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Les Cités divines, tome 1 : La Cité des marches

Je le tiens : mon premier coup de cœur de l'année 2024 ! La Cité des marches est une réussite sur tous les plans, à commencer par le worldbuilding inspiré de la culture indienne. À la fois original et poussé, il met en valeur une magie aux multiples facettes que j'ai adorées découvrir (et encore, ce n'est que le début !).



L'intrigue réunit également tout ce que j'aime : complots politiques, dangers, humour et mystères ! Quant aux héros... Ah, ils sont construits avec brio et mènent cette histoire de main de maître. J'ai craint pour leur vie à de nombreuses reprises, mais j'ai toujours cru en leur courage. Vivement la suite !
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Les Cités divines, tome 1 : La Cité des marches

Clap de fin pour ce premier tome de la trilogie des cités divines sortie en 2014 en VO. J’avais beaucoup apprécié le cycle des Maîtres enlumineurs. Je dois avouer que je suis encore plus emballé, peut être par le côté plus fantasy épique et la présence de magie liée à des divinités. Une chose est sûre, ce premier tome est très abordable et ravira un large public.



Pour une fois, je commencerai par parler de la plume de l’auteur. Les amateurs des Maîtres enlumineurs retrouveront sa patte et seront enchantés de replonger dans une de ses histoires. J’adore la manière qu’il a de présenter lentement ses personnages, de nous les faire découvrir à travers des scènes plutôt descriptives dans lesquelles l’action ne prédomine pas. Et puis, tout cela monte progressivement en mayonnaise en étant en lien très étroit avec le rythme du récit. Les descriptions laissent place petit à petit à l’action (pour mon plus grand bonheur) et les différentes intrigues se dénouent. Les informations sont parfaitement distillées au fur et à mesure, si bien que le lecteur commence à maîtriser son sujet et qu’il sent malgré tout qu’il manque une pièce au puzzle. J’ai particulièrement apprécié la longueur conséquente de l’épilogue (ou son équivalent) qui permet de poser les bases pour la suite en plus de mettre le lecteur à rude épreuve. Car sans être un véritable cliffhanger, Robert Jackson Bennett laisse son lecteur sur sa faim… Vite je veux découvrir la suite.



Je crois sincèrement que Shara et son entourage constituent une des pièces maîtresse de cette saga. Autant j’aime les récits de fantasy avec de nombreux personnages, autant je savoure les récits où les intervenants sont les mêmes du début à la fin et en nombre limités. J’ai pris énormément de plaisir à découvrir leur passé, parfaitement introduit à travers des scènes spécifiques. On sent néanmoins que tout n’est pas encore dévoilé. Il n’y a pas à passer par quatre chemins, je retiens dans ma short list Shara, Sigrud et Vohannes qui forment le premier cercle. Shara, l’officier renseignement de Saypur qui apprécie particulièrement l’histoire du Continent, par ailleurs orpheline de ses deux parents. Sigrud, le mystérieux garde du corps au passé trouble ayant laissé son peuple derrière lui. Et enfin, Vohannes, ancien petit ami de Shara et issu d’une famille aisée du Continent, souhaitant absolument tirer son peuple de la misère. Ce qui est superbe ici, ce sont les interactions entre ces trois là, c’est la complexité de leurs sentiments. J’ai eu beaucoup de mal à rester de marbre face à eux.



L’univers reste bien entendu une valeur forte du roman. J’ai beaucoup de mal à me situer dans une époque précise. Le mélange du steampunk et de la fantasy épique (quatrième de couverture) retranscrit bien les paysages que vous pourriez avoir en tête à la lecture de ce roman. Une belle inspiration provenant d’Inde et voilà le tour est joué, dépaysement garanti. Vous ajoutez à cela six divinités intimement liées aux humains par le passé (on ne sait d’ailleurs pas vraiment si elles ont réellement disparu), une cité nommée Bulikov anciennement puissante et désormais asservie et un magnifique zeste de magie (qui vient progressivement), vous obtenez un mélange détonnant. Clairement, j’y retourne quand vous voulez. L’ensemble est passionnant car parcouru de mystère de long en large et ma tête fourmille de questions auxquelles l’auteur n’a pas encore répondu.



