AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de pompimpon


"On riait plus haut, le groupe grandissait, tenait tout le milieu du salon, tandis que le jeune homme, noyé dans ce peuple d'épaules, dans ce tohu-bohu de costumes éclatants, gardait son parfum d'amour monstrueux, sa douceur vicieuse de fleur blonde."

Sa douceur vicieuse de fleur blonde, vraiment ?
Émile, vous permettez que je vous appelle Émile ? Non ? Pourquoi ça ne m'étonne pas, ça… bref, Monsieur Zola, la "douceur vicieuse de fleur blonde", franchement c'est pousser le bouchon un peu trop loin !

Bien sûr, nous ne sommes pas très amis, vous et moi. J'avais été atterrée à l'adolescence par les conditions de vie décrites dans L'Assommoir et Germinal (au point d'en avoir gardé quelques expressions, comme "danser devant le buffet" ou "porion") sans pour autant sentir de votre part la moindre sympathie pour vos personnages.

Nana m'avait confortée dans cette impression et j'avais préféré laisser là votre saga Rougon-Macquart.

Mais voilà qu'à la faveur du Challenge Solidaire, je dois me colleter un autre de vos ouvrages.

Que choisir ?
Cette Curée dont je n'avais pas entendu parler et qui évoquait la spéculation faramineuse autour des grands travaux entrepris dans Paris sous le Second Empire me semblait être une bonne piste.

On y rencontre Aristide Rougon qui se lance à la conquête de Paris, change de nom pour ne pas faire d'ombre à son frère Eugène devenu ministre, choisit donc de se faire appeler Saccard et trouve une épouse avec une forte dot pour s'enrichir lorsque sa pauvre Angèle a le bon goût de disparaître.

Le personnage central n'est en fait pas Aristide, bien que ses manoeuvres pour tirer parti des commissions d'indemnisations fleurissant sur les décombres du vieux Paris et pour dépouiller son épouse prennent de la place, non, c'est Renée, l'épouse en question.
Une jeune fille à qui il est arrivé un drame monstrueux, un viol suivi d'une grossesse, que vous traitez avec la dernière légèreté Monsieur Zola, qui se retrouve et se perd au coeur de ce monde avide de fêtes, de sensations, de scandales, d'argent puisque tout coûte, et cher, et se rend compte à 28 ans que plus rien ne l'intéresse et qu'elle s'ennuie.

Cet ennui la mènera à une liaison lamentable, dont vous nous montrez complaisamment le déroulement, Monsieur Zola.

Eh bien quoi, qu'espérais-je avec des personnages pareils ?
Précisémment qu'ils ne soient pas que "des personnages pareils", Monsieur Zola, faibles, veules, lâches, minables, radins, magouilleurs, et surtout, mous, pleins de mollesse, s'étalant mollement, agissant mollement, avec pléthore de chairs blanches et molles et de femmes molles et blanches, sans compter toutes ces références aux vices, aux vicieux et aux vicieuses, la "douceur vicieuse" citée plus haut constituant l'acmé de ce déballage.

Vous n'en aimez aucun, Monsieur Zola, et ne voulez surtout pas qu'il nous vienne à l'idée de vous confondre avec eux, vous vous tenez au large, vous donnez votre leçon.

En cela vous vous posez en censeur et méprisez votre monde, ce qui n'est pas agréable à lire tant vous forcez le trait.

Et je ne parle pas des tunnels de descriptions ne nous faisant grâce d'aucun ruban ni d'aucun reflet, qu'il s'agisse de vêtements, du Bois ou des appartements de Renée.

Je reste donc sur mon impression, nous nous nous aimons guère vous et moi, Monsieur Zola.
Et cette Curée qui m'a plutôt flanqué la nausée, n'y a rien changé.
Commenter  J’apprécie          1810



Ont apprécié cette critique (17)voir plus




{* *}