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L'incroyable histoire du sexe

Série de 3 livres (Terminée). Écrite par Philippe Brenot (3),


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Dernières critiques
L'incroyable histoire du sexe - Intégrale

Même s'il se veut pédagogique et se présente comme ayant un point de vue critique notamment sur la place des femmes, ce livre est particulièrement problématique sur ce point. On nage en plein androcentrisme, dans une Histoire interprétée depuis le point de vue des hommes, loin des analyses récentes depuis que les femmes ont accédé à des postes d'historiennes, anthropologues, sexologues.

J'ai aussi été très surprise par un propos qui frisait parfois avec une apologie de la pédocriminalité, en tout cas sa large banalisation (idem pour l'inceste dont la critique est selon moi largement lacunaire, tournée en dérision).

On perçoit de la grossophobie dans les dessins, qui représentent d'ailleurs quasi exclusivement des corps "parfaits" et jeunes, surtout pour les femmes (qui sont trop souvent en levrette quand il s'agit d'illustrer une position sexuelle).

Difficile d'aller au bout, assez navrant de publier un tel ouvrage en >2022 mais idéal pour une étude critique féministe!
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L'incroyable histoire du sexe, tome 1 : en ..

Même s'il se veut pédagogique et se présente comme ayant un point de vue critique notamment sur la place des femmes, ce livre est particulièrement problématique sur ce point. On nage en plein androcentrisme, dans une Histoire interprétée depuis le point de vue des hommes, loin des analyses récentes depuis que les femmes ont accédé à des postes d'historiennes, anthropologues, sexologues.

J'ai aussi été très surprise par un propos qui frisait parfois avec une apologie de la pédocriminalité, en tout cas sa large banalisation (idem pour l'inceste dont la critique est selon moi largement lacunaire, tournée en dérision).

On perçoit de la grossophobie dans les dessins, qui représentent d'ailleurs quasi exclusivement des corps "parfaits" et jeunes, surtout pour les femmes (qui sont trop souvent en levrette quand il s'agit d'illustrer une position sexuelle).

Difficile d'aller au bout, assez navrant de publier un tel ouvrage en >2022 mais idéal pour une étude critique féministe!
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L'incroyable histoire du sexe, tome 1 : en ..

Mais qu'est ce que SEXE, euh... qu' est ce que C'EST que ce livre? Et c'est encore un homme qui a pris le problème en main! ( pardon :)



Désolé, ma langue a fourché, en bavant ... sur les dessins.

Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le Sexe, des origines à la libération sexuelle...

Voir "Le recul de la pudeur" sur les vêtements qui recouvraient tout le corps de la femme jusqu'au bikini sur la plage.



Autrefois nos ancêtres, des singes en Afrique, avec des poils partout. Les guenons, euh les femelles hominidés vont cacher leurs attributs en se redressant. Alors, on peut faire l'amour tout le temps, pas comme des bêtes!

Avec le feu et la sécurité du home, sweet home, les singes sont devenus des... bobos bonobos.



"Le pénis est plus grand, plus gros, plus fort" ( Mais faut exagérer, pas pour moi:( Et ça me ...turlupine ! Les auteurs vont mettre le doigt, voire tout le reste (pardon!) pour pénétrer dans... l'Histoire du sexe...



Le premier sex-toy de l'histoire est apparu... il y a 28 000 ans. Réalisé en pierre (ponce? Pierre issue de roches volcaniques en fusion), il mesure 20 centimètres et a été découvert en 2005 dans une grotte allemande.



Ici, les auteurs parlent du vibro (Oh, My Gode!) de Cléopâtre:

- Tu l'as essayé? Demande l'auteur Philippe Brunot à Leatitia Coryn sa dessinatrice

C'était un cornet de papyrus enroulé, comme un cornet de frites rempli d'abeilles, que la Reine glissait entre ses cuisses, dans son propre ...cornet!



Tandis que ses soldats utilisaient des vessies ...de porc, comme préservatif. Ah, les hommes sont vraiment des cochons, avec leur queue en tire-bouchon?