N’hésitez donc pas une seule seconde, foncez vous procurer (ou faites en cadeau à un ami) ce premier tome magnifiquement traduit avec une superbe édition reliée. C’est très bien écrit (l’auteur est une valeur sûre), l’univers est splendide et les personnages sont hauts en couleur. Bref, ça casse la baraque !
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Les Cités divines, tome 1 : La Cité des marches

Ayant été sous le charme de la trilogie des Maîtres Enlumineurs j'étais impatiente de découvrir des nouveaux écrits de cet auteur. Mais je savais qu'il me fallait me limiter à ses écrits de fantasy, m'étant frotté cet été à American elsewhere pour l'abandonner vers la moitié... décidément, la science-fiction et moi faisons, la plupart du temps, deux.



Shara est saypurienne, agent secret de son gouvernement, elle va prendre le rôle d'ambassadrice à Bulikov, mais en fait, de par ses compétences en histoire des divinités, elle est la plus à même de démêler le meurtre de son mentor et ami, le professeur Efrem Pangyui.



Shara et Sigrud, son immense "secrétaire-garde du corps", un Dreyling, c'est-à-dire un Homme du Nord, arrivent donc à Bulikov. Ce qui démarre comme une banale enquête policière va bien sûr prendre de l'ampleur et devenir de plus en plus complexe, compte tenu des enjeux politiques.



Saypur, anciennement une colonie du Continent, a renversé la tendance et est maintenant en position de force depuis la guerre où les saypuriens ont assassinés tous les dieux continentaux. Plus de dieux, plus de croyances, plus de miracles. Pire, les croyances sous toutes ses formes ont été interdites sur le continent et sont sévèrement contrôlées par les RT, les Régulations Temporelles.



Bien sûr la domination saypurienne n'est pas au goût de beaucoup de continentaux, et plus particulièrement des habitants de Bukilov qui était THE cité divine, celle où se sont retrouvés les six divinités principales. Bref, Shara débarque dans une cité sous tension, une vraie cocotte-minute, et celle-ci ne fera qu'augmenter...

La suite sur le blog ;)
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Les Cités divines, tome 1 : La Cité des marches

Premier tome de La trilogie “Les cités divines”, “La cité des marches” (écrite et publiée aux États-Unis avant la trilogie des “Maîtres enlumineurs”, contrairement à la France où le premier tome sort actuellement alors que celle pour “Les maîtres enlumineurs” est close) est un mélange d’urban fantasy gunpowder et de steampunk, mais aborde également bien des sujets d’importance.



Esclavagisme, colonialisme, dictature, espionnage, enquête, meurtre, attentats, mais aussi un cité qui cache des secrets d’importance, un passif entre deux pays ou l’un voit ses divers Dieux detruits par l’autre, mais sont ils bien tous mort, ceci n’est-il pas un simple mensonge ? Il y a des objets littéralement magique également, puis des adeptes, des sectes, des tromperies en tous genres.



Les personnages sont excellent, Shara et Sigrud font un duo bien équilibré et très complémentaire, j’ai également apprécié les autres personnages, dont l’ancien amant de Shara qui est très particulier.



Le worldbuilding présente un continent de style européen, moderne, avec ses véhicules et son industrie, son tribunal, son université et ses ambassades, entre autres (car vous aurez des surprises).



Nous sommes donc sur un premier tome très riche et intelligent qui promet de bien belle choses pour la suite au vu du final détonnant !
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Les Cités divines, tome 1 : La Cité des marches

L’Américain Robert Jackson Benett n’est plus un inconnu en France.

