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PrettyYoungCat : dans la bibliothèque d’une lectrice de littérature féministe
A la rencontre des membres de Babelio

 

Article publié le 22/03/2024 par Nathanaëlle Leclaire 

 

Nous donnons régulièrement la parole aux membres du site pour qu'ils nous partagent leurs coups de cœur et nous dévoilent leur bibliothèque. Ce mois-ci, nous avons demandé à PrettyYoungCat, grande adepte de lectures féministes, inscrite sur Babelio depuis 2017, de nous faire découvrir sa bibliothèque et ses habitudes de lecture. 

 

   

Rencontre avec PrettyYoungCat, inscrite sur Babelio
depuis le 15 mars 2017

 

 

Comment êtes-vous arrivé sur Babelio ?

J’en avais un peu entendu parler… j’étais sur un forum sur les animaux (car je les adore) et des posts hors-sujet étaient tolérés. Je me souviens en avoir créé un « Le coin lecture »… Finalement, après quelques années, j’ai quitté ce forum car on y rencontrait pas mal d’agressivité (comme sur beaucoup de réseaux sociaux). Je souhaitais retrouver un site où échanger, et aimant la lecture, j’ai pensé à Babelio. J’y suis restée car j’y ai rencontré des gens respectueux et intéressants de par le partage de lectures et d’avis.

 

 

Quel est le plus beau livre que vous ayez découvert sur le site ?

 

Question difficile car j’ai fait des découvertes merveilleuses, émouvantes, des lectures qui sont parfois de vraies rencontres avec soi-même. C’est un grand classique, mais sans doute ne m’y serais-je pas attardée sans Babelio : il s’agit du chef-d’œuvre de John Steinbeck, Les Raisins de la colère. C’est une histoire qui se situe dans les années 1930 en Californie, après le krach boursier de 1929, encore pourtant très actuelle : celle de gens qui tombent dans la misère et qui luttent avec acharnement pour s’en sortir. Man est une femme forte et attachante, ce qui en fait un personnage particulièrement marquant… tout comme la fin du livre, inoubliable.

 

Quand avez-vous commencé à vous intéresser à la littérature féministe et pourquoi ?

 

L’injustice de manière générale me touche et me heurte beaucoup. La domination et l’oppression, voire la persécution parce que l’on nait noir, juif, femme, m’est intolérable. Je lis beaucoup sur la ségrégation, le racisme, l’esclavage, la Seconde Guerre mondiale (Shoah) pour cette raison. Les femmes ont acquis des droits (ou plutôt en ont acquis/perdu/et ainsi de suite tout au long de l’Histoire comme nous l’apprend très justement Titiou Lecoq dans Les grandes oubliées, pourquoi l’Histoire a effacé les femmes) dans certaines parties du monde. Moi, en tant que femme blanche européenne, je pourrais me considérer comme privilégiée. Et c’est tout à fait vrai au regard de nombreuses femmes sur cette planète qui subissent très durement la domination masculine. Mais, comme le souligne Louise Aubery dans  Miroir, miroir dis-moi ce que je vaux vraiment, « si nous avons atteint une quasi égalité de droits, nous n’avons pas encore atteint une égalité de libertés ». Mon histoire personnelle, mon éducation, m’ont sensibilisée à ces questions et m’ont donné envie de lire sur le sujet. Que ce soit sous la forme de témoignages, ou encore d’essais.

Je voudrais préciser quelque chose de très important : le féminisme – tel que je le conçois – n’est pas une lutte contre les hommes, n’est pas une volonté de les écraser en « renversant le pouvoir ». Le féminisme ne doit pas être non plus – selon moi – un nouveau diktat fait aux femmes avec des injonctions sur ce qu’elles peuvent faire ou non pour être de « bonnes féministes ». Pour moi, le féminisme, c’est vouloir que les femmes se sentent libres d’être comme elles sont suivant leurs propres choix conscients sans craindre la désapprobation. Libres de pouvoir circuler dans l’espace public sans craindre pour leur sécurité – et ce, quelle que soit la tenue qu’elles aient choisi de porter où l’heure qu’il est. Libres de ne pas se voir imposer quoi que ce soit de l’ordre de l’objectification… Le plus triste vis-à-vis du féminisme, c’est quand les femmes s’en défendent comme d’une injure… ce qu’on appelle la misogynie intégrée.

 

 

Quels sont pour vous les auteurs et les autrices phares autour de cette thématique, que ce soit en non-fiction ou en fiction ?