"Cléopâtre avait un surnom: "Cléopâtre cheillon" ("grosses lèvres") en exerçant son talent fellatoire sur une centaine de gardes."



"Au Moyen Age, la prostitution est plutôt bien admise.

« Jouir en payant, c'est jouir sans pécher », dit-on alors.

Car les prostituées ont le mérite de protéger les honnêtes femmes des ardeurs brutales de leurs maris."



On y parle aussi de masturbation, de pédérastie (Vas te faire voir chez les Grecs:)

" Je suis pour l'égalité des sexes et je prendrai moi même les mesures." fit le Luron, Thierry le Luron.



Il y a un 2ème tome, mais on sent un net ... durcissement des histoires, car n'oubliez pas qu... euh c'est de la BD, de la bande...dessinée.

Ah, cachez ces dessins que je ne saurais voir?
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L'incroyable histoire du sexe, tome 2 : De ..

Quand la société est de droit féminin, l’ordre est souple et les femmes ne dominent pas.

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Ce tome est le second d’un diptyque, la première partie étant L'incroyable histoire du sexe, tome 1 : en Occident (2017). Sa première édition date de 2020. Il a été réalisé par Philippe Brenot (psychiatre, anthropologue, thérapeute de couple) pour le scénario, par Laetitia Coryn (bédéiste) pour les dessins. Les dialogues ont été coécrits par les deux. La mise en couleur a été réalisée par Isabelle Lebeau. Cette seconde partie compte cent-cinquante-six pages de bande dessinée, pour sept chapitres.



Inde, la civilisation de l’amour. Au début du troisième millénaire avant J.-C., l’humanité s’organise autour des rives de grands fleuves – l’Euphrate, le Nil et l’Indus – où émergent de grandes cités comme Harappa, et Mohenjo-Daro. À l’image de beaucoup d’autres cultures, le dieu premier est un dieu du Soleil, Surya, qui donne naissance à la divine trinité, le Trimurti : Brahma, Vishnou, Shiva. Selo, la légende, Shiva, dieu phallique tout-puissant, est le créateur de l’Univers. La nuit et l’océan occupaient tous les espaces. Sur les eaux flottait un géant, Vishnou. Tandis qu’il méditait, Vishnou vit fondre sur lui, du fond des ténèbres, un être incandescent de lumière. Brahma l’âme du monde. Les deux dieux se querellaient dans la nuit infinie lorsque jaillit de l’océan un immense phallus de feu qui se mit à grandir de façon gigantesque. Stupéfaits, Brahma et Vishnou le regardèrent monter comme une tour sans fin dont ils ne pouvaient estimer l’immensité. Ils se transformèrent alors en leurs avatars pour tenter d’atteindre ses extrémités et prendre la mesure de cette énormité phallique. Brahma, le jars, planant dans les airs, Vishnou, la tortue, fouillant les entrailles de la mer, sans que l’un ou l‘autre ne puisse atteindre l’extrémité du phallus géant d’où sortit Shiva, la force suprême de l’Univers. Brahma et Vishnou ne purent que se prosterner pour adorer Shiva, le grand créateur.



Moyen-Orient, mille et un sexes – Le judaïsme. Dans le texte fondateur des trois grands monothéismes, le sexe et l’amour surgissent dès les premières lignes avec le trio inaugural : l’homme, la femme et la tentation (le serpent). Au fil des siècles, différentes lectures ont tenté de gommer la représentation des pulsions, mais le sexe y est naturellement présent, comme dans beaucoup d’autres textes anciens fondateurs du judaïsme : la Torah, le Talmud, le Lévitique, le Deutéronome… Après la désobéissance d’Adam et Ève et l’exil du Jardin d’Éden, la Genèse explique que Dieu punit l’humanité par le Déluge dont seuls Noé et sa famille sont sauvés. Noé plante une vigne, devient viticulteur, s’enivre de son vin et s’endort nu sous sa tente. Le texte précise que Cham, son plus jeune fils, vit la nudité de son père, puis appela ses frères, qui couvrirent Noé de leur manteau. Lorsque Noé se réveilla de son ivresse, il apprit ce que lui avait fait son fils cadet (Genèse 9:20-27). Plus loin dans la Genèse (19:32), le vin est un puissant allié de la libération des pulsions. Fuite de Sodome par Loth et sa famille. Deux anges viennent les avertir : Fuyez ! Abandonnez tout ! Et ne vous retournez pas ! La femme de Loth se retournant est changée en statue de sel, une façon d’avouer ses péchés.