Après la publication d’American Elsewhere et, surtout, de la trilogie des Maîtres Enlumineurs chez Albin Michel Imaginaire, il s’est imposé comme une figure incontournable en fantasy.

Il nous revient aujourd’hui avec le premier tome de sa trilogie des Cités Divines, écrit en réalité bien avant les Maîtres Enlumineurs.

Que réserve La Cité des Marches au public français ?



Manichéisme, où es-tu ?

Nulle crainte, jeune lecteur (et même vieux baroudeur), Robert Jackson Bennett n’a pas l’intention de quitter les terres fantasy qu’ils lui sont si chères. Avec La Cité des Marches, nous voici en territoire connu avec ce qu’il faut de magie et de créatures extraordinaires.

Curieusement pourtant, la scène d’ouverture n’est pas vraiment celle que l’on attend dans ce type d’ouvrage puisqu’il s’agit ni plus ni moins qu’un procès. Un homme est accusé d’avoir utilisé le symbole d’une ancienne divinité alors que cela lui est formellement interdit.

On apprend rapidement que cet homme est un commerçant d’une ville jadis monumentale : Bulikov, le Siège du Monde, aussi connu sous le surnom de Cité des Marches.

Nous sommes sur le Continent et tout a changé pour ceux que l’on appelle un peu grossièrement les « Continentaux ».

Quelques décennies plus tôt, les îles de Saypur ont envahi ledit continent et l’occupe désormais en imposant des lois de « Régulation Temporelle » interdisant aux autochtones de connaître leur Histoire, de vénérer leurs défunts Dieux ou même de les évoquer.

Voilà qui établit assez facilement le rôle du méchant et du gentil.

Sauf que…

Si l’on remonte le fil de l’Histoire, le Continent avait jadis réduit en esclavage Saypur commettant des crimes innommables au nom de ses Dieux tutélaires, des êtres divins à l’existence bien réelle qui influaient directement sur la vie de leur peuple.

Un jour pourtant, un homme s’est dressé pour renverser la situation : le Kaj. En tuant les Dieux des Continentaux et en mettant à genoux leur Empire, la héros de Saypur a complètement inversé le cours des choses.

Et le colonisé est devenu le colonisateur.

… De quoi rebattre les cartes morales qu’on croyait pourtant assez simples à comprendre au départ.

Robert Jackson Bennett construit un univers à la fois très crédible (avec son sous-texte sur la colonisation et les solutions à y apporter) et très fantaisiste (avec ses Divinités extraordinaires, ses miracles et ses Bénis).

Mais La Cité des Marches n’est pas qu’un livre-univers justement.



Les Dieux de la Cité

Pour faire battre le cœur de son lecteur et le tenir en haleine, l’Américain choisit de structurer son récit autour d’une enquête policière confiée à une ambassadrice de Saypur qui se révèle bien plus importante qu’on ne pourrait le croire de prime abord.

Shara descend de la lignée du Kaj et travaille pour le Ministère des Affaires Étrangères sous la protection « bienveillante » de sa tante Vynia Komaid.

Expédiée à Bulikov pour élucider la mort d’Efrem Pangyui, un professeur passionné par l’histoire du Continent, elle tombe alors au milieu d’imbroglios politiques inattendus qui font bourdonner la vieille Cité entre ceux qui veulent restaurer sa grandeur et ceux qui souhaitent tourner la page en la modernisant. Avec l’aide de son secrétaire très particulier, le géant taciturne Sigrud venu du Nord, elle entreprend de mettre son nez là où il ne faut pas.

La suite, vous la devinez : Shara va découvrir pas mal de surprises et faire de désagréables rencontres qui vont mettre sa vie en danger.

Du classique au fond mais d’une efficacité redoutable, tant par le talent de Jackson Bennett pour construire ses différents personnages que pour les mettre en rapport avec son univers profondément passionnant et original.

