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Critique de Bigmammy


Quand je découvre un auteur, je me précipite vers sa première publication. Parfois, c'est la meilleure, parfois, ce n'est qu'un début prometteur avant une carrière éblouissante. C'est ce qui m'a fait découvrir le premier roman d'Emile Zola, publié en 1865.

A 25 ans, Zola tente difficilement de vivre de sa plume. C'est peu dire qu'il « bouffe de la vache enragée » à Paris où il vit depuis 1858. Ayant échoué deux fois au baccalauréat, il n'a ni diplôme ni situation stable.
En 1852, il est manutentionnaire chez Hachette, une expérience qui lui servira plus tard … En 1863, son premier livre « Les contes à Ninon » a été publié à 1500 exemplaires chez Hetzel. Il habite alors avec sa mère, 142 boulevard Montparnasse.

Ce premier roman, écrit à la première personne, serait largement autobiographique. Il y décrit la première expérience amoureuse – douloureuse – d'un jeune intellectuel de vingt ans, pétri de remords, d'aspiration à la pureté, obsédé par la virginité et la duplicité des femmes vénales.

Laurence s'est imposée chez Claude parce qu'elle n'avait nulle part où aller. Il l'a recueillie dans l'espoir de la relever, de lui montrer qu'on peut gagner la rédemption en travaillant honnêtement. Laurence n'en a cure. Il commence à la haïr, mais il est trop pauvre pour la payer afin qu'elle s'en aille. Il reste pétri de ses illusions de jeune provençal isolé à Paris :

« Ce monde est poignant, l'étude en est âpre, pleine de vertige. Je voudrais pénétrer dans les coeurs et dans les âmes ; je suis attiré par ces femmes et ces hommes qui vivent autour de moi ; peut-être, au fond, ne trouverais-je que de la fange, mais j'aimerais à fouiller au fond. Ils vivent une vie si étrange, que je crois toujours être sur le point de découvrir en eux des vérités nouvelles. »

Le paradoxe est qu'il va tomber follement amoureux de cette femme meurtrie, vénale, laide et sèche. Et en devient jaloux à en mourir. Cette liaison fatale se dénouera après la mort d'une jeune phtisique, Marie, l'ancienne maîtresse de son condisciple Jacques, qui lui le trompe avec Laurence.

Certains diront qu'il s'agit d'un infâme mélo, mais le style est déjà là, entre idéalisme et cruauté, entre l'élévation naïve vers Dieu et la fange du ruisseau. « je vous parlais de la femme ; j'aurais voulu qu'elle naquît pareille aux fleurs sauvages, en plein vent, en pleine rosée, qu'elle fût plante des eaux, qu'un éternel courant lavât son coeur et sa chair. Je vous jurais de n'aimer qu'une vierge, une vierge enfant, plus blanche que la neige, plus limpide que l'eau de source, plus profonde et plus immense en pureté que le ciel et la mer. »

Trente courts chapitres, un ouvrage qui suscita jadis une enquête de moralité sans lendemain … Tout Zola avant les Rougon-Macquart.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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