 
Un témoignage qui a fait l’effet d’une déflagration chez moi c’est Le Consentement de Vanessa Springora. C’est révoltant et bouleversant et ça permet de comprendre le phénomène d’emprise. Ce genre de témoignage permet aussi de comprendre qu’une victime peut être dans le déni de sa victimisation pendant très longtemps. Toutes les lectures qui permettent de comprendre ce que subit une victime de violences sexuelles - comme l’amnésie traumatique, le phénomène de sidération qui l’empêche de lutter/résister et d’autres concepts de ce type - permettraient peut-être qu’on cesse d’entendre des remises en cause de la parole des femmes par ignorance de ces processus. 

Parmi les essais que j’ai pu lire, celui de Louise Aubery cité plus haut est intéressant à bien des égards, mais citons aussi Amanda Castillo avec Et si les femmes avaient le droit de vieillir comme les hommes, Mona Chollet pour Sorcières et Réinventer l’amour. Mais un petit livre pour approcher le féminisme et qui est l’un de mes premiers est celui d’un collectif d’autrices : Survivre au sexisme ordinaire.

 

 
Avez-vous une librairie de prédilection pour vos trouvailles en littérature féministe ?

 

Non, j’ai plusieurs points de chute question librairie. Je ne commande pas par internet… j’aime chiner, partir à la recherche de livres que j’avais pointés sur Babelio ou faire des découvertes, comme récemment Le Corps des femmes : La Bataille de l'intime par Camille Froidevaux-Metterie.

 

 

 

Pouvez-vous nous parler de votre bibliothèque (organisation, genres, apparence visuelle…) ?

 

J’ai quatre meubles bibliothèque, cinq rangées toutes bien remplies. Mes livres sont entreposés dans l’ambiance cosy et feutrée de ma chambre. L’objet livre est presque une décoration à part entière… j’aime ce que cela dégage. Le livre, c’est un peu un synonyme de liberté. C’est l’évasion par la fiction, mais aussi la liberté par le savoir, la réflexion. Mes livres sont plus ou moins classés par genres : « animaux », « féminisme », « ségrégation », « Seconde Guerre mondiale », « Histoire », « essais », « biographies »… et lorsque j’ai plusieurs livres d’un même auteur, je les regroupe.

 

 

Quel est le livre auquel vous tenez le plus, et pourquoi ?


J’en ai beaucoup auxquels je tiens. Frida Kahlo par Hayden Herrera en fait partie. Parce que c’est une icône pour moi. Elle résonne en moi par toute sa force de caractère et son extrême vulnérabilité. Dans le même registre, il y a Confession inachevée, livre écrit par Marilyn Monroe. Derrière cette femme-objet créée par Hollywood se cache une icône féministe que beaucoup ignorent, une femme sensible et intelligente.

 

 
Pourquoi lisez-vous ?

 
Je lis pour entrer dans un autre monde, m’évader du mien. Je lis pour être touchée, bouleversée, remuée. Je lis pour savoir, comprendre, réfléchir. C’est merveilleux quand un livre arrive à vous faire vivre cela.

 

 

Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?


« Pour ceux qui se sentent condamnés à vivre, les livres sont comme des remises de peine » dans Marilyn, les amours de sa vie par Michel Schneider.

 

 

Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

 

Je vous écris dans le noir de Jean-Luc Seigle. Un roman basé sur une histoire vraie, celle de Pauline Dubuisson… Un livre terrible et fort.

 

 

Quel livre offrir pour une première rencontre ?

 

J’offrirais ce que j’appelle un livre doudou, c’est-à-dire un livre qui fait du bien, un livre avec de la profondeur, de l’humour, des personnages attachants. Et pour cela, Les Suprêmes de Edouard Kelsey Moore est parfait ! Vous ne pourrez qu’adorer Odette et ses amies.

 

 

Quelle sera votre prochaine lecture ? Comment l’avez-vous choisie ?

 

Il y a actuellement 85 livres qui m’attendent dans ma bibliothèque. Généralement, c’est l’envie du moment qui guide mon choix, en fonction du sujet, parfois de l’auteur.ice que je découvre (récemment, j’ai enchaîné beaucoup d’ouvrages de Annie Ernaux), mais aussi suivant l’énergie qu’un livre va me demander.

 

Lire est fantastique mais réclame une vraie attention pour s’y abandonner complètement. Les soucis du quotidien et la fatigue peuvent constituer des freins. Mieux vaut alors se tourner vers quelque chose dans lequel on embarque sans difficulté. Le prochain sera sans doute La Colère de S.A. Cosby.  

  


Merci à PrettyYoungCat pour ses réponses ! Retrouvez tous nos entretiens ici
 
 
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