Le premier tome racontait l’histoire de la sexualité en Europe, et plus précisément en France depuis l’homo sapiens jusqu’à nos jours. Le lecteur salue l’ambition de raconter cette même évolution dans sept autres pays, régions ou continents en un seul chapitre comprenant entre treize et vingt-cinq pages : l’Inde, le Moyen-Orient, l’Afrique, la Chine, le Japon, le continent Américain. Du coup, chaque chapitre est découpé en courts sous-chapitres, de une à quatre pages, avec quelques exceptions comme celui consacré aux Milles et une nuits qui compte neuf pages. Par exemple pour le chapitre consacré à l’Océanie amour et vahinés, les titres des sous-chapitres sont les suivants : origine de l’humanité, la défloration rituelle, les initiations sexuelles, les particularismes sexuels, les écorchures érotiques, le mariage communautaire, le drame de la magie amoureuse, le sperme initiatique, le fantasme vahiné, l’amour missionnaire. Comme dans le premier tome, l’exposé se focalise sur les pratiques sexuelles, avec une richesse remarquable dans la diversité. L’auteur évoque aussi bien des éléments culturels classiques, que des d’autres méconnus. Le lecteur retrouve ainsi des informations sur le Kamasutra, sur les mutilations sexuelles, la sexualité de Mao Zedong, l’art de l’estampe érotique et le fête de la fertilité au Japon, etc. Parmi ceux moins connus : les différentes étapes du rituel de mariage d’un maharadja, érotisme préféministe des Heian, les écorchures érotiques en Océanie, les Hopis agressifs en amour, etc.



À plusieurs reprises, l’auteur revient sur des clichés pour les remettre dans leur contexte, et, le cas échant, dissiper un malentendu ou contrebalancer une idée toute faite. Par exemple, il met en scène l’origine de l’appellation de la position du missionnaire dans le chapitre consacré à l’Océanie. Il revient sur le contenu de l’ouvrage des Milles et une nuits, qui a été expurgé de ce qui est trop intime, immoral ou inconvenant par les tenants d’un Islam rigoureux. La part cachée des Milles et Une nuits parlent d’amour physique, d’homosexualité, d’infidélité, de vengeance et d’exécutions sommaires. Mais aussi de voyeurisme, de fétichisme, d’exhibitionnisme, d’inceste, de pédophilie, de nécrophilie, de zoophilie… Dans le même ordre d’idée, il aborde également la fausse réputation des geishas. La geisha allie le summum du raffinement (coiffure, maquillage), de l’élégance (kimono et sandales surélevées), et de la culture, c’est une véritable artiste. Dès l’âge de treize ans, la novice apprend l’art de la conversation, de la musique, de la danse et du maintien. Elle cultive le mystère et l’érotisme, laisse deviner ses sentiments même si elle ne les éprouve pas. Méticuleusement drapée, la geisha ne laisse entrevoir qu’une partie de sa nuque, ce délicat triangle fardé de blanc, à l’arrière du cou, qui attire tous les regards. La séduction commence là, à la manière qu’a une femme d’entrouvrir le col de son kimono. Mais rares sont celles qui s’adonnent à la prostitution, synonyme de déshonneur et de perte du titre de geisha.



