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Découvert à l'occasion du festival Étonnants Voyageurs, La traversée du K.-O. de Mohamed al-Fakharany m'a littéralement soufflé. Véritable explosion qui nous conduit dans les ruelles étroites d'un bidonville de la plus grande métropole d'Afrique, ce roman décrit avec force une société violente et sordide. Sans pudeur et sans retenue, l'auteur égyptien dresse à l'aide de scènes courtes et choquantes le panorama d'une Égypte méconnue, loin des touristes et qui tend à la rapprocher des soulèvements qui vont la parcourir. Viol, prostitution, trafic de drogue, rien n'épargne le lecteur, tout comme rien n'a ménagé les personnages d'al-Fakharany, des personnages dévastés et torturés à la psychologie finement étudiée. Un roman puissant et un jeune auteur à suivre.
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L'ouvrage dévoile la perpétuelle construction de leur monde social, marqué par des relations conflictuelles qui laissent transparaitre des amours douloureux où se mêlent à la fois la violence, la virilité des hommes et une tendresse qui est de l'ordre du non-dit mais réelle. Peut-on vivre autrement dans un taudis qui structure en grande partie leur façon de dire et de faire ?

Hilal le chef de bande profondément respecté et craint par ses camarades qui ont tous plongé, par nécessité dans la drogue et la prostitution, vit dans un taudis avec sa mère, situé en face du cimetière. Il reprend les activités de son père qui s'adonnait aussi à la vente de la drogue, en prison, ayant refusé de payer la commission exigée par les policiers, condition pour le laisser exercer en toute liberté. Les premières paroles de Hilal, au tout début de l'ouvrage montrent la profonde révolte de ce jeune qui ne craint plus personne, même les autorités, s'agrippant à son autonomie, en sachant pertinemment tous les risques encourus. Prêt à tout parce que sa vie n'a été qu'humiliation, rejet et non-reconnaissance. " Haram ? Et crever de faim, c'est pas haram, peut-être ? beugle Hilal en jetant la recette de ses deals sur les genoux de sa mère. Elle flanque l'argent par terre. Il défait sa chemise au col et à la ceinture, sort une lame de la poche arrière de son jean, se taillade l'avant-bras, cogne du pied dans la tôle, maudit la mère du flic qui a fait coffrer son père et jure :
A la lecture de ce roman qui vous prend aux tripes, une conviction peut être énoncée : l'auteur, sans être sociologue, démontre sa capacité à restituer précisément les dires, les gestes de ces jeunes des bidonvilles. Refusant tout misérabilisme ou idéalisme, l'ouvrage est essentiellement focalisé sur une approche réaliste brutale et directe du quotidien des jeunes des bidonvilles. Il n'hésite pas indiquer que le chantage, les pressions et les promesses d'argent ou d'une relaxe auprès de certains jeunes de taudis, représentent autant de moyens efficaces mobilisés par la police, pour en faire des briseurs violents des manifestations qui se sont multipliées ces dernières années au Caire.
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Paru en 2007, La traversée du K.O. a attendu 7 ans sa traduction française. Ce premier roman de Mohamed al-Fakharany se concentre sur les habitants d'un bidonville cairote où règne la loi de la jungle. Survivre ou mourir, c'est la seule alternative. Drogue, prostitution, violences de tous ordres, haine farouche de la police, le quotidien est saumâtre et l'espoir d'une vie meilleure n'a aucune chance de se concrétiser. le romancier passe d'un personnage à l'autre, apostrophe l'un d'eux, nous immerge totalement dans les miasmes d'un univers sordide, en apnée. Al-Fakhrany ne respecte pas les règles du roman classique. Pas de véritable trame mais des scènes courtes comme dans un clip. Si le livre était une forme de musique, ce serait du rap ou alors du slam, brutal, abrupt, sans concessions. Misérabiliste ? Oui et non, plutôt un constat lucide, choquant parce que nous rappelant que l'homme est un animal quand il n'a rien d'autre qu'un air méphitique à respirer. Impossible de dire qu'on aime un tel livre qui nous submerge de fange. On est sans cesse à la recherche d'un soupçon d'humanité et on en trouve de temps à autre. Mais tellement peu.
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L'Egypte contemporaine - la réelle, pas celle des touristes, cet interstice où naît la stupéfaction. Roman poignant, dressant le tableau réaliste d'une société de corruption, violences, drogues, prostitution (Nahed-la-suceuse, Sabah-sans-pénétration, Mona-tard-dans la nuit), de caïds, proxénétisme …, qui retrace la vie des habitants d'un bidonville en juxtaposant leurs histoires, des histoires qui n'ont d'ailleurs pas toujours de liens entre elles, ce qui m'a parfois d'ailleurs gêné. Pas évident de mémoriser tous ces personnages, qui interviennent et repartent aussi vite, pour réapparaître plus loin.
Le vocabulaire est cru, le style, vif, les phrases sont courtes, pour décrire le bidonville, les vies violentées, la violence faite aux femmes, toutes les violences administrées par le gouvernement ou entre protagonistes, le sexe obsédant les hommes, le porno …Les rêves, les désirs, les espérances, la tendresse ont aussi leur place dans ce roman. J'ai été touché par ces récits, ces personnages qui tentent de survivre, plutôt que de vivre. Ils auraient certainement fait pour la plupart d'autres choix, si seulement … ils avaient pu. On n'a pas toujours la chance de choisir ... sa vie ...dans un bidonville.
« Si tu avais pu connaître cet instant, Fouad, ne serait-ce qu'une fois dans ta vie… »
« Les vaincus de l'Histoire parviennent toujours à dénicher dans leurs rangs celui qui leur servira de héros, celui qui leur rendra supportable le poids de l'asservissement, qui leur permettra de regarder leur misérable condition avec dérision, de lui tirer la langue, d'en rire jusqu'à ce que leurs yeux sortent de leurs orbites ».
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Cet interstice où naît la stupéfaction
Hilal, Badri, Faraoula, Hussein, Amina, Nargès, Hassouna, Awad, Naïma, Sayyed, Oum Hanane, Fawzi, Fouad, Samah, Khalil, Waganat, Georges, Sharnoubi, et les autres, des femmes et des hommes, les gens du triangle…

