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Citations sur Poésies complètes. Regards et jeux dans l'espace. Les sol.. (33)

Autrefois.

Autrefois j’ai fait des poèmes
Qui contenaient tout le rayon
Du centre à la périphérie et au-delà
Comme s’il n’y avait pas de périphérie mais le centre seul
Et comme si j’étais le soleil: à l’entour l’espace illimité
C’est qu’on prend de l’élan à jaillir tout au long du rayon
C’est qu’on acquiert une prodigieuse vitesse de bolide
Quelle attraction centrale peut alors empêcher qu’on s’échappe
Quel dôme de firmament concave qu’on le perce
Quand on a cet élan pour éclater dans l’Au-delà.

Mais on apprend que la terre n’est pas plate
Mais une sphère et que le centre n’est pas au milieu
Mais au centre
Et l’on apprend la longueur du rayon ce chemin trop parcouru
Et l’on connaît bientôt la surface
Du globe tout mesuré inspecté arpenté vieux sentier
Tout battu

Alors la pauvre tâche
De pousser le périmètre à sa limite
Dans l’espoir à la surface du globe d’une fissure,
Dans l’espoir et d’un éclatement des bornes
Par quoi retrouver libre l’air et la lumière.

Hélas tantôt désespoir
L’élan de l’entier rayon devenu
Ce point mort sur la surface.

Tel un homme
Sur le chemin trop court par la crainte du port
Raccourcit l’enjambée et s’attarde à venir
Il me faut devenir subtil
Afin de, divisant à l’infini l’infime distance
De la corde à l’arc,
Créer par ingéniosité un espace analogue à l’Au-delà
Et trouver dans ce réduit matière
Pour vivre et l’art.
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VI FACTION.

Commencement Perpétuel.

Un homme d’un certain âge
Plutôt jeune et plutôt vieux
Portant des yeux préoccupés
Et des lunettes sans couleur
Est assis au pied d’un mur
Au pied d’un mur en face d’un mur

Il dit je vais compter de un à cent
À cent ça sera fini
Une bonne fois une fois pour toutes
Je commence un deux et le reste

Mais à soixante-treize il ne sait plus bien

C’est comme quand on croyait compter les coups de minuit
et qu’on arrive à onze
Il fait noir comment savoir
On essaye de reconstruire avec les espaces le rythme
Mais quand est-ce que ça a commencé

Et l’on attend la prochaine heure

Il dit allons il faut en finir
Recommençons une bonne fois
Une fois pour toutes
De un à cent
Un...
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Fièvre.

Reprend le feu
Sous les cendres

Attention
On ne sait pas
Dans les débris

Attention
On sait trop bien
Dans les débris
Le moindre souffle et le feu part

Au fond du bois
Le feu reprend
Sournoisement
De moins en plus fort

Attention
Le feu reprend
Brûle le vent à son passage

Le feu reprend
Mais où passer
Dans les débris
Tout fracassés
Dans les écopeaux
Bien tassés

La chaleur chauffe
Le vent se brûle
La chaleur monte
Et brouille le ciel

À lueurs lourdes
La chaleur sourde
Chauffe et me tord

La chaleur chauffe
Sans flamme claire
La chaleur monte
Sans oriflamme
Brouillant le ciel
Tremblant les arbres
Brûlant le vent à son passage.

Le paysage
Demande grâce
Les bêtes ont les yeux effarés
Les oiseaux sont égarés
Dans la chaleur brouillant le ciel

Le vent ne peut plus traverser
Vers les grands arbres qui étouffent
Les bras ouverts
Pour un peu d’air

Le paysage demande grâce
Et la chaleur intolérable
Du feu repris
Dans les débris
Est sans une fissure aucune
Pour une flamme
Ou pour le vent.
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Maison Fermée.

Je songe à la désolation de l’hiver
Aux longues journées de solitude
Dans la maison morte -
Car la maison meurt où rien n’est ouvert -
Dans la maison close, cernée de forêts

Forêts noires pleines
De vent dur

Dans la maison pressée de froid
Dans la désolation de l’hiver qui dure

Seul à conserver un petit feu dans le grand âtre
L’alimentant de branches sèches
Petit à petit
Que cela dure
Pour empêcher la mort totale du feu
Seul avec l’ennui qui ne peut plus sortir
Qu’on enferme avec soi
Et qui se propage dans la chambre

Comme la fumée d’un mauvais âtre
Qui tire mal vers en haut
Quand le vent s’abat sur le toit
Et rabroue la fumée dans la chambre
Jusqu’à ce qu’on étouffe dans la maison fermée

Seul avec l’ennui
Que secoue à peine la vaine épouvante
Qui nous prend tout à coup
Quand le froid casse les clous dans les planches
Et que le vent fait craquer la charpente

Les longues nuits à s’empêcher de geler
Puis au matin vient la lumière
Plus glaciale que la nuit.

Ainsi les longs mois à attendre
La fin de l’âpre hiver.

Je songe à la désolation de l’hiver
Seul
Dans une maison fermée.
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V DE GRIS EN PLUS NOIR.

