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La Griffe du chien

Série de 3 livres (Terminée). Écrite par Don Winslow (3),

La griffe du chien par Winslow
tome : 1
Cartel par Winslow
Don Winslow
4.34★ (2044)
tome : 2
La Frontière par Winslow
Don Winslow
4.53★ (1711)
tome : 3

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Dernières critiques
La griffe du chien

Après les quelques livres décevants que j'ai lus ces derniers temps, J'ai reçu une gifle monumentale, comme je les aime, avec "La griffe du chien" de Don Winslow. Je ne m'y attendais pas du tout, surtout avec la première centaine de pages, foisonnantes de personnages de tout bord, flics et trafiquants, souvent intimement liés, qui demande un effort de concentration pour comprendre la situation.



L'intrigue, elle-même, donne du fil à retordre et c'est ce qui est génial quand on se laisse enfin emporter par l'action en abandonnant l'esprit manichéen habituellement véhiculé par la littérature policière. Il est beaucoup plus confortable de voir des hors-la-loi horribles, face à des flics blancs comme neige. Seulement ici, le regard est différent. La neige ne manque pas, au Mexique, entre la coke, le crack, le Speed et autres substances rapportant des sommes astronomiques aux trafiquants de drogues, sous le regard, faussement innocent, de son voisin, les États-Unis. Entrer dans l'intimité des truands n'est pas sans risques. Le lien dérangeant se tissant immanquablement avec le lecteur brouille les cartes.



Don Winslow propose un voyage en immersion, et souvent en apnée, dans le monde des narcotrafiquants, avec guerre des clans, complots pour prendre le pouvoir, flics aussi corrompus que l'administration en place et quelques purs épars, incorruptibles, qui payent souvent le prix fort ! Sans aucune compassion, il traite son roman comme un documentaire au milieu d'un enfer de violence, sur une dizaine d'années (1990-2000), reprenant des grands noms mondialement célèbres comme Pablo Escobar. Effroyablement efficace !



Les 830 pages de ce pavé, hormis les premières dizaines, pour moi, entrent dans ce bain bouillonnant, abordent tous les aspects du marché de la drogue, le racket, les exécutions sommaires, les tortures, les empoisonnements, les embuscades, l'affrontement des bandes rivales pour s'approprier un territoire ou le défendre. Les balles sifflent tous azimuts provenant d'un arsenal varié et précis, lance-roquettes, fusils mitrailleurs M60 et M50, AK-47, M-16, etc. Régulièrement, en cours de lecture, me revenaient en tête des images de films impressionnants comme "Le Parrain" de Francis Ford Coppola (1972) et "Le Traître" de Marco Bellocchio (2019).



L'auteur n'hésite pas à mettre dans la bouche de ses personnages de fiction, des démonstrations géopolitiques très pertinentes, des dénonciations de corruption évidente, des rapports de force avec les rivalités entre Mexicains, Irlandais, Italiens et Américains. La simplicité avec laquelle ces thèmes sont abordés permet, aux néophytes comme moi, d'appréhender l'ampleur de la gangrène.



La fiction est vive, percutante, souvent sordide et terrifiante, dont les ramifications tentaculaires s'étendent jusqu'au Vatican. Don Winslow réalise une réelle prouesse littéraire, quasiment journalistique, avec des séquences terriblement fortes comme le réalisme du tremblement de terre ou le déroulement de l'opération finale, qui interdit l'abandon du récit avant la fin.



Avec cette pépite, je souscris entièrement à l'appréciation de James Ellroy, en quatrième de couverture : « Le plus grand roman sur la drogue jamais écrit. Une vision grandiose de l'Enfer de toutes les folies qui le bordent. »



Après une période de pause, parce que j'ai besoin de reprendre mon souffle, je n'hésiterai pas une seule seconde à continuer l'aventure dans la sphère du crime organisé, aux côtés d'Art Keller et d'Adán Barrera dans "Cartel" puis "La Frontière".



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La griffe du chien

Je me suis coltiné la trilogie entière, et je l'ai finie le dernière jour entre 4h et 7h du matin, c'est dire qu'il m'a accroché, le camarade Winslow. Pourtant, la lecture n'est pas aisée: beaucoup de personnages, timeline énorme, impossible à lire par petits bouts, trop complexe. Or, la traduction est vraiment réussi, les personnages denses et cohérents. Un vrai plaisir de lecture et un frisson dans le dos, car on sent que l'auteur n'est jamais bien loin de la réalité. Magistral.
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La Frontière

Voici la trilogie achevée par une oeuvre coup de poing.

