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Critique de oiseaulire


Dire que j'ai failli laisser tomber ce livre, un soir de lassitude... Travailler sans salaire, on aura tout vu, basta, me suis-je dit, de mauvaise humeur !
Et puis je l'ai repris. L'argument de l'auteur est à la fois complètement délirant et tout en rigueur. Une véritable enquête journalistique fictive, une oeuvre vachement bien ficelée, moitié compte-rendu d'un fait de société, moitié analyse sociologique. Finalement une réflexion sur l'aliénation comme principale composante de la condition humaine. Une sorte de performance artistique aussi : bâtir un monde plausible sur une hypothèse absurde ou prétendue telle.
Car comment ne pas réfléchir à partir de ce texte génial, intraitable et émouvant, à la définition même du travail et à son rôle véritable, au moment où la productivité est telle qu'il est de moins en moins un droit et de plus en plus un privilège accordé à quelques uns (puisqu'il n'y en a pas pour tout le monde) ? Un privilège qui ouvre le droit de ne vivre qu'en marge, dans les creux, dans le temps qu'il laisse vacant, de vivre "à défaut" ? Comment ne pas le voir comme un dieu avide et cruel, parcimonieux et écrasant, à qui toutes les autres valeurs doivent être subordonnées ? De là à travailler sans salaire, et même à payer pour travailler, il n'y a qu'un pas et notre société s'y achemine résolument par l'intermédiaire des nombreux stages non rémunérés qui fleurissent un peu partout et servent de variables d'ajustement aux entreprises peu désireuses d'augmenter leur masse salariale.
A l'instar d'Harpagon qui affichait dans sa salle à manger "il faut manger pour vivre et non vivre pour manger", quand donc aurons-nous la sagesse d'afficher la formule "il faut travailler pour vivre et non vivre pour travailler"
Et n'oublions pas le terrible "Arbeit Macht Frei" à l'entrée du camp d'Auschwitz.
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