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Critique de Foufoubella


Cela faisait pile 10 ans que j'avais tourné la dernière page du Docteur Pascal, vingtième et dernier tome de la fresque socio-historique Les Rougon-Macquart ; je me suis dit qu'il était peut-être temps de relire l'intégralité de cette saga et me voilà donc replongée dans ce premier tome, douze ou treize ans après l'avoir lu pour la première fois.

De ce tome, je l'avoue, il ne me restait pas grand chose si ce n'est la scène d'ouverture, à l'aube du coup d'état de décembre 1851 par Louis-Napoléon Bonaparte. Il faut dire que La fortune des Rougon n'est sans doute pas le plus connu, ou du moins le plus lu, de la saga, la part belle étant généralement donnée à L'assommoir (mon préféré lors de ma première lecture), Germinal, Nana ou encore Au bonheur des dames (et j'en oublie forcément). S'il ne s'agit pas d'un des tomes les plus cités, il demeure cependant celui par lequel tout arrive puisqu'il expose le grand projet de Zola, soit l'étude d'une famille, par le biais de l'hérédité, sous le second empire. Plus qu'en auteur de fiction, Emile Zola s'est posé en témoin et analyste, le terme d'écrivain naturaliste n'ayant jamais aussi bien porté son nom.

Comme déjà dit, de cet opus, il ne me restait pas grand chose. Pourtant, il s'en passe dans ce roman d'ouverture. Déjà, nous rencontrons, si ce n'est l'intégralité des membres de cette famille, du moins les fondateurs, à commencer par Adélaïde Fouque, dite tante Dide, qui eut un fils avec son mari, monsieur Rougon, puis deux enfants avec son amant, monsieur Macquart. Ce roman place donc le lecteur en spectateur des origines de cette famille, des haines engendrées depuis l'enfance entre la branche légitime (Pierre Rougon) et ses demi-frère et soeur (Antoine et Ursule Macquart), « bâtards » de sa mère, le premier se sentant floué par l'existence des deux autres. Et on peut dire que tout n'est pas joli joli à Plassans, ville fictive du midi de la France, les comptes ne se réglant pas qu'en famille.
Zola, dans ce premier roman, n'épargne pas les « bonnes gens » et encore moins ses « héros », Pierre Rougon et son épouse, Félicité, en tête, qui retournent leur veste aussi souvent que nécessaire, dans le seul but d'amasser de l'argent, de la gloire, de la renommée et de la considération dans cette société qui ne les traite pas, selon eux, à leur juste valeur. C'est ainsi que peuvent se développer des rancoeurs ancestrales, se passant de génération en génération, quand on estime ne pas être à sa juste place. Seuls Silvère, le neveu de Pierre Rougon, et Pascal, son deuxième fils, et dans un moindre degré Adélaïde, l'aïeule de la famille, celle par qui tout commence, relèvent le niveau de cette famille à un degré acceptable de respectabilité.


Pourquoi lire Emile Zola ?
Parce qu'il y a ce que tout lecteur peut aimer, même si, de prime abord, on n'est « pas trop littérature du XIXème ». Même si vous préférez les intrigues à la Dynastie ou autre Dallas, vous trouverez forcément votre compte ici. Entre intrigues, coups bas et trahisons, vraiment, les séries d'aujourd'hui n'ont rien inventé. Et en prime, c'est ici servi dans une langue truculente, teintée de cynisme et d'ironie.

Pourquoi lire les Rougon-Macquart dans l'ordre ?
Sincèrement, vous pouvez lire chaque roman de cette formidable série indépendamment les uns des autres, vous vous y retrouverez aisément, chaque livre ayant sa propre histoire et son propre développement. Mais si vous comptez vous lancer dans l'intégralité des romans, je pense que les lire dans l'ordre est important. Outre peut-être mon côté psychorigide (et encore, il faudrait me le prouver), si Zola les a écrit dans un certain ordre c'est bien pour qu'on chemine tranquillement dans les méandres de cette famille, sans oublier que l'on peut retrouver, par exemple, un personnage central dans le roman sept qui n'était finalement que très secondaire dans le premier.
La fortune des Rougon, de mon point de vue, doit être lu en premier pour comprendre les origines du concept, comme le docteur Pascal doit être lu en dernier, en conclusion de cette incroyable aventure humaine.

Je ne peux que chaudement vous recommander de vous lancer dans cette fresque socio-historico-familiale.

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