Du fait de la composition de l’ouvrage, la narration visuelle se trouve encore plus soumise au texte que dans le tome un, usant de mise en situation pour incarner l’exposé, et pour apporter des touches humoristiques. L’artiste met à profit les possibilités comiques de la bande dessinée : exagération des expressions des visages pour un effet comique de comédie, jeu sur la taille des attributs sexuels pour jouer sur l’ironie, mise en situation de l’acte sexuel avec réaction décalée pour générer une prise de recul du lecteur, utilisation élégante d’anachronismes pour établir un rapport de comparaison avec l’époque contemporaine, mise à profit de la licence artistique pour créer des objets ou des parures mirifiques (avec une mention spéciale pour le cheval d’un Amérindien appartenant à une des tribus des plaines). Progressivement, le lecteur prend également conscience que les dessins assurent une fonction descriptive très consistante, et pas seulement de rapides esquisses de clichés visuels prêts à l’emploi. L’artiste aménage la densité de ce qu’elle représente en fonction du texte, dans un mouvement de vases communicants, beaucoup de texte et un dessin épuré, peu de texte et un dessin avec de nombreux détails. Ainsi, le lecteur peut voyager dans chacune des régions ou dans les payas évoqués, grâce à l’investissement important pour représenter les décors d’époque et les costumes correspondants également à cette époque. Lors du chapitre consacré au Japon, elle prend visiblement plaisir à imiter les caractéristiques visuelles des estampes dans la manière de dessiner les êtres humains.



Le lecteur constate rapidement que ce second tome comprend régulièrement des représentations d’amour physique plus explicites que dans le premier, en particulier avec de nombreux phallus dressés, et quelques gros plans de pénétrations, là aussi en cohérence avec l’époque évoquée, ce qui ne concerne pas seulement lesdites estampes. À chaque fois, ce choix de montrer se trouve en cohérence avec l’exposé, ne serait-ce que pour le Kamasutra, mais aussi le Manuel de la chambre à coucher en Chine, L’oreiller de Yoshiwara (un guide des quarante-huit positions japonaises de l’amour, avec un très beau rendu en silhouettes), ou encore cette légende des îles Trobirand (en Mélanésie) qui veut qu’à l’origine les humains avaient un sexe si long que, allongé dans son lit, un homme pouvait pénétrer une femme à plus de cent mètres. De chapitre en chapitre, de nombreuses pratiques diverses et variées sont passées en revue, et illustrées, souvent inattendues, l’introduction d’une cordelette (à l’aide d’une tige en ivoire) et ressortie comme un écouvillon dans le pénis du maharadja préparé pour son mariage, à la lutte amoureuse la nuit des noces au Rwanda.



Dans un premier temps le lecteur éprouve un peu une sensation de catalogue du fait de l’ampleur de chaque région ou pays couvert en un seul chapitre, entre recueil d’anecdotes rapides, faits culturels structurants, éléments historiques majeurs. Puis, il se produit le même effet que dans le tome un : la somme des parties dessine progressivement un tout, une approche holistique morcelée à travers ces différentes régions du globe. Il apparaît également des points de comparaison. Le plus flagrant se trouve dans l’origine du monde et des êtres humains : avec le dieu-soleil Surya en Inde, Mumbere l’ancêtre fondateur (fils de l’orgasme) en Afrique, l’œuf cosmique et le géant Pangu en Chine, Izanagi-no-Mikoto & Izanami-no-Mikoto au Japon, le volcan, les deux sœurs et les jeunes filles vierge aux îles Trobriand. En considérant la narration visuelle de chacun de ces mythes, le lecteur se rend compte qu’elle combine une approche respectueuse du texte, avec un humour bon enfant, dépourvu de raillerie ou de moquerie, dans un équilibre sophistiqué. De mythe en mythe, le texte met en évidence les invariants, souvent la domination masculine, et les exceptions, comme la famille matrilinéaire ou les femmes comme premières créatures humaines dans les îles Trobriand.



