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Critique de mesrives


Vous avez déjà mangé à l'heure espagnole mais là nous allons passionnément vivre à l'heure suédoise.
Klas Ostergren avec Gentlemen nous déroule un panoramique de la société suédoise à travers sa jeunesse mais aussi une chronique des années 1960 et 1970 impactée par les grands événements politiques, culturels et artistiques de la scène internationale.
Le narrateur du récit s'appelle comme l'auteur Klas Ostergren, et il est le témoin privilégié du spectacle offert au quotidien par les frères Morgan, les Gentlemen.
Ecrivain en panne sèche, il accepte pour l'été d'être dragster afin de retrouver une autonomie financière , l'occasion de côtoyer du beau monde et d'accepter la commande d'un éditeur : écrire une version contemporaine du le cabinet rouge de August Strindberg .
Les jeux du hasard mettront sur sa route les frères Morgan, d'abord Henry, l'aîné puis Léo, le cadet.
C'est alors qu'une nouvelle voie s'ouvre à Klas, lui apportant une parenthèse qui aboutira à une amitié sincère et à la remise en cause de ses précédents projets.
Après six mois de cohabitation dans l'appartement des frères Morgan ces derniers disparaissent sans laisser de traces, ce qui laisse présager du pire. Klas décide alors, après une agression qui a failli lui coûter la vie, de les réhabiliter.
« J'ai une plaie au crâne et des ennemis aux basques. Tout le monde a un petit ennemi, mais le mien, je le partage avec mes amis, et mes amis ont disparu. Ils ne m'ont jamais désigné mon ennemi, je ne sais donc pas à quoi il, elle, ou ça ressemble. Je ne peux que le deviner. Ces pages ne seront pas tant un portrait d'ennemi, une description du Mal, qu'un portrait de mes amis, une description du Bien et de ses possibilités . Ce sera un conte noir, car j'incline à penser que le Bien ne présente que des impossibilités, Nous devons nous permettre de désespérer au moins de temps en temps . Quand on a subi des violences graves et qu'on a failli y laisser la vie, c'est en tout cas excusable.
Eu égard à mon état – ma tête ne doit pas être soumise à trop rude pression, ont dit les médecins après le traitement – et au temps qui me paraît de plus en plus insoutenable, je dois me mettre à l'oeuvre sans attendre. J'ai l'intention d'ériger un temple, un monument aux frères Morgan. C'est le moins que je puisse faire pour eux, où qu'ils soient. »

Voilà, rendez-vous au club d'athlétisme Europe de Hornstull de Stockholm: Klas découvre pour la première fois Henry et il est immédiatement séduit. Il faut dire qu'il est irrésistible, il déborde de talents et de vie: boxeur, pianiste, jazzman, barman, compositeur, voyageur, etc..
Puis dans un second temps, il rencontre Léo, et apprend à l'apprécier: Léo le poète, botaniste à ses heures, joueur d'échecs hors pair, une âme tourmentée etc...
Une caméra embarquée au sein de la famille Morganstjarna (les grands-parents, les parents), au coeur de la société suédoise ( avec des journalistes peu scrupuleux) et de son histoire (évocation du passé trouble avec l'Allemagne nazi de certains magnats de l'industrie) pour mieux comprendre l'odyssée d'Henry et la dérive de Léo.
Nous devenons spectateurs de scènes de vie d'artistes et de littérateurs comme le fut dans son temps, le héros, Arvid Falk dans le cabinet rouge.
Un récit très vivant à travers le destin de ces deux frangins incorrigibles ou si peu.
On déambule dans Stockholm et ses bars, on découvre ses galeries sous terraines,  on se promène sur l'île de Stormo, on fait la fête, on décuve, on écoute du jazz, les Beatles, on lit des poèmes, on manifeste, on monte sur les barricades, on rencontre Sartre, Dali à Paris...
Le lecteur est pris dans le tourbillon de la vie de nos jeunes protagonistes...
On s'amuse avec eux mais on s'inquiète aussi car on partage leurs secrets.

Publié en 1980, livre culte en Suède, il ne me reste plus qu'à découvrir le deuxième opus Gangsters, la face cachée de Gentlemen.
Klas Ostergren pourrait, me semble-t-il s'approprier une boutade de  August Strindberg:
"Je suis un diable d'homme qui a plus d'un tour dans son sac."
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