La guerre de Arturo Keller contre la guerre continue mais se déplace aux USA et notamment au sommet de l'Etat avec une corruption généralisée. Encore une fois, le livre mélange des histoires parrallèles entre l'univers des prisons, des gangs, des infiltrations de police, des magouilles au plus haut niveau, des règlements de comptes entre enfants du cartel. On retrouve des personnages clés des principaux tomes : Art, Eddie, Nora, Marisol, mais de nouveaux apparaissent : Hugo, Cirello,.. On met une note élevée à certains livres car on les a aime et à d'autres car ce sont oeuvr majeures. La trilogie de Winslow fait définitivement partie de la seconde catégorie





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La Frontière

Ce livre clôture de manière magistrale la trilogie débutée avec La Griffe du Chien et Cartel.

Roman puissant, certainement réaliste mais dur. Très dur et c'est certainement son réalisme qui lui confère cette particularité.

Certains passages sont difficiles à lire car en les lisant, on imagine bien ce qu'est la "vraie vie" sous certains cieux.

Mon livre suivant sera certainement plus léger afin de bien "digérer" celui ci ...
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Cartel

Encore un grand livre de D.Winslow sur le monde de la drogue après l’incroyable griffe du chien.



Nous sommes replongés dans la lutte sans fin entre Barrera et Art Keller avec en prime les Zetas, organisation ennemie du cartel de Sinaloa de Barrera.

Les policiers, politiques sont corrompus et les quelques personnes qui veulent rester pures ( policiers ou journalistes) finissent en général assez mal….

Je ne mets que 4 étoiles car j’ai trouvé le 1 er tome plus prenant avec des personnages encore plus attachants ( Ernie ou le prêtre notamment). De plus le déferlement de violence bien que réel m’a un peu dérangé.

Mais cela reste un livre majeur de la littérature américaine et m a fait penser à Bolano à plusieurs reprises ( auteur cité par ailleurs à plusieurs reprises).



Bref si 800 pages ne vous font pas peur foncez !
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La griffe du chien

Don Winslow frappe un très très grand coup avec La Griffe du Chien.

L'épopée d'Art Keller et d'Aidan Barrera dans le monde tentaculaire des cartels de drogue, étalée sur 3 décennies, est un bonheur constant.

Ultra-documenté, extrêmement référencé (beaucoup d'évènements réels retranscrits ou évoqués), l'ouvrage est massif. Incroyablement dense et profond.

Et cette force est d'autant plus puissante qu'elle est assénée avec un style épuré, visuel. Très proche du cinéma.

Aucune simplification excessive. La Griffe du Chien a l'intelligence de remettre l'Amérique face à ses cruelles vérités, face à son histoire peu reluisante, à ses politiques immorales.

Et de prouver par l'évidence que la guerre contre le terrorisme n'est rien d'autre qu'une resucée de la guerre contre la drogue.

Cette défaite du bien commun qui se meut surtout en pacte avec le mal.

Art Keller & Aidan Barrera comme les deux facettes d'un phénix qui ne cesse de renaître pour poursuivre un combat perdu d'avance, aspirant tout ce qui l'entoure dans une spirale de violence et de chaos.

L'espoir n'est pas absent, mais périphérique. Et il se teinte avec des nuances de gris. Il est personnifié par les seconds-rôles (primordiaux) de Norah Hayden et Sean Callan.

Deux êtres qui prendront le chemin inverse, foulant les bas fonds pour mieux remonter vers la lumière. Mais pour eux-aussi, le voyage sera parsemée de tristesse, de pertes et de complots.

La Griffe du Chien est un électrochoc, choquant et passionnant.

Le genre de livre massif qu'on dévore en peu de temps, tant sa lecture captive.

Un classique instantané
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Cartel

Suite directe de la Griffe du Chien, Cartel reprend exactement là ou le premier opus se terminait.

Et cette deuxième plongée en eaux troubles sera tout aussi revigorante, malgré l'extrême dureté de l'œuvre.

La guerre contre la drogue prend des proportions inimaginables, déversant le sang et les larmes sur un Mexique vérolé dans toute son infrastructure.

Art Keller vs Aidan Barrera, deuxième round.

Pour l'un comme pour l'autre, la situation va progressivement les prendre en étau. Dans cette lutte pour prendre le dessus, ils vont surtout devoir réaliser que c'est ce qui les environne qui menace.

Une guerre qui va se transformer en conflits incontrôlables, cernés par les exactions en interne, les concurrents qui s'élèvent, et le cercle vicieux que personne ne semble en mesure de briser.

Comme pour la Griffe du Chien, la lumière se fraye un passage au travers d'une abîme de noirceur.

Ce sont les idéalistes et les combattantes qui peuvent faire la différence. Oui, les femmes sont les seules héroïnes à pouvoir mettre un terme au combat (Marisol), ainsi que les intègres journalistes (Pablo).

Les seuls atouts pour laisser entrevoir un avenir aux nouvelles générations déjà bien cabossées par les excès de leurs ainés (comme Chuy, cet enfant-soldat à la solde des Cartels).

C'est âpre, encore plus violent que la Griffe du Chien, peut-être moins marquant mais tout aussi brillant.

