Quatuor Bandini
Série de 4 livres (Terminée). Écrite par
John Fante (4),
Roman autobiographe "Demande à la poussière" nous fait vivre les débuts littéraires, les débuts amoureux du jeune Arturo Bandini / John Fante.
Dans l'Amérique des années 30, trouver sa place n'est pas chose facile. Sortir de la pauvreté, faire reconnaitre son talent, en vivre, tomber amoureux de la - mauvaise - femme sont le quotidien du héros.
On sent la poussière, l'odeur des chambres miteuses, l'alcool, la drogue, l'espoir, le désespoir, l'errance.
A la fois témoignage et roman d'apprentissage, "Demande à la poussière" me donnera envie de lire à nouveau John Fante.
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J'avais découvert l'auteur avec Mon chien stupide, j'avais été enchanté de cette première rencontre.
J'ai donc mis de côté d'autres ouvrages de Fante, et je me suis lancé dans ce tome, au titre énigmatique.
J'ai adoré le style, l'écriture est incisive, un régal.
Petit bémol pour le côté je veux / je veux pas du personnage, et cette recherche de la complexité, à certains moments le côté torturé du bulbe m'a un brin lassé...
Cela ne freine en rien mon envie de poursuivre la lecture des autres livres de John Fante
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Lu l'année dernière. Je découvrais enfin l'univers John Fante. Un roman que j'avais avalé quasiment d'une traite, grâce à son rythme soutenu et une certaine fulgurance dans le style.
Arturo Bandini, l' "anti-héros" de l'auteur, aurait donné à Henry Charles Bukowski l'envie de devenir écrivain. Ce récit nous plonger au coeur des passions humaines, intimes et universelles, de ses multiples contradictions, de leur cruauté et leur crudité (sans que le verbe ne soit jamais vulgaire chez John Fante). Bref, une urgence de vivre, malgré la désespérance et les bonheurs fugaces, malgré le racisme ordinaire et les amours contrariés...
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Un instantané du Los Angeles des années 30 : chaleur étouffante, hôtels délabrés, cafés bon marché. Arturo Bandini, fils d'immigrés italien, se rêve écrivain célèbre et fougueux casanova ; dans la réalité, il est incapable de répondre aux avances des femmes, et personne n'a très envie de lire la seule nouvelle qu'il est parvenu à faire publier.
Les choses vont changer, cependant, notamment par le biais de sa rencontre avec Camilla, une fascinante serveuse d'origine mexicaine. Ce personnage féminin est, incontestablement, une des grandes richesses de ce roman qui en compte de nombreuses : envoûtante, terriblement vivante, Camilla fascine autant le lecteur qu'elle obsède Arturo. De la même façon, la chaleur de la ville imprègne le récit, s'impose implacablement, au même titre que la misère, que l'hôtel poussiéreux, que les nuits humides où errent des prostituées trop maquillées, trop jeunes, à peine extirpées de leur campagne natale.
Une fascinante œuvre littéraire, au style terriblement moderne.
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"Bandini" de John Fante est un uppercut littéraire, un récit sans fioritures qui plonge dans la vie crue et souvent désespérée d'Arturo Bandini, avatar de Fante lui-même, dans une ville enneigée où le rêve américain semble être une blague de mauvais goût. Entre un père qui a baissé les bras et une mère dont la foi semble aussi inébranlable que déconnectée de leur réalité amère, Bandini attend un printemps symbolique, porteur de changements et d'espoir.
Le livre décape le vernis du mythe américain, montrant une famille et une communauté accrochées à des promesses qui ne se concrétiseront probablement jamais. Fante, avec une prose tranchante, dévoile les absurdités d'une société où la lutte pour l'accomplissement personnel devient un spectacle à la fois tragique et comique.
