Le rêve est le compagnon du marin. Il se pose sur l’horizon, prend la forme des nuages aux profils menaçants, suit les moustaches d’écume du navire et s’engloutit dans les torsades de son sillage. Il gonfle d’espoir le vaisseau bien habillé de ses toiles arrondies par le souffle d’Éole.
Sur la mer, tout est mouvement, la houle, les voiles, le vent, les nuages, le soleil, prévisible dans sa course..., . Seules, la nuit, les étoiles sont fixes.
Ils marchent encore durant quelques minutes et passent devant le couvent des Filles-Dieu.
– La cour des Miracles est derrière, annonce Simon.
– Qu’est-ce donc ? demande Francisco, intrigué.
– Cet endroit est fréquenté par les gueux, les gens sans aveux, et les larrons de tout genre. On l’appelle ainsi car ils y disparaissent la nuit tombée, « comme par miracle », et aussi parce que mendiants, aveugles, infirmes de profession y déposent le costume de leur rôle. Les aveugles voient, les paralytiques gambadent, et les boiteux se redressent. Ils sont très bien organisés.
Les pirates sont légion, tant du côté de l’orient que de l’occident. Il nous faudra être attentif à ne jamais perdre de vue le Capable. Tel un bon chien de garde, il nous faudra aboyer dès qu’un navire s’approchera. Nous ne pourrons nous fier aux pavillons. Les écumeurs des mers en possèdent plusieurs dizaines qu’ils hissent au gré de leur fantaisie pour nous rassurer et s’approcher à courte distance.