Ervé

De là où j'écris, le ciel est d'un timide bleu d'automne coquin avec de piètres nuages.

Elle baigne dans la misère en journée et vient clapoter en une autre en soirée.

Le dortoir n'était que souffles et ronronnements, ronflements d'enfant.

J'étais sans sommeil.

A croire qu'en ces lieux tous les ânes naissent vieux.

Je laisse les mots courir pour moi. N'être que le scribe extérieur de mon existence merdique, comme si je me regardais de loin.

D'aucuns pensent que vivre à la rue est une forme de liberté. Liberté d'y crever surtout. Aucune projection, une routine assommante souvent, la violence ambiante avec d'autres compagnons d'infortune, le mépris du quidam, le tout enveloppé d'une infinie tristesse et de beaucoup de regrets.

Aucune odeur paternelle. Et aucun souvenir de tendresse féminine. Comment se construire donc sur le néant ?