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Critique de lebelier


Octave Mouret vient s'installer à Paris, rue de Choiseul dans un immeuble bourgeois où se côtoient un architecte, un conseiller à la cour, des employés, des commerçants – dont le vieux propriétaire, Vabre – et toute leur domesticité.
Octave entre aussi dans un monde de convenances, un univers de façade où les maîtres cachent sans cesse le scandale sur lequel l'église – représentée par l'abbé Mauduit – jette un voile de morale.
Pour le jeune homme, la réussite passe par la séduction des familles et surtout des femmes. Un peu sur le même plan, les jeunes filles –les filles Josserand, filles d'un petit employé – sont poussées par leur mère dans le monde afin de conclure un bon mariage, dotées par un oncle riche, le fameux oncle Bachelard, sorte de parvenu vulgaire et soiffard. Les hommes plus mûrs, comme le conseiller Duveyrier, sont menés par les femmes, notamment leurs maîtresses qui vengent leur condition – et en quelque sorte les jeunes filles en chasse- en choisissant un plus riche. Tout ce petit monde, ce microcosme social se retrouve dans l'immeuble dont la configuration même permet aux domestiques de montrer le côté obscur des frasques de leurs maîtres, où le flot des paroles ordurières monte du cloaque des ordures déversées par les fenêtres que l'on s'envoie par jeu ou par provocation.
Octave monte donc la gamme des femmes à séduire en bon disciple de Rastignac. Il y a la gentille, sur qui l'on peut toujours compter, la veuve effarouchée mais dont on sent le désir inassouvi, la jeune femme qui cherche l'aventure mais surtout l'argent de ses besoins égoïstes et enfin la commerçante dont le mariage se conclut comme un contrat marchand.
Ce roman – qui préfigure assez bien sa suite logique , Au bonheur des dames– m'a permis de renouer avec Zola qui m'avait jusqu'ici laissé une impression mitigée : fins convenues, style un peu lourd parfois. Ici, tout s'enchaîne à merveille. On sent bien sûr que l'auteur a une thèse à remplir mais il n'a pas son pareil pour camper une ambiance, décrire les travers aussi bien bourgeois que domestiques, et passer au scalpel des scènes qui font frémir d'angoisse et de douleur dont l'accouchement d'Adèle, la bonne des Josserand, seule, dans la nuit froide.
Rachel, bonne silencieuse et taciturne du jeune ménage Vabre, me semble assez bien résumer la pensée de l'ouvrage lorsqu'elle est renvoyée et donne enfin ses vrais sentiments :

" Je ne suis qu'une bonne, mais je suis honnête ! criait-elle, en mettant à ce cri ses dernières forces. Il n'y a pas une de vos garces de dames qui me vaille, dans votre baraque de maison ! … Bien sûr, que je m'en vais, vous me faites tous mal au coeur ! " 
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