« Les vaincus de l'Histoire parviennent toujours à dénicher dans leurs rangs celui qui leur servira de héros, celui qui leur rendra supportable le poids de l'asservissement, qui leur permettra de regarder leur misérable condition avec dérision, de lui tirer la langue, d'en rire jusqu'à ce que leurs yeux sortent de leurs orbites ».

L'ombre de Ramsès, la Corniche, le Pacha, les caves, les rues du Caire, le Géant, la piaule à défonce, les toits…

La violence, les flics, la corruption, les drogues, les caïds, le proxénétisme, les coups, les viols…

La prostitution, Nahed-la-suceuse, Sabah-sans-pénétration, Mona-tard-dans la nuit…

Le bidonville, les vies brutalisées, la violence exercée sur les femmes, la violence des relations entre personnes, la violence du « gouvernement »…

Les obsessions des hommes, le cul, le sexe…

Et cependant, les rêves, les espérances, les désirs, la tendresse…

Une part de la société, visitée avec le réalisme des mots, le rythme de petites phrases.

« Si tu avais pu connaître cet instant, Fouad, ne serait-ce qu'une fois dans ta vie… »


Lien : https://entreleslignesentrel..
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Chaque fois que j'ai lu un roman dont le cadre est l'Egypte contemporaine - la réelle, pas celle des touristes - j'ai été effaré par le tableau réaliste de cette société grouillante, corrompue, empreinte d'une grande religiosité purement de façade et obligée de survivre tant bien que mal, plutôt que de vivre. "La traversée du K.-O." est une nouvelle illustration de cette situation qui est (au pire) tragique ou (au mieux) tragi-comique. Les lecteurs qui ont posté avant moi des commentaires sur ce livre en ont parfaitement donné l'ambiance. Nous suivons les minables aventures des habitants d'un bidonville du Caire, où règne la loi de la jungle. C'est un milieu où dominent la saleté, la drogue, la prostitution, les violences de tous ordres (notamment à l'encontre des femmes), l'obsession du sexe, la haine farouche de la police, et où la vie est quotidiennement désespérante, Sur tous les plans, l'Etat brille par son absence sauf par sa police, cruelle et inefficace, qui se laisse généralement corrompre par les voyous. L'Egypte est comme une cocotte-minute qui semble toujours sur le point d'exploser. Elle a beaucoup bougé en 2011, mais on est revenu aussitôt à la case départ…
Ce qui caractérise ce livre, c'est qu'il n'y a pas à proprement parler d'intrigue, pas de développement d'une histoire romanesque. C'est la juxtaposition des petites aventures vécues par les habitants du bidonville, sans net lien entre elles: à cause de cette particularité le lecteur peut être frustré, d'autant qu'il doit aussi mémoriser le nom des nombreux personnages. Mais le rythme est alerte, le style est vif, le vocabulaire est cru, le propos est virulent. Je me demande seulement pourquoi l'éditeur français a choisi ce titre. le titre original en arabe - quelque chose comme "l'intervalle de la stupéfaction" - était plus original et plus mystérieux.
Pour conclure sur ce livre, j'exprimerai aussi une impression importante: le lecteur devine l'embryon de tendresse de Mohamed al-Fakharany pour ses personnages, qui auraient été meilleurs dans une société moins cruelle.
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Le roman de Mohamed al-Fakharany nous fait plonger dans un monde très dur où le fait de vivre se résume à un combat de tous les jours. L'auteur utilise un langage cru pour décrire la vie d'une poignée de jeunes gens habitant dans un bidonville du Caire. La violence, la corruption, la drogue ainsi que la prostitution y sont les maîtres-mots.
On ne peut ressortir qu'ébranlé par une telle lecture !
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