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Critique de ceanothus


Stéphane Zweig n'a pas écrit seulement des romans mais aussi des biographies. Leur intérêt est qu'elles ne se cantonnent pas à un relevé chronologique et à une analyse proprement historique. Stéphane Zweig bâtit dans chacune d'elles un portrait. C'est la profondeur psychologique des personnages qu'il étudie qui l'intéresse. J'ai lu plusieurs de ces biographies (dont celle qui concerne Marie-Antoinette) avec beaucoup de plaisir.

Ce livre sur Montaigne est le dernier de son existence et a été écrit juste avant son suicide. Zweig ne pouvait que se sentir proche de cet humaniste qui avait été confronté à la peste et aux guerres de religion comme lui l'était à la "peste brune". Quelques détails précis sur l'existence de Montaigne retiennent son attention. D'abord son éducation humaniste : les quatre premières années chez un paysan à apprendre la frugalité et le sens de l'effort, les années suivantes dans le château de Montaigne à ne converser qu'en latin même avec sa famille et avec les domestiques.
La langue française n'est découverte que plus tard, ainsi que la vie sociale dans les années-collège qu'il supporte très mal (il se réfugie dans la lecture et l'écriture). de retour dans ses terres, il jouit d'une éducation libertaire où tout est fait pour qu'il prenne plaisir à chaque moment de l'existence (réveil en musique) et pour qu'il puisse agir toujours selon son libre arbitre.
Le lecteur recueille d'autres informations sur sa gestion du domaine (qui ne le passionne guère), sur sa fonction de Maire de Bordeaux (pour laquelle il n'avait fait aucun acte de candidature), sur son attitude face à la peste (qui l'a fait considérer comme un lâche), sur le rôle politique entre les différents partis qu'on veut lui faire jouer, sur ses échecs. Ainsi se constitue peu à peu un portrait qui rend compte de la personnalité complexe de l'auteur des Essais.
La conclusion qu'on peut en tirer est que Montaigne "se prête aux autres" mais qu'il ne "se donne pas". Il veut coûte que coûte préserver en toute chose sa liberté intérieure.
Stéphane Zweig énumère dans son livre les règles qui, selon Montaigne, permettent à l'homme de rester un homme libre :
"être libre de la vanité et de l'orgueil, ce qui est sans doute le plus difficile,
se garder de la présomption,
être libre de la crainte et de l'espoir, de la superstition, libre des convictions et des partis,
être libre des habitudes : "l'usage nous dérobe le vrai visage des choses",
être libre des ambitions et de toute forme d'avidité (...),
être libre de la famille et des amitiés, libre du fanatisme : "chaque pays croit posséder la plus parfaite religion" et être le premier en toute chose,
être libre devant le destin, nous sommes ses maîtres ; c'est nous qui donnons aux choses leur couleur et leur visage,
Et la dernière liberté : devant la mort."
En maints endroits, Stéphane Zweig fait des rapprochements entre le monde qui l'entoure et celui de Montaigne et semble trouver en lui un modèle inaccessible.
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