Au cours de ce tome, le lecteur passe par plusieurs phases. Tout d’abord le plaisir de retrouver la verve de la narration visuelle : agréable à l’œil, savamment dosée par rapport au texte, conçue en phase avec l’exposé, réussissant à le complémenter, donnant à voir sa dimension humaine, grâce à des personnages vivants, de l’humour visuel, et quelques anachronismes révélateurs. Dans le même temps, il se réjouit de pouvoir comparer le développement de la sexualité française, avec celle d’autres régions du monde. Puis il se dit que la pagination de chaque chapitre est trop faible pour pouvoir rendre compte d’un sujet d’une telle ampleur, même si chaque chapitre s’avère très riche. Progressivement, il fait l’expérience de la complémentarité des chapitres entre eux, aboutissant à cet effet de prise de recul par rapport à la France, chaque facette contribuant à construire une vision très complète sur le sujet à partir de tous ces points de vue. Édifiant et fascinant.
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L'incroyable histoire du sexe, tome 1 : en ..

Le nouement de l’aiguillette

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Ce tome est le premier d’un diptyque : Une histoire du sexe (2017), suivi par L'incroyable histoire du sexe, tome 2 : De l'Afrique à l'Asie (2020). Son édition en L'incroyable histoire du sexe - Intégrale date de 2022. Il a été réalisé par Philippe Brenot (psychiatre, anthropologue, thérapeute de couple) pour le scénario, par Laetitia Coryn (bédéiste) pour les dessins. Les dialogues ont été coécrits par les deux. La mise en couleur a été réalisée par Isabelle Lebeau. La première partie compte cent quatre-vingt-deux pages de bande dessinée, et la seconde cent-cinquante-six pages.



Origines - L’histoire de la sexualité humaine commence il y a très longtemps dans les forêts de l’Afrique de l’Est, cette région qui a donné naissance aux humains, et où vivent encore aujourd’hui ses cousins, les chimpanzés. Il y a deux millions d’années, un petit groupe d’hominidés s’aventurent hors de la forêt de ses ancêtres pour amorcer la grande aventure humaine. Ils s’installent près des points d’eau, notamment au Tchad et dans la vallée du Rift qui balafre l’est africain du nord au sud, aujourd’hui de l’Éthiopie au Zimbabwe. Ces hominidés ressemblent déjà beaucoup à l’être humain. Leur silhouette commence à se redresser et, signe de modernité, ils marchent sur leurs deux pieds. Et tout cela en à peine quelques millions d’années. De plus petite taille que nous, ils ont encore des attributs qui rappellent l’origine : leur pilosité est toujours présente, sauf sur la face où apparaissent des traits que l’on qualifierait aujourd’hui d’humains. Quatre grandes innovations vont signer le passage à la sexualité des humains. Un : la disparition de l’œstrus, désormais on peut faire l’amour toute l’année. Deux : la disparition de l’os pénien, désormais l’homme peut bander sans tuteur, plus besoin d’os, son pénis est plus grand, plus gros, plus fort, plus solide. Trois : l’invention du sentiment amoureux qui deviendra la grande préoccupation de l’humanité. Quatre, mais en négatif : la domination masculine et l‘asservissement des femelles marqueront profondément l’humanité jusqu’à la période contemporaine.



Babylone, l’amour libre - Isthar est le prototype de la déesse de l’Amour. Aphrodite en Grèce et Vénus à Rome en seront la continuité. Ishtar avait de très nombreux et beaux amants qui ne pouvaient résister à ses charmes. Elle avait tous les hommes qu’elle voulait… sauf un : Gilgamesh, roi d’Uruk dont tout le monde vantait les exploits. Mais quand elle le supplia de devenir son amant, Gilgamesh la repoussa avec dédain. Il faut dire qu’Ishtar avait transformé un de ses prétendants en grenouille après qu’il lui eut touché le sexe. Furieuse d’être éconduite, Ishtar supplia Aru, le dieu du Ciel, de créer un animal invincible, le taureau céleste, qu’elle envoya à Uruk. Gilgamesh le prit par les cornes et, avec un couteau, les lui enleva, tandis que son ami Enkidu le prit par la queue et lui arracha le sexe. Les deux amis se lavèrent les mains dans l’Euphrate et furent acclamés par le peuple. Ishtar, la Dame du ciel, voulait aussi devenir la maîtresse des Enfers. Elle pénétra dans ce lieu où régnait Ereshkigal, sa sœur et son ennemie jurée. Elle passa ainsi sept portes et perdit, à chacune d’elles, un attribut. Elle se retrouva donc nue devant Ereshkigal qui, avec les sept juges des Enfers, la condamna à mort. La disparition d’Ishtar, déesse de la Fécondité et de l’Amour, provoqua sur Terre un cataclysme, un arrêt de la vie et de la reproduction. Ce qui effraya les dieux, qui la ramenèrent à la vie. C’est ainsi que le retour d’Ishtar est fêté chaque année au printemps par le mariage-accouplement du dieu Enki et de la déesse Ishtar et, par procuration, du roi et d’une prêtresse.