Ce qui rend "Bandini" particulièrement percutant, c'est l'honnêteté brutale de Fante. Il n'y a pas de place pour l'autocomplaisance ici. Fante transforme le quotidien en art, mettant en lumière la beauté et la tragédie de l'existence sans jamais tomber dans le pathos. Chaque phrase porte un coup, chaque mot compte, démontrant la maîtrise de Fante du langage comme outil de dissection sociale.
En bref, "Bandini" n'est pas juste une histoire de survie dans une Amérique qui semble avoir oublié comment rêver ; c'est une étude de caractère impitoyable, une exploration de la complexité humaine. Fante ne se contente pas de raconter une histoire, il livre une critique sociale cinglante enveloppée dans une narration qui frappe fort et juste.
Avec cette œuvre, Fante prouve qu'il est non seulement un conteur hors pair mais aussi un observateur aigu de la condition humaine, faisant de "Bandini" un incontournable pour quiconque cherche dans la littérature une résonance avec les luttes, les espoirs et les désillusions de la vie réelle.
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Lecture de confinement recommandée par un mec hétéro dont c'était le livre préféré. Très misogyne, même raciste par moments. On dirait du Calaferte mais version cheap.
Je n'ai pas aimé grand-chose si ce n'est les descriptions de paysages et l'ambiance lourde qui étaient, il faut l'avouer, sacrément stylées. Le cadre spatio-temporel est assez fou aussi. D'un point de vue historique, c'est satisfaisant.
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Lecture ou relecture d'un livre que j'ai sans doute lu il y a longtemps mais dont je n'ai gardé aucun souvenir. Mais comment un tel livre n'a t-il pu laisser aucune trace dans ma mémoire ? Un moment d'égarement...
Arturo Bandini, jeune écrivain d'une vingtaine d'années, fils d'émigrés italiens installés au Colorado, vient d'échouer, à la fin des années trente, après la grande dépression, dans un hôtel sordide de Bunker Hill, quartier du centre ville de Los Angeles. Il a publié une de ses nouvelles dans un magazine et se nourrit d'un stock d'oranges acheté avec son maigre pécule.
Désoeuvré, en panne d'inspiration, il déambule dans la ville, côtoie les laissés-pour-compte du rêve américain, oscillant, entre des moments d'exaltation liée à l'assurance qu'il a de devenir un grand écrivain et de réussir sa vie, et des phases de découragement, de lassitude et de colère, teintées de spiritualité. Il rêve sa vie et ment à sa mère à qui il envoie quelques dollars.
Crève-la-faim, englué dans une misère noire, il vient s'offrir un infect café au lait avec ses derniers cents et tombe raide dingue de Camilla, la serveuse mexicaine. On ne peut pas vraiment parler d'amour entre ces deux êtres.
C'est plutôt une histoire incandescente d'attirance, de répulsion et de possession. Obsédé par les mauvaises chaussures à lacets de la fille, il fantasme sur son physique mais ne parvient pas à aller au bout de son désir. Elle en aime un autre et s'enfonce tragiquement dans le désespoir.
Arturo rencontre une autre femme, qui lui inspirera un livre, mais qui est encore plus tordue et mal en point que Camilla.
Il ne se passe donc pas grand chose dans ce livre, et pourtant un souffle le traverse de part en part. John Fante raconte des petits évènements avec un ton sec, détaché, ironique. Le style est direct, à l'os, sans fioritures, sans une once de gras. Celui qui deviendra plus tard scénariste sur les plateaux de Hollywood, compose des scènes visuelles, picturales, quasi hallucinatoires pour certaines, comme celle du tremblement de terre. Les images se détachent, prennent vie sur le papier, la silhouette de Camilla se dévoilant dans toute sa crudité.
Que penser des deux personnages féminins, plus déglingués l'un que l'autre, et de la violence contenue d'Arturo à leur endroit ? Etait-ce le sort des femmes à cette époque ?
Méconnu aux Etats-Unis, John Fante a néanmoins inspiré les écrivains de la Beat Generation, et plus tard Charles Bukowski.
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