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Critique de Eve-Yeshe


Dans ce premier volume, on fait la connaissance des protagonistes, leurs liens de parenté, leur évolution, alors que la République est en train de trembler, le Second Empire pointant le bout de son nez. le terrain de jeu est une ville de province imaginaire, Plassans, avec ses quartiers bien séparés les uns des autres, ses portes…

« Il y a une vingtaine d'années, grâce sans doute au manque de communications, aucune ville n'avait mieux conservé le caractère dévot et aristocratique des anciennes cités provençales. Elle avait, et a d'ailleurs encore aujourd'hui, tout un quartier de grands hôtels bâtis sous Louis XIV et sous Louis XV, une douzaine d'églises, des maisons de jésuites et de capucins, un nombre considérable de couvents. La distinction des classes y est restée longtemps tranchée par la division des quartiers. Plassans en compte trois, qui forment chacun comme un bourg particulier et complet, ayant ses églises, ses promenades, ses moeurs, ses horizons ». P 52

Emile Zola a choisi de nous présenter d'abord deux jeunes gens, Miette âgée de treize ans et son amoureux Silvère, qui se rencontrent à la tombée de la nuit pour ne pas être surpris et se découvrent. Silvère est un républicain convaincu ; il s'est instruit tout seul en lisant ce qui lui tombait sous la main et donc mal digéré selon les termes de l'auteur. Ils vont suivre le mouvement de la révolte des pauvres pour protéger la République et sont touchants, notamment Miette, enveloppée dans sa cape rouge et brandissant le drapeau.

Ensuite, l'auteur revient sur les différents protagonistes en nous décrivant la mère Adelaïde, ou tante Dide qui a eu un enfant de son premier mari : Pierre Rougon et deux autres enfants de son amant : Antoine et Ursule Macquart… On a ainsi la branche « dégénérée », pauvre, ignorante, les Macquart et celle qui va s'enrichir de manière plus ou moins brillante : les Rougon….

J'ai aimé la manière dont Zola construit ce roman, un premier chapitre qui raconte un évènement et les autres qui évoquent les personnages et leurs vies, sur fond de magouilles pour faire le bon choix et tirer les marrons du feu, opportunistes le plus souvent, retournant leur veste au bon moment estimant ne pas avoir la vie qu'ils mériteraient.

« La révolution de 1848 trouva donc tous les Rougon sur le qui-vive, exaspérés par leur mauvaise chance et disposés à violer la fortune, s'ils la rencontraient jamais au détour d'un sentier. C'était une famille de bandits à l'affût, prêts à détrousser les évènements. Eugène surveillait Paris, Aristide rêvait d'égorger Plassans, le père et la mère, les lus âpres peut-être, comptaient travailler pour leur compte et profiter en outre de la besogne de leur fils; Pascal, seul, cet amant discret de la science, menait la belle vie indifférente d'un amoureux, dans sa petite maison claire de la ville neuve. » P 99

J'avoue une préférence pour Félicité, la femme de Pierre Rougon, qui tire les ficelles de façon magistrale, avec ses réceptions tape à l'oeil dans son salon jaune, tout en lorgnant sur l'appartement d'en face qu'elle rêve de conquérir. de même j'ai pris beaucoup de plaisir à détester Antoine Macquart qui représente ce qu'il y a de plus pourri dans la branche.

Adelaïde n'est pas mal non plus, avec ses crises de folie (hystérie, bipolaire ?) qui ouvre une porte durant la nuit pour pouvoir rejoindre son amant.

J'ai lu, il y a fort longtemps, « L'Assommoir » et « Germinal » mais il manquait des éléments, ce livre permet de situer tout le monde.

Une belle écriture, parfois trop d'emphase, mais le contexte historique est tellement bien utilisé (cela permet de réviser !). Zola a voulu faire pour le Second Empire, ce que Balzac avait réalisé pour la Restauration et la Monarchie de Juillet, il ne s'en est jamais caché mais « Ne pas faire comme Balzac. S'attacher moins aux personnages qu'aux groupes, aux milieux sociaux… Et il n'y a pas d'ouvriers chez Balzac » écrit-il.

Je préfère l'écriture De Balzac, même si digressions, car il est moins chirurgical. A force de vouloir étayer sa théorie, Zola est trop dans l'opposition entre le bien et le mal, il oppose les personnages de manière trop tranchée et soulève moins d'émotions chez moi. Il n'en reste pas moins que sa férocité est jubilatoire pour le lecteur.

En route pour « La Curée »!

Challenge XIXe siècle
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