Le mot Sexe recelant plusieurs significations, le texte de la quatrième de couverture permet de se faire une idée plus précise du sujet de l’ouvrage : l’histoire de la sexualité à travers les âges. Il comprend douze chapitres intitulés : Origines - Babylone, l’amour libre - Égypte, l’égalitaire - Grèce, le panthéon de l’amour - Rome, grandeur et décadence - Moyen âge, Enfer et Paradis - Renaissance, le peintre et son modèle - M la maudite - Les lumières, répression et libertinage - XIXe siècle, culs serrés et prostitution - XXe siècle, libération sexuelle ? - XXIe siècle, sexavenir. En outre, le titre de l’ouvrage précise que les auteurs se focalisent sur l’Occident. Les auteurs débutent avec l’avènement de l’homo sapiens, et ses quatre grandes innovations qui vont signer le passage à la sexualité des humains : la disparition de, la disparition de l’os pénien, l’invention du sentiment amoureux, la domination masculine et l‘asservissement des femelles. L’exposé suit le développement culturel de l’Occident en passant successivement par les civilisations babylonienne, égyptienne, grecque et romaine. Cela permet au lecteur de les voir sous l’aspect des relations sexuelles entre citoyens, avec des idéaux incarnés par les panthéons de divinités aux comportements et donc aux injonctions parfois contradictoires entre eux, et la mise en avant du savoir des médecins égyptiens qui était très avancé en matière de gynécologie et de tout ce qui a trait à la fécondité, induisant une libération partielle des femmes, et une société plus libre.



Les auteurs présentent donc l’histoire de la sexualité à travers les âges en se focalisant sur la France. Au fil des chapitres, le lecteur constate que la lecture s’avère facile et agréable, preuve d’un travail de conception développé et sophistiqué, évitant les impressions de gavage d’informations, ou de ton encyclopédique impersonnel. Il suffit d’examiner n’importe lequel des douze chapitres pour se faire une idée de la diversité des points de vue adoptés, en relation avec le sujet de la sexualité. Par exemple, le chapitre sept est consacré à la Renaissance, avec le sous-titre de Le peintre et son modèle, et il se compose de plusieurs sous-chapitres d’une ou deux pages. Les dames galantes : il évoque un texte de Brantôme (Pierre de Bourdeilles, vers 1537–1614) qui parlent de certaines femmes de la noblesse qui ne supportaient pas la domination masculine. Adultère et mariage d’amour : comment ces derniers changent la relation entre compagnons masculins, l’épouse devenant une compagne. C’est également l’occasion de relater un rite populaire punissant l’adultère : la course, les deux condamnés, la femme et son amant, devant courir nus à travers le village (variante croustillante : dans certaines régions, la femme tire son partenaire par une corde attachée aux parties génitales). Révolution artistique : Les artistes rivalisent de talent pour mettre en valeur les appâts féminins. La nudité devient source d’inspiration pour Botticelli, Cranach, Raphaël, Rubens… Les Henri mignons et vert-galant : Henri III et ses mignons, Henri IV et ses frasques sexuelles. Léonard, Michel-Ange et le sexe : des relations homosexuelles, Salaï et Francesco Melzi pour l’un, Tommaso del Cavalieri pour l’autre. Le préservatif : une invention de l’anatomiste italien Gabriel Fallope (1523-1562), celui qui a donné son nom aux trompes. Les tribunaux de l’impuissance : une femme pouvait accuser son époux d’impuissance, ce qui lui permettait d’annuler un mariage arrangé peu enthousiasmant. Répression : le pape met en place la censure, chaque livre devant être soumis à l’autorisation de l’archevêché, et en 1599, un jésuite espagnol, le père Tomás Sánchez publie ses questions sur le saint sacrement du mariage, ouvrage monumental qui décrit, classe, répertorie, discute tout ce qui est possible en matière de luxure entre hommes et femmes (ce qui en fait un véritable catalogue pornographique).



