paraffine.
Mais quelque chose s’estompe,
Encore quelque part s’estompe un scintillant.
Encore de la bougie la lumière sous mes yeux vacille.
Mais la grande foire céleste est imminente,
Où dieu avec le diable marchande l’âme des bougies.
/Traduit du letton par Jean-René Lassalle