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Critique de ATOS


Image et poésie. Lignes en mots, courbes en marge. Image. Image et poésie. Exaltation du visible et du lisible. Figure antique, l'ekphrasis n'a jamais cessé d'évoluer. Quittant le descriptif elle n'a jamais cessé de tendre vers l'harmonique.
C'est au 20 e siècle que sa libération s'est opérée.
Appolinaire, Cendras, Delaunay, Breton, Miro, Ponge, Char, Michaux, de Chirico, Picasso, Ernst, Eluard, Man Ray. Et tant d'autres. ..
L'image et l'écrit n'ont plus alors à se répondre, ni à se dire, mais naturellement ils ont à s'entendre.
« Les Mains libres », ouvrage d'art, regroupant textes d' Paul Eluard et dessins de Man Ray en est un parfait exemple.
Il ne faut pas rechercher l'illustration des formes. Il s'agit là de contempler une composition.
Les deux formes se détachent l'une de l'autre. Non pas pour s'écarter l'une de l'autre mais pour s'entendre à se compléter l'une l'autre et de cette façon leur permettre de naturellement se sublimer.
Cet écart, si l'on peut le nommer ainsi, cette respiration de l'esprit, ce vide si l'on tente un rapprochement avec la grande tradition de la peinture chinoise, permet à l'une et l'autre forme de parfaitement se détacher, se «  juste à poser », pour que l'une et l'autre entrent en résonance et que naturellement se crée un attachement entre elles.
C'est en ce détachant du descriptif que cette figure a trouvé sa forme la plus pure.
Deux objets, poésie et image, créent alors l'espace nécessaire afin que se fasse entendre l'harmonie de leur accord, tel la montagne avec le fleuve, tel l'arabesque avec le trait. Nous voyons ainsi naître de l'union de deux arts différents un art à part entière.
C'est alors qu'apparaît la troisième image, la vision intérieure née de l'harmonie de l'ensemble ainsi devant nous, composée.
En fuyant la concordance mimétique, Man Ray et Eluard créent une évidente et pure sonorité.
Chaque « objet » pouvant « être » indépendamment l'un de l'autre, mais se trouvant sublimés par leur rapprochement, comme si celui ci en créant un « chant » magnétique faisait entrer chaque objet, le visible et le lisible, en vibration, provoquant ainsi la sonorité de leur accord.
Et cette figure n'est pas réservée à la poésie et à l'image, elle peut être produite par tous les objets : image et musique, couleurs entre elles, formes entre elles, lumière et geste, peinture et nature, matière et parfum, corps et langage, rythme et silence, etc …. La composition repose sur l'accord et non sur l'objet.
« Les Mains libres » c'est justement cela, l'évocation de ce «  tout possible » de l'Art , chant libre que Paul Eluard et Man Ray nous font ici magnifiquement entendre.
Astrid Shriqui Garain
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