Alors bien sûr, la narration visuelle vient aérer l’exposé, intègre des éléments humoristiques et prend en charge les descriptions, les mises en scène. Le tout rend l’ouvrage beaucoup plus vivant. L’artiste réalise des dessins dans un registre réaliste et descriptif, un peu simplifié, avec des exagérations comiques quand le moment ou la séquence s’y prête. En cela, elle se montre parfaitement en phase avec le texte qui ménage ses respirations humoristiques, attestant d’une coordination étudiée entre scénariste et dessinatrice. Laetitia Coryn donne à voir chaque époque, avec des éléments concrets qui vont au-delà de décors prêts à l’emploi, intégrant des éléments spécifiques pour chaque époque, et pas uniquement ceux tombant sous le sens. Ainsi, le lecteur peut aussi bien avoir un aperçu général de Babylone, que des Égyptiens en train de dresser un obélisque, Héloïse et Abélard en train de s’écrire, une femme se livrer au nouement de l’aiguillette, le marquis de Sade emprisonné, ou encore le pape rager contre la commercialisation des premières pilules contraceptives. Elle humanise ainsi les propos tenus, faisant apparaître les différentes formes d’oppression et de répression systémiques, sans oublier les rapports sexuels et le plaisir afférent. Elle représente la nudité sans fausse pudeur, sans verser non plus dans des représentations pornographiques, ni gros plan, ni performance physique. Les auteurs utilisent des anachronismes avec une malice certaine et un à-propos pénétrant, en particulier pour mettre en lumière le décalage entre une pratique ou une loi, et la liberté de l’individu dans la société occidentale contemporaine.



Au fil des chapitres, le lecteur prend conscience qu’ils ne sont pas tous conçus et construits de la même manière. Par exemple, parfois, l’exposé va effectuer le comparatif du comportement des gens du peuple avec celui des nobles (ces derniers ne s’embarrassant pas de respecter la loi). En corollaire, cela permet des points de vue très diversifiés car chaque chapitre contient un ou deux angles de vue inédits dans les autres : différents contextes historique, culturel, sociologique, scientifique, religieux, de classe, et même relatif à l’évolution de la conception du sentiment amoureux. Au final cela constitue un tout qui donne une vision holistique du sujet. Le lecteur relève également que les auteurs ne restent pas neutres : il est question de patriarcat et de répression, de cantonner la femme dans un rôle restrictif, de la liberté sexuelle des hommes, et de celles de puissants, de revendications des femmes pour aller vers une égalité. Ces remarques découlent de manière organique d’un principe naturel qui est celui du plaisir sexuel, du plaisir féminin placé sur un plan d’égalité avec celui masculin, et de l’évolution de la société traditionnelle à la une société moderne avec l’apparition apparaît du sujet décidant de sa trajectoire de vie, indépendamment de la famille et du groupe. Le changement est radical, une révolution.



Le lecteur ressort de ce premier tome en ayant bénéficié d’un voyage généreux et édifiant, un historique sur les relations sexuelles dans la société au fil des siècles, abordant le sujet sous de nombreux angles, aussi bien par un savoir construit que par des anecdotes. La narration visuelle met le lecteur en situation, que ce soit par la description de l’époque et de son environnement, ou par les réactions des individus, humanisant les propos au travers d’individus, avec des remarques et des mises en scène parfois humoristiques, conçues conjointement par le scénariste et l’artiste. Une impressionnante réussite.
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