Le style dépouillé de Don Winslow fait une fois de plus merveille, et impose l'écrivain comme l'un des observateurs les plus lucides des dérives made in America.

Imposant, tonitruant et politiquement engagé, Cartel est un nouveau coup de griffe.
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La Frontière

Cartel annonçait la fin d'une odyssée, entamée avec La Griffe du Chien, dans la guerre de la drogue. Son auteur Don Winslow revient pourtant avec La Frontière, troisième et dernière partie d'une œuvre colossale débutée en 2005.

C'est parce qu'il s'en est passé des choses en quelques années si l'on regarde du côté de l'actualité. Joaquín Guzmán alias El chapo, figure de proue du cartel de Sinaloa (ayant grandement inspiré le personnage d'Aidan Barrera dans la série de Winslow), fut arrêté en 2016. Son départ coïncida avec plusieurs évènements :

l'apparition d'une nouvelle drogue la "China White" (poudre coupée avec du fentanyl), et surtout une remontée de la violence, due principalement à la guerre que se livrent les organisations et sous-organisations criminelles. Mais aussi bien entendu l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Le candidat a défrayé plus d'une fois la chronique en accusant le Mexique de tous les maux et évidemment avec son idée de bâtir un mur pour séparer les deux pays. Bref, beaucoup d'évènements qui ont convaincu Don Winslow de retrouver ses personnages afin d'écrire le dernier chapitre de leurs combats. Bien malgré lui, l'écrivain est devenu sur les dernières années une figure engagée contre le discours belliciste du résident actuel à la Maison-Blanche et des politiques infructueuses menées dans la lutte anti-drogue. La Frontière revêt donc une charge politique d'autant plus forte que beaucoup d'évènements et de personnages évoquent directement le contexte actuel.

Comme de juste, une grosse partie de l'intrigue se situe cette fois aux États-Unis, où nous suivons les agissements d'Art Keller catapulté à la tête de la DEA. C'est bien dans les arcanes du pouvoir à Washington que se niche la clé du conflit opposant le vieux briscard aux cartels depuis 40 ans. En parallèle, nous assistons aux complots déchirant les héritiers du trône laissé vacant par Aidan Barrera au Mexique. Mais aussi à la fuite désespérée d'un petit garçon cherchant à fuir les bidonvilles du Guatemala pour l'Amérique du nord. Il y en a encore d'autres : un policier en mission d'infiltration, une junkie coincée dans la spirale de l'addiction, une ancienne "gloire" de la drogue qui cherche à la retrouver, et quelques autres noms familiers...

Comme les deux premiers volets, La Frontière est dense. Très dense. Son titre évoque bien sûr la ligne de séparation géographique mais également morale. Une ligne que la plupart des personnages ne perçoivent plus quand ils doivent agir. Leurs actions et découvertes ne vont rien arranger au fil des pages. À mesure que les chapitres défilent, on ne sait plus très bien qui s'inspire de qui : les cartels des services de renseignements ou l'inverse. Et c'en est glaçant.

Le style percutant de Don Winslow fait une fois de plus mouche : l'épure diablement efficace ne masque jamais les ramifications profondes que l'histoire amène avec elle. C'est tout le génie de son auteur : parvenir à rendre intelligible la complexité d'un mal entretenu par les relations incestueuses entre la politique, la finance et le crime. Si Winslow consacre moins de temps aux exactions commises dans cette guerre, il n'en traite pas moins de leurs conséquences et surtout les causes.



La lecture de l'ouvrage (massif) est tout aussi prenante qu'elle le fut pour La Griffe du Chien ou Cartel parce qu'elle n'oublie jamais de se connecter au réel. Le personnage de John Dennison bien sûr (copie conforme du président américain en fonction), mais aussi les enlèvements de Tristeza (renvoyant au massacre d'Iguala survenu en 2014). Avec un soin (désormais coutumier), Don Winslow parvient à rendre attachants les protagonistes principaux : les chevaliers blancs (Ana, Marisol, Hugo, Bobby Cirello) mais aussi ceux qui naviguent en zone grise (Keller, Nico ou Ric,...). C'est par ce biais que La Frontière délivre parfois de purs moments de tension. Et rend la réflexion de son auteur encore plus passionnante.

Le seul tout petit bémol que j'émettrai concerne deux personnages croisés dans le tout premier roman , que je trouve un peu trop en retrait à mon goût.

En trois œuvres, Don Winslow est parvenu à cartographier les angles morts de l'Amérique, à remettre son action en perspective de son Histoire, et à inviter ses lecteurs (mais aussi l'opinion publique) à repenser cette guerre antidrogue qui gangrène le continent depuis un demi-siècle.

Réussir ça en trois livres (dont La Frontière est une magnifique conclusion), cela tient déjà d'un vrai tour de force. Pour ça, Don Winslow mérite tout le respect.
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