Ce qui passionne en premier lieu, c’est bien évidemment cette monstrueuse Cité elle-même, une cité littéralemen tbrisée.

La mort des Dieux a entraîné des conséquences physiques étranges lors d’un évènement appelé le Cillement. Depuis, Bulikov n’est plus même et les murs eux-mêmes semblent parfois s’être fondu les uns dans les autres.

On retrouve même la cohabitation de deux Bulikovs, celle de jadis et celle d’aujourd’hui, un phénomène qui ne manque pas de rappeler The City & the City de China Miéville. Inspiré par l’Europe centrale/de l’Est, le Continent contraste avec Saypur et ses traditions tout droit venues de l’Inde, les multiples Dieux en moins.

C’est ensuite la mythologie qui happe le lecteur avec cette capacité surprenante que possède l’Américain à nous décrire un Panthéon de divinités complètement fascinantes et qui va bien au-delà de Dieux combattants. Kolkan, par exemple, est absorbé par le jugement des hommes jusqu’à en devenir complètement fou tandis qu’Olvos, elle, préfère fuir les humains qu’elle sent basculer vers un extrémisme de plus en plus dangereux. Robert Jackson Bennett glisse une idée géniale dans cette ménagerie divine en réfléchissant sur le rôle des hommes, et donc des croyants, sur la religion elle-même. Qui influence qui ? Qui a le dessus sur qui ? L’auteur emploie le prisme de la fantasy pour rejouer à sa sauce la partition de « Dieu créé l’homme puis l’homme a créé Dieu ».

Une variation intéressante et particulièrement fine sur notre époque où la religion devient une excuse confortable et facile pour la guerre avec son voisin. Enfin, ce sont toutes les créatures et les objets magiques qui gravitent autour de ce petit monde qui achève de convaincre le lecteur.

Avec l’Entrepôt Innommable et ses artefacts aux pouvoirs inattendus, on retrouve un peu des SCPs ou des inquiétants pensionnaires inanimés du jeu Control. De quoi réjouir le lecteur de fantasy en quête d’originalité.



Panser le passé

Cependant, que serait vraiment la Cité des Marches sans sa réflexion profonde et captivante sur le rôle de la Culture, de l’Histoire et, tout simplement, de l’Identité sur tout un peuple.

Cette réflexion, intimement liée à la question de la colonisation, permet à Robert Jackson Bennett de montrer que le plus dangereux n’est pas forcément le fait magique mais bel et bien la connaissance de soi, des autres et du passé. On peut tordre le visage d’une nation tout entière mais peut-on l’empêcher indéfiniment de savoir qui elle est vraiment ?

Plus intéressant encore, en effectuant une « colonisation à l’envers », l’Américain s’intéresse à l’après. Victime des pires horreurs, le colonisé aspire logiquement à la vengeance mais, une fois celui-ci libéré de la domination à laquelle il est soumis, doit-il emprunter le même chemin que celui de l’oppresseur de jadis ? La Vengeance est-elle la solution ?

La réponse de Robert Jackson Bennett se fera au gré des découvertes de Shara ainsi que de son cheminement intellectuel, un cheminement naturellement influencé par un « ami » proche, Votrov, qui lui aussi doit cacher son Histoire et sa Nature profonde pour vivre en pleine lumière.

Chacun des personnages qui peuple La Cité des Marches dissimule des blessures et des souffrances, renvoyant à l’image de ce Continent qui n’arrive pas à panser les siennes parce qu’on lui interdit de faire son Deuil et de tourner la page. Sigrud, le fameux secrétaire de Shara, incarne d’ailleurs à merveille cette métaphore narrative.

Ce genre de détails et ces thématiques sur la nécessité des peuples à la liberté et l’égalité, mais aussi à la rédemption et au renouveau, donne à ce premier opus une saveur particulière qui permet d’aller bien au-delà du simple récit d’aventures fantasy lambda.