Spleen.

Ah! quel voyage nous allons faire
Mon âme et moi, quel lent voyage

Et quel pays nous allons voir
Quel long pays, pays d’ennui.

Ah! d’être assez fourbu le soir
Pour revenir sans plus rien voir

Et de mourir pendant la nuit
Mort de moi, mort de notre ennui.
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Un Mort Demande A Boire.

Un mort demande à boire
Le puits n’a plus tant d’eau qu’on le croirait
Qui portera réponse au mort
La fontaine dit mon onde n’est pas pour lui.

Or voilà toutes ses servantes en branle
Chacune avec un vase à chacune sa source
Pour apaiser la soif du maître
Un mort qui demande à boire.

Celle-ci cueille au fond du jardin nocturne
Le pollen suave qui sourd des fleurs
Dans la chaleur qui s’attarde à l’enveloppement de la nuit
Elle développe cette chair devant lui

Mais le mort a soif encore et demande à boire

Celle-là cueille par l’argent des prés lunaires
Les corolles que ferma la fraîcheur du soir
Elle en fait un bouquet bien gonflé
Une tendre lourdeur fraîche à la bouche
Et s’empresse au maître pour l’offrir

Mais le mort a soif et demande à boire

Alors la troisième et première des trois soeurs
S’empresse elle aussi dans les champs
Pendant que surgit au ciel d’orient
La claire menace de l’aurore
Elle ramasse au filet de son tablier d’or
Les gouttes lumineuses de la rosée matinale
En emplit une coupe et l’offre au maître

Mais il a soif encore et demande à boire.

Alors le matin parait dans sa gloire
Et répand comme un vent la lumière sur la vallée
Et le mort pulvérisé
Le mort percé de rayons comme une brume
S’évapore et meurt
Et son souvenir même a quitté la terre.
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IV DEUX PAYSAGES.

Paysage En Deux Couleurs Sur Fond Du Ciel.

La vie la mort sur deux collines
Deux collines quatre versants
Les fleurs sauvages sur deux versants
L’ombre sauvage sur deux versants.

Le soleil debout dans le sud
Met son bonheur sur les deux cimes
L’épand sur faces des deux pentes
Et jusqu’à l’eau de la vallée
(Regarde tout et ne voit rien)

Dans la vallée le ciel de l’eau
Au ciel de l’eau les nénuphars
Les longues tiges vont au profond
Et le soleil les suit du doigt
(Les suit du doigt et ne sent rien)

Sur l’eau bercée de nénuphars
Sur l’eau piquée de nénuphars
Sur l’eau percée de nénuphars
Et tenue de cent mille tiges
Porte le pied des deux collines
Un pied fleuri de fleurs sauvages
Un pied rongé d’ombre sauvage.

Et pour qui vogue en plein milieu
Pour le poisson qui saute au milieu
(Voit une mouche tout au plus)

Tendant les pentes vers le fond
Plonge le front des deux collines
Un de fleurs fraîches dans la lumière
Vingt ans de fleurs sur fond de ciel
Un sans couleur ni de visage
Et sans comprendre et sans soleil
Mais tout mangé d’ombre sauvage
Tout composé d’absence noire
Un trou d’oubli - ciel calme autour.
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Pins A Contre-Jour.

Dans la lumière leur feuillage est comme l’eau
Des îles d’eau claire
Sur le noir de l’épinette ombrée à contre-jour

Ils ruissellent
Chaque aigrette et la touffe
Une île d’eau claire au bout de chaque branche

Chaque aiguille un reflet un fil d’eau vive

Chaque aigrette ruisselle comme une petite source qui bouillonne
Et s’écoule
On ne sait où.

Ils ruissellent comme j’ai vu ce printemps
Ruisseler les saules eux l’arbre entier
Pareillement argent tout reflet tout onde
Tout fuite d’eau passage
Comme du vent rendu visible
Et paraissant
Liquide
À travers quelque fenêtre magique.
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Saules.

Les grands saules chantent
Mêlés au ciel
Et leurs feuillages sont des eaux vives
Dans le ciel

Le vent
Tourne leurs feuilles
D’argent
Dans la lumière
Et c’est rutilant
Et mobile
Et cela flue
Comme des ondes

On dirait que les saules coulent
Dans le vent
Et c’est le vent
Qui coule en eux.

C’est des remous dans le ciel bleu
Autour des branches et des troncs

La brise chavire les feuilles
Et la lumière saute autour
Une féerie
Avec mille reflets
Comme des trilles d’oiseaux-mouches
Comme elle danse sur les ruisseaux
Mobile
Avec tous ses diamants et tous ses sourires.
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Les Ormes.

Dans les champs
Calmes parasols
Sveltes, dans une tranquille élégance
Les ormes sont seuls ou par petites familles.
Les ormes calmes font de l’ombre
Pour les vaches et les chevaux
Qui les entourent à midi.
Ils ne parlent pas
Je ne les ai pas entendus chanter
Ils sont simples
Ils font de l’ombre légère
Bonnement
Pour les bêtes.
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