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Critique de Nastasia-B


La Curée constitue le second volet du fameux cycle des Rougon-Macquart, où l'on poursuit, comme dans La Fortune Des Rougon, le cheminement mondain du rameau " Rougon " de la famille, avec la seconde génération, notamment trois enfants de Pierre Rougon.

Il s'agit principalement du dernier fils de Pierre Rougon, Aristide, qui change d'ailleurs son nom en Saccard, pour ne pas compromettre — au cas où — la réputation du frère aîné, Eugène, impliqué en politique (voir le tome 6, Son Excellence Eugène Rougon) et second personnage masculin important, dans l'ombre du premier, à moins que cela ne soit l'inverse.

On y fréquente enfin l'une des soeurs, Sidonie Rougon, personnalité ambiguë, entremetteuse, courtière, bref ombre grise très utile ou très dangereuse, c'est au choix. Émile Zola nous dépeint la farouche avidité au gain d'Aristide qui se morfond de n'être que ce qu'il est, lors de sa fort modeste arrivée à Paris et qui va encore ruminer sa pauvreté pendant un certain temps.

Cependant, son frère Eugène lui ayant dégoté une place peu rémunératrice — mais stratégique — dans l'administration de la voirie, Aristide va vite comprendre l'intérêt que peut revêtir ce poste et les merveilleux délits d'initié qu'il autorise, à savoir, connaître avant tout le monde l'emplacement des immeubles qui seront évacués pour le percement des célèbres grands boulevards Haussmanniens.

Évidemment, spéculations, magouilles et fortune seront au bout de chaque boulevard…Fortune née en un jour, croquée en deux heures, travers absolu d'un monde qui flambe sans compter. (D'ailleurs, est-ce si différent aujourd'hui ?) Mais rien n'eût été possible à Aristide sans les premiers capitaux indispensables aux premières spéculations mirifiques, et c'est dans la fin prématurée — et bienvenue — de sa première épouse que Saccard va trouver le filon, par l'entremise de sa soeur Sidonie.

Rattraper le crime d'une conception honteuse, en dehors des liens du mariage, par une jeune fille de bonne famille, voilà qui pourrait être dans les cordes d'Aristide, qu'en dites-vous ? Car ce n'est pas le tout, il faut vite, vite, vite unir la belle Renée avant que son ventre ne prenne des proportions par trop scandaleuses... et bling ! voici la fortune de Saccard livrée sur un plateau d'argent par la dot avantageuse de l'étourdie gravide...

Renée va vivre dans la débauche de millions, de toilettes inavouables et même, même, dans l'indicible inceste, dont je vous laisse découvrir la nature, car il ne faut point trop en dire…

Ce livre est, selon moi, annonciateur de la dépravation du neuvième tome, Nana, et le symétrique du volume 18, L'Argent. Ici est détaillée la vie de débauche et du grand luxe côté jardin (alors que dans Nana c'est plutôt côté cour), l'aliénation morale de la femme, mais peu les montages financiers, tandis que dans L'Argent, c'est le contraire.

En tout cas, un éclairage intéressant sur cette période de création du nouveau Paris, même si certaines descriptions et certains passages sur les bals et sur le luxe des pièces ou des vêtements sont un peu longs par rapport à d'autres opus plus toniques, tel l'ébouriffant Au Bonheur des dames.

En outre ce n'est, encore une fois, que mon avis, dont les entrailles vacilleraient si elles étaient données en pâture à une meute d'esprits sagaces. Et que resterait-il après la curée ? Réponse : pas grand-chose…

N. B. : Une fois encore, il s'agit d'une critique écrite il y a fort longtemps, qui m'a été effacée suite aux calamiteuses fusions d'éditions qui n'ont rien à voir. Quand cela cessera-t-il ?
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