Même si le dénouement repose sur des mécanismes narratifs très classiques du genre policier à base d’épilogue sur-explicatif sur le pourquoi du comment de l’assassinat d’Efrem Pangyui (qu’on aurait presque oublier dans l’intervalle tant les moments de bravoure s’enchaînent), on peut clairement dire que La Cité des Marches donne envie de passer à la suite… qui arrive en fin d’année dans l’Hexagone !



Fantasy riche et hautement politique, La Cité des Marches ne ménage ni ses personnages ni son lecteur et l’entraîne dans une enquête riche en questions et réflexions éthiques. Robert Jackson Bennett pose la première pierre d’un univers fascinant qui ne demande qu’à trouver une place dans votre bibliothèque.
Lien : https://justaword.fr/la-cit%..
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Les Cités divines, tome 1 : La Cité des marches

Les livres de fantasy sont souvent très peu imaginatifs sur la question des divinités et de leurs relations aux humains. Avec la cité des marches, on a une vraie réflexion et un sujet qui est au cœur de la formidable enquête menée par notre héroïne Shara. Car ce roman est également un somptueux polar. Et même s'il est le début d'une trilogie, il constitue une histoire à part entière.

Quelques éléments de contexte, sans trop en révéler non plus : les continentaux, avec le soutien de leurs dieux, ont longtemps maintenu les autres peuples sous leur joug. Mais voilà que les dieux ont été exterminés il y a deux générations par le grand héros des Saypuriens, un peuple du sud. Et le continent est sous leur joug à présent, ils ont imposé les "régulations", une loi qui impose de ne pas parler des dieux, ni de quoi que ce soit qui leur soit relatif. A la mort des dieux, des catastrophes se sont produites, maladies, effondrements en tous genre et le roman se déroule dans la cité de Bulikov, autrefois la cité des dieux, avec ses tours et ses palais somptueux, aujourd'hui en ruines avec notamment toutes ces marches qui ne mènent nulle part, d'où le titre.

Il se trouve que les Saypuriens ne s'interdisent pas, eux, d'étudier les dieux, ou ce qu'ils ont laissé, et l'histoire commence avec l'assassinat d'un de leurs savants venu étudier tout ce patrimoine laissé à l'abandon. Très vite, notre héroïne, Shara, va se rendre compte que l'assassinat est probablement lié au sujet d'étude de cet érudit : l'héritage des Dieux, et notamment un gigantesque entrepôt rempli d'objets merveilleux dont certains sont encore actifs malgré la mort des Dieux.

Comme tout polar, l'intrigue va mener plusieurs enquêtes de front : tous les non dits, tous les secrets autour de l'extermination des dieux (comment tue t on un dieu, le héros du passé n'a pas laissé la recette), tous les secrets autour de la politique des Saypuriens bien sur, et puis toute la politique interne des riches continentaux, dont un qui est très lié au passé de l'héroïne.

Je ne révélerai rien de la passionnante théologie que nous découvrons au fil des pages, c'est très surprenant, vraiment habilement mené, et ça sort des sentiers battus, car les dieux d'un monde de fantasy n'ont rien à voir avec les nôtres, ni avec notre logique. Mais ils ont leur logique propre, que nous découvrons avec plaisir. Et bien sur tous les secrets s'imbriquent pour des révélations stupéfiantes qui convergent vers une découverte qui met à mal tout ce qu'on pensait savoir.

Le monde est autant fantasy que steampunk, avec des trains, l'usage d'armes à feu, et un certain niveau d'industrie. Robert Jackson Bennet est un formidable narrateur qui sait monter crescendo au cours de l'histoire et qui n'a pas peur que cette montée en puissance des personnages, des révélations, et des forces en présence ne mettent à mal son univers. Il s'en sert comme d'une voiture volée, sans craindre d'accident et c'est vraiment spectaculaire. Il y a une grande cohérence dans l'histoire et même les combats contre des monstres sont des étapes importantes et cohérentes de cette belle aventure.

