Non, elle ne baisserait plus les yeux devant personne, et certainement pas devant lui, lui qui l’avait crue conquise, acquise, soumise. Le souvenir de Sir Edward revint, vivace, dans son esprit. Ce dernier sourire, ces yeux gris qui avaient soutenu les yeux bleus qu’elle affrontait à présent…
« Je chante pour toi, ô Keltia !
Et tous les miens chantent avec moi… »
Elle en avait désormais la certitude : elle n’était pas seule. Son parrain était avec elle, et sa mère aussi, et Lord William. Ils lui avaient donné une arme, la plus redoutable des armes. Alors, sans détacher son regard de ces yeux bleus qu’elle détestait tant, elle étira les lèvres en un sourire qui n’avait rien de courtisan, rien qui siée à une dame. C’était le sourire qu’elle avait vu sur les photos de Mona d’Enez Eusa, sur les portraits de Sir Edward et de sa sœur, Sir Lindsey : un sourire bravache de guerrière, qui sait que sa victoire est proche.
« Ô Keltia, si je dois mourir,
Pour que tes enfants vivent heureux,
J’irai me battre et avec un sourire,
Je tomberai dans tes bras bleus. »
Face à elle, Louis-Philippe déglutit un peu trop fort, déstabilisé. Elle comprit qu’il l’avait reconnue, et la surprise de voir sur son visage, autrefois aussi fixe que celui d’une poupée, une expression aussi franche, aussi sûre, suffit à le déstabiliser.
Ryûzaki nota que le patrouilleur donnait à son garde du corps un mug portant l’inscription : « Je suis mignon… à l’intérieur » et figurant un petit chat portant un kigurumi de dragon. Il tiqua un peu plus en recevant celui dont le message était « Grognon du matin, pas câlin ». Shadow lui sauta sur les genoux et réclama des caresses, qui lui furent instantanément accordées. Arkhip et Tasha, les deux renards-garous, grimpèrent chacun sur une épaule d’Alcyone, dardant sur les invités leurs regards attentifs.
- Comment va Ren-san ? s’enquit Levana.
- Il dort. Il allait vraiment mal, aujourd’hui. Il dit que c’est à cause d’un truc important que fait le p’tit Orque, et que c’est pas bien grave.
- Mais tu es inquiet quand même, constata Ryûzaki.
- Tu l’serais aussi, si c’était ton frère.
- Je n’ai pas de frère.
- T’as une sœur. C’est pareil.
Ryûzaki roula des yeux. Un point pour l’Aeling.
On n'érige des murs que quand on a peur d'ériger des ponts. Et je n'aime pas l'idée que des Keltiens aient un jour vécu dans la peur. Même si je sais que c'est le cas.
- La peur qu'elle inspire fait partie de la grandeur d'une nation.
- Ou de son incapacité à vivre en paix.
Quand avez-vous perdu la capacité de vous émerveiller ?
L'humanité peut sombrer dans le chaos, la guerre et la haine, se détruire elle-même et la majeure partie de la planète avec... et les étoiles continueront de briller
Et puis demander à un Feu-follet de rester assis était aussi futile que de demander à une Selkie de s'habiller"
Il n'y a rien de plus terrible dans un patriarcat, qu'une femme privée de sororité. Autant pour elle-même que pour le monde...
L'handicapé vous emmerde, Kenzô-kun.
Alors vous comptez me faire mariner comme du gingembre ou vous lâcher le morceau ?
Ca devait être épuisant de constater que la réalité ne se conformait pas au mythe dans lequel il avait été éduqué