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Critique de mylena


Une lecture que j'ai abordé avec un peu d'appréhension : après les chefs d'oeuvre que sont Germinal, L'Assommoir ou Nana, que j'avais lus et relus, j'avais l'impression que le risque d'être déçue était immense. Pourtant je me suis encore une fois régalée même si ce volume pourrait se résumer en la banale histoire d'une jeune fille pauvre de province qui tente sa chance à Paris, avec histoire d'amour à la clé. Dit comme ça, ce n'est guère tentant. Mais le sujet n'est pas là, comme dans tous les tomes des Rougon-Macquart, Zola dresse une peinture saisissante de son époque, et il s'arrête ici sur un moment important : la naissance des grands magasins à Paris. On y voit l'apparition des techniques de marketing et de la publicité ainsi que la concurrence acharnée avec les petits commerçants dans toutes les branches de l'habillement, des tissus et jusqu'à l'ameublement. Et le lecteur actuel sait que cela aboutira à la naissance de la grande distribution au siècle suivant, avec la disparition de pratiquement tous les autres commerces. Au fil du roman nous observons cette longue et lente lutte, perdue d'avance, mais sans que les perdants ne le réalisent, sans qu'ils ne perçoivent ni n'admettent que cette évolution est inéluctable. Denise, témoin de l'intérieur de ce changement, est d'emblée sympathique, d'autant que son ascension sociale commence mal et est semée d'embûches. Il n'y a pas de personnages foncièrement mauvais dans ce tome, plutôt des individus qui n'ont guère d'autre choix que d'être odieux pour s'en sortir, leur méchanceté est rarement gratuite. Reste que les rapports sociaux sont rudes, même si Zola n'égratigne guère le patron, Octave Mouret, d'autant moins que comme il le dit, si ce n'était lui qui avait fondé ce grand magasin, ce serait un autre. Tout sonne juste, tout est finement observé, jusqu'aux balbutiements de la vente par correspondance, l'apparition de la kleptomanie ou encore l'évolution du statut des femmes avec la possibilité d'être indépendante sans être considérée comme «de mauvaise vie», voire même de gagner plus d'argent que leur mari. La lecture est aisée avec un bon équilibre entre descriptions, actions et dialogues, sauf dans la dernière partie avec la semaine du Blanc. Bref, c'est encore un roman très réussi. Peut-être vais-je me décider enfin à lire les Rougon-Macquart dans l'ordre !
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