J'en ressors ravi, qui plus est sans la frustration des premiers tomes de trilogie car l'histoire a été menée jusqu'à sa conclusion. Je retrouverai néanmoins ces héros avec grand plaisir dès la traduction du prochain tome.
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Les Cités divines, tome 1 : La Cité des marches

Après avoir lu « Les maîtres enlumineurs » il y a quelque temps (terminé en novembre 2022), je me suis lancée dans ce nouveau tome, d’une autre série cela dit, de cet auteur dont j’ai un souvenir assez positif – même si, hélas, je n’avais rien noté de ma première lecture, et ne peux donc plus me baser sur rien d’autre que les bribes que ma mémoire veut bien laisser, en très flou… C’est une fois encore Lirtuel qui m’a inspiré cette nouvelle lecture, à son catalogue des nouveautés. Car il y a un détail qui fait peut-être la différence : cette « Cité des marches », parue tout récemment en traduction française, a en fait été écrite en vo il y a déjà 10 ans semble-t-il, alors que « Les maîtres enlumineurs », écrits plus tard (en 2018), ont été traduits dès 2021.



Indépendamment de ces traductions aléatoires, l’auteur aurait-il mûri durant ces quatre années entre les deux livres ? Aurait-il étoffé son univers fantasy, cherché/trouvé d’autres sources d’inspiration ou, tout simplement, amélioré sa façon de manier la plume ? C’est que, de mémoire, « Les maîtres enlumineurs » étaient quand même marqués par un univers assez particulier, très original, mais aussi complètement maîtrisé, alors que, ici…

J’ai ressenti cette « Cité des marches » comme un de ces livres de fantasy extrêmement politiques, où les relations diplomatiques et publiques entre deux peuples, à travers quelques personnages-clés, sont exploitées jusqu’à l’indigestion. Malheureusement, c’est l’aspect qui me plaît le moins dans les ouvrages de fantasy ; je sais que c’est indispensable pour bien poser le décor, mais là, c’est le prétexte au décor, à l’action, à la moindre réflexion, etc. Trop, c’est trop !



Pire : après quelques paragraphes seulement – ou, soyons plus larges : quelques chapitres, le temps de bien asseoir les choses -, le tout appuyé par le synopsis proposé par l’éditeur, j’ai eu l’impression de me trouver dans une version à peine imaginaire… du conflit israélo-palestinien!? Eh oui, rien que ça ! Et autant dire que ça m’a trotté dans la tête presque jusqu’à la fin du livre, ce qui n’a cessé par ailleurs de creuser un certain malaise.

Faut-il expliciter ? Bulikov, « autrefois puissante cité divine capable de conquérir et d’asservir les peuples établis à sa proximité », cité centrale du Continent (jamais nommée capitale mais elle en joue clairement le rôle), est aussi le nid d’un groupe influent et puissant – car, là aussi, on trouve une figure politique majeure - d’extrémistes de type clairement religieux. Voilà pour la Palestine.

Je vous entends me dire : mais la Palestine n’a jamais conquis une quelconque autre cité ! Certes… mais il suffit d’aller un peu plus au sud-ouest et paf on tombe sur le grand frère égyptien, autrefois puissant empire de droit divin, qui a même maintenu les Juifs de la Bible en esclavage (relisez l’histoire de Moïse, il en existe des tas et des tas de déclinaisons si vous ne voulez pas vous attaquer à l’Ancien Testament). Et c’est là qu’apparaît dans mon esprit l’actuel Israël : Saypur pour l’auteur, un Empire autrefois soumis à ces fameux Continentaux, mais qui à la suite d’un revers de situation majeur se sont retrouvés les maîtres ; ils écrasent à leur tour le Continent de leur joug, les empêchant de se développer d’une quelconque façon (que ce soit le commerce, l’éducation, ou quoi que ce soit), et ayant perdu les dieux, s’ils en ont jamais eu…

Le tout ressemble désormais à une poudrière, où va se jouer l’essentiel du roman avec une tension constante, probablement maîtrisée, sauf que moi, comme dit plus haut, elle n’a cessé de me gêner bien davantage qu’elle ne m’aurait emballée comme aurait pu le faire un page-turner – ma lecture a même été souvent assez pénible !



Bon, inutile de dire que tout ce qui précède ci-dessus est une interprétation strictement personnelle. Si je la partage ici, c’est uniquement parce qu’elle m’est venue à l’esprit tout à fait spontanément, sans calcul, sans réflexion politique préalable ; c’est comme si ça m’avait tout à coup sauté aux yeux, et ensuite je n’ai plus pu m’en défaire, c’était foutu…

Alors, bien sûr, je ne dis pas non plus que l’auteur aurait voulu coller à l’actualité soulevée ci-dessus ; je ne suis même pas certaine qu’il ait eu conscience d’en être si proche, d’une certaine façon – en tout cas suffisamment pour que ça l’évoque dans l’esprit d’au moins une lectrice, ah ah ! Par ailleurs, tout un tas d’éléments plus ou moins importants de ce livre n’ont strictement rien à voir avec la situation au Moyen-Orient, et relèvent purement de l’univers imaginaire de l’auteur. Et on peut dire que, de façon générale, son univers est cohérent de bout en bout, souvent un peu mystérieux mais tout s’explique peu à prou au fil de l’avancée de l’histoire.



Ajoutons à ça que, clairement, rien n'est jamais ni tout blanc, ni tout noir: il y a eu des exactions et autres horreurs des deux côtés, les Saypuriens ont souffert quand ils étaient dominés et en frémissent encore, tout comme Bulikov souffre dans le présent de ce livre alors que la cité est sous domination saypurienne; souffre et se révolte, par des voies pas toujours acceptables. Une version imaginaire des attentats, il fallait y penser! Quoi qu'il en soit, cette absence de manichéisme, alors que ça aurait été si facile de tomber dans un tel piège, doit quand même être soulignée (comme un gros point fort, évidemment!).



J’aurais peut-être pu me contenter de ça, moi qui y suis sensible, sauf que mon déplaisir a été alimenté par un autre aspect de ce livre : à part Sigrud, aucun personnage ne m’a paru vraiment attachant; ni sympathique, ni carrément antipathique, mais jamais réellement touchant, de quelque façon que ce soit. Vohannes Votrov, le personnage principal pour Bulikov, a certes un côté charmant et fragile à la fois, qui aurait pu le rendre attendrissant, mais son côté éternellement évanescent le rend trop insaisissable pour capter vraiment l’attention du lecteur. Quant à Shara, la personnage principale pour Saypur, toute jeune espionne qui est allée jusque-là de succès en succès, elle m’a semblé du début à la fin imbuvable, agaçante : pétrie de ses convictions saypuriennes sans aucune réflexion (même si ça vient par bribes, petit à petit), capricieuse dans l’exercice de ses fonctions, gamine énamourée mais froide en apparence face à Vohannes, petite fille perdue mais qui veut jouer l'adulte accomplie et responsable face à sa tante, etc. Tout pour déplaire ! Elle agit, elle réfléchit parfois, mais elle manque cruellement de cette épaisseur qui fait un vrai personnage.

Suis-je trop dure ? Peut-être… Mais, à nouveau, ce commentaire n’est que le rendu d’un ressenti, et clairement : si j’avais rencontré une personnage telle que Shara dans la vraie vie, elle ne serait en aucun cas devenue une amie !

Il n’y a que Sigrud qui présente un vague intérêt. Son histoire passée est plus intéressante et touchante que celles de Vohannes et de Shara réunis ; sa façon d’être au quotidien, ce détachement dévoué (à Shara… personne n’est parfait !), de même que son apparence qui le rendent particulier, tout cela en fait un personnage bien plus intéressant que tous les autres, malheureusement assez peu exploité quand on y pense. Il devient tout à coup personnage principal dans une longue scène du livre, accomplissant un exploit que Shara va s’attribuer (sans que personne ne semble se poser la moindre question à ce sujet) ; une longue scène qui apparaît presque comme une mini-nouvelle dans le roman, et semble ainsi prouver ce que je me suis répété à plusieurs reprises : ce Sigrud aurait mérité un roman à lui seul, avec lui en vedette. Mais je ne vais pas en dire davantage, car je suis déjà à la limite de divulgâcher, penseront peut-être certains…



Bref, je reste très mitigée quant à cette lecture. Je salue certes la fluidité de l’écriture, et le décor posé de façon cohérente de bout en bout. Mais je n’ai décidément pas accroché à l’écrasante importance du jeu politique dans cette intrigue, qui en plus m’a fait follement penser au conflit israélo-palestinien. Par ailleurs, les protagonistes n’ont pas réussi à me convaincre d’une quelconque façon, à part un personnage secondaire qui aurait gagné à être bien mieux exploité. Je crois bien que je ne lirai pas la suite, si un jour elle est traduite…

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Les Cités divines, tome 1 : La Cité des marches

Autrefois puissante et guidée par les dieux, la cité de Bulikov est tombée. C’est l’Empire de Saypur qui l’a conquise après une guerre sanglante. Les dieux ont été exterminés et Saypur règne sur ce territoire à présent. Mais lorsqu’un historien de l’Empire est assassiné, c’est le pouvoir tout entier qui vacille. On envoie alors Shara Thivani pour enquêter au sein de cette cité mystérieuse.



J’avais beaucoup aimé la Trilogie des Maîtres Enlumineurs, et j’ai adoré ce premier tome, beaucoup plus abouti selon moi du point de vue des personnages et de l’intrigue. Robert Jackson Bennett écrit là un roman qui repose sur un univers politique complexe et intéressant et sur une fantasy originale. On découvre le monde qu’il a créé au fur et à mesure de sa lecture. Les noms des cités concurrentes ont des consonances tantôt russes comme Bulikov, tantôt indienne comme Saypur, tout comme les noms des personnages. Se dessine alors progressivement une histoire faite de colonisation, d’emprise et de domination. Si Bulikov a longtemps écrasé et dominé les autres, il semble que son règne ait pris fin avec la chute des Dieux. Ces derniers sont d’ailleurs bannis totalement des lieux. Les fresques, les prières ont été effacées. Il est interdit d’évoquer de les évoquer.



Lorsqu’un historien est assassiné, c’est Shara Thivani qui est envoyée pour enquêter. Elle le connaissait bien et souhaite que ce crime ne demeure pas impuni mais ce qu’elle va découvrir dépassera son entendement. Si le début du roman est un peu complexe à prendre en main, l’auteur parvient à imposer sa voix de conteur avec talent comme toujours. J’ai été happée par cette intrigue et cette cité incroyablement mystérieuse dans laquelle les escaliers ne mènent nulle part. Tout est très dense: la cité en elle-même et son passé, les liens qui existent entre Bulikov et Saypur, les personnages et pas seulement Shara. Tout est toujours nuancé, jamais binaire et profondément dérangeant.



Au-delà de cet aspect historique et politique, l’intrigue ne cesse de rebondir et on ne s’ennuie jamais. C’est ce que j’aime dans ce type de fantasy. Il y a de l’action, des personnages forts et attachants, des révélations aussi mais une dimension plus profonde et complexe qui fait clairement réfléchir à certains enjeux politiques et économiques actuels.



La fin m’a achevée littéralement et j’ai même failli y aller de ma petite larme. Avec ce premier opus, Robert Jackson Bennett nous offre un roman fort et complexe, impossible à lâcher. J’ai hâte de lire la suite.
Lien : https://